FABLE VII. LA SOURIS METAMORPHOSÉE EN FILLE. Une souris tomba du bec d'un chat-huant: Mais un bramin le fit je le crois aisément; La souris étoit fort froissée. Nous nous soucions peu; mais le peuple bramin Que notre âme, au sortir d'un roi, Entre dans un ciron, ou dans telle autre bête Sur un tel fondement, le bramin crut bien faire De prier un sorcier qu'il logeât la souris Dans un corps qu'elle eût eu pour hôte au temps jadis. De l'âge de quinze ans, et telle et si gentille Vous n'avez qu'à choisir; car chacun est jaloux 1. C'est-à-dire plus encore que Pâris ne fit pour Hélène. De l'honneur d'être votre époux. Ma voix au plus puissant de tous. C'est toi qui seras notre gendre. Non, dit-il, ce nuage épais Est plus puissant que moi, puisqu'il cache mes traits; Je vous conseille de le prendre. Hé bien dit le bramin au nuage volant, Es-tu né pour ma fille? Hélas! non; car le vent O vent, donc, puisque vent y a, Il accouroit; un mont en chemin l'arrêta. Il le renvoie, et dit : J'aurois une querelle Ce seroit être fou, lui qui peut me percer. On tient toujours du lieu dont on vient. Cette fable 1. La balle. On nomme éteuf la balle du jeu de longue paume. 2. Damoiselle, féminin de Damoiseau, comme à la page 184 du tome jer. Damoiselle belette au corps long et fluet... Quelque peu de sophisme entre parmi ses traits : Car quel époux n'est point au Soleil préférable En s'y prenant ainsi? Dirai-je qu'un géant Est moins fort qu'une puce? Elle le mord pourtant. Le rat devoit aussi renvoyer, pour bien faire, La belle au chat, le chat au chien, Le chien au loup. Par le moyen Pilpay jusqu'au Soleil eût enfin remonté; Que l'homme, la souris, le ver, enfin chacun Toutes sont donc de même trempe; Mais, agissant diversement. Selon l'organe seulement, L'une s'élève, et l'autre rampe. D'où vient donc que ce corps si bien organisé De s'unir au Soleil? Un rat eut sa tendresse. Tout débattu, tout bien pesé, Les âmes des souris et les âmes des belles Il en faut revenir toujours à son destin, Parlez au diable, employez la magie, FABLE VIII. LE FOU QUI VEND LA SAGESSE. Jamais auprès des fous ne te mets à portée : A celui-là de fuir une tête éventée. On en voit souvent dans les cours : Le prince y prend plaisir; car ils donnent toujours Quelque trait aux fripons, aux sots, aux ridicules. Un fol alloit criant par tous les carrefours Puis on avoit pour son argent, Avec un bon soufflet, un fil long de deux brasses. La plupart s'en fâchoient; mais que leur servoit-il? C'étoient les plus moqués : le mieux étoit de rire, Ou de s'en aller sans rien dire Avec son soufflet et son fil. De chercher du sens à la chose, On se fût fait siffler ainsi qu'un ignorant. De ce que fait un fou? le hasard est la cause |