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palité et de cette population de Condé; pour ceux qui viendront parfois saluer les restes qu'elles abritent elles prendront voix pour redire le mot des soldats de Léonidas: Passant, va dire à la France que nous sommes morts ici pour sa cause !

A tout cela il vous reste d'ajouter une chose encore, ce dernier tribut qu'implore toute àme passée d'un monde à l'autre. Les couronnes que décerne la main de l'homme sont fragiles, mais il en est une qui est impérissable, c'est celle qu'assure le juste Juge. Les dévouements pour la Patrie y donnent sans doute un droit spécial, mais nous ignorons pourtant dans quelle proportion ils entrent aux comptes de la justice divine. Voilà pourquoi c'est pour nous un devoir, à tant de mérites déjà, d'ajouter encore celui de nos supplications et de nos suffrages. Qui de nous ne voudrait contribuer, si besoin en est, à la rançon de ces chers et nobles captifs? On vit autrefois des monastères s'élever sur l'emplacement des champs de bataille, pour assurer la prière perpėtuelle à ceux qui y étaient tombés; ici, du moins, ne leur refusons pas un cri du cœur vers Dieu.

Mes Frères, on raconte qu'au soir de la bataille de Crécy, vaincu et fugitif, Philippe de Valois s'en

alla frapper à la porte d'un château en disant : Ouvrez, c'est la fortune de la France! »

Eh bien moi aussi j'aime à vous le dire : Ouvrez parfois vos âmes à ces souvenirs que je viens d'évo quer devant vous, car c'est la fortune de la France qui y fut en jeu; ouvrez bien aussi vos cœurs à l'espérance, car c'est pour la fortune de la France que ces jeunes héros sont morts; ouvrez enfin vos âmes à la pitié chrétienne, et donnez une prière à ceux qui sont tombés pour la fortune de la France.

Alors nous-mêmes nous pourrons dire à Dieu : Ouvrez, Seigneur, ouvrez bien grandes les portes de votre royaume, car se sont les enfants de la France. Leur sang versé a commencé d'acquitter la rançon due à votre justice, celui de votre Fils offert pour eux achève le paiement, ouvrez donc, et à ces nobles vaincus donnez les triomphes éternels.

AINSI SOIT-IL.

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PIÈCES JUSTIFICATIVES

Récit du lieutenant-colonel des Moutis, fait d'après le rapport officiel du commandant de Montaigu sur le premier combat de la Fourche.

Le 21, au matin, le commandant de Montaigu était à La Fourche avec trois bataillons seulement. Il y trouva une section de deux pièces de 12 et une autre de deux obusiers de montagne. Il prit alors les dispositions suivantes :

Le quatrième bataillon du Calvados (commandant de Petiville) fut placé à la droite de la route de Chartres, s'étendant sur trois lignes de tirailleurs jusqu'à la vallée d'Ozée; la première compagnie du premier bataillon de l'Orne fut chargée de défendre la barricade de Champrond; la deuxième, celle de la route de La Loupe. Les autres compagnies s'étendaient à gauche sur trois lignes de tirailleurs; la septième envoyait une demi-section au loin et encore plus à gauche pour surveiller Condé.

Le cinquième bataillon de la Sarthe (commandant Safflet) moitié en réserve derrière les maisons de la Fourche, l'autre moitié avec les francs-tireurs, dans les bois de Morissure, pour observer la vallée d'Ozée et le pont de la Poterie, les pièces de 12 en avant des barricades, seul champ de tir possible, les obusiers de

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