A LA MÉMOIRE DES Киси 10 OFFICIERS & SOLDATS FRANÇAIS MORTS AUX DEUX COMBATS DE LA FOURCHE DANS LES JOURNÉES Du 21 Novembre 1870 et du 6 Janvier 1871 DISCOURS PRONONCÉ EN L'ÉGLISE DE CONDÉ-SUR-HUISNE PAR M. L'ABBÉ L.-V. DUMAINE CHANOINE - ARCHIPRÊTRE DE LA CATHÉDRALE DE SÉES Délégué de Mgr l'Évêque A LA CÉRÉMONIE D'EXHUMATION Le 25 Février 1896 NOGENT-LE-ROTROU, IMPRIMERIE E. LECOMTE 1896 LA FÊTE PATRIOTIQUE DE CONDE-SUR-HUISNE 25 Février 1896 Le Conseil municipal de Condé, répondant au désir de la population tout entière, avait décidé la translation, dans le nouveau cimetière, des restes de nos soldats inhumés dans l'ancien. Chacun fut d'avis de profiter de l'occasion pour organiser, en leur honneur, une manifestation patriotique. C'était prouver qu'au pays de France on n'est pas ingrat et qu'à Condé on sait honorer ceux qui ont trouvé la mort en défendant le sol. Ces touchantes manifestations, d'ailleurs, ont le secret de produire de salutaires impressions sur l'esprit des générations nouvellės; elles contribuent à réparer les ruines du passé, en préparant l'avenir. Enfin, n'était-ce pas le vingt-cinquième anniversaire de la mort glorieuse de nos braves!! Une grande solennité s'imposait, on aurait désiré la rémettre aux beaux jours; des considérations d'ordre purement administratif ont forcé à choisir une date plus rapprochée. La fête fut fixée au mardi 25 février 1896. Il restait peu de jours, on prit la résolution de bien les employer, et les préparatifs commencèrent. L'exhumation fut commencée le mercredi des Cendres, 19 février. Elle avait été confiée aux soins de M. Emile Fardouet, ancien combattant de Bapaume, d'Amiens, de Pont-Noyelles, de SaintQuentin, et prisonnier de guerre en Allemagne. Que de sérieuses réflexions ont dû s'imposer à son esprit, en rangeant un à un', dans les trois cercueils qui les contiendront désormais, les ossements de ses frères d'armes! Sauf, pour un ou deux cadavres, les chairs étaient entièrement consumées. Les habits, au contraire, ont résisté, jusqu'à ce jour, à la corruption du tombeau. Les chaussures sont demeurées presque intactes. Quant aux squelettes, ils s'étaient comme soudés à l'étoffe qui avait servi de linceul, il fallait faire de grands efforts pour les en détacher. On a cru reconnaître, à ses galons, le sergent Lunaud. Quatre petites médailles de la Sainte Vierge étaient passées autour de son cou, fort bien conservées ainsi que leur cordon. On a aussi retrouvé dans la poche d'une capote, un carnet, un porte-plume et un encrier encore plein d'encre. Le jeudi, les deux grands cercueils contenant les quarante-huit soldats tués au combat du 6 janvier 1871, furent scellés en présence de M. le Maire, et transportés immédiatement au nouveau cimetière. Les restes du capitaine Lefèvre et de ses 1. Les nombreux témoins de l'exhumation sont unanimes à féliciter M. Fardouet du soin scrupuleux et du respect religieux qu'il a apportés à l'exécution de son lugubre travail. |