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a paru toute réjouie, lorsque je lui ai dit que j'avois raccommodé tout.

SCÈNE XIX.

ISIDORE, sous le voile de Zaïde; ADRASTE, DON PÈDRE.

DON PEDRE, à Adraste.

Puisque vous m'avez bien voulu abandonner votre ressentiment, trouvez bon qu'en ce lieu je vous fasse toucher dans la main l'un de l'autre, et que tous deux je vous conjure de vivre, pour l'amour de moi, dans une parfaite union.

ADRASTE.

Oui, je vous promets que, pour l'amour de m'en vais, avec elle, vivre le mieux du monde.

DON PÈDRE.

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Vous m'obligez sensiblement, et j'en garderai la mémoire.

ADRASTE.

Je vous donne ma parole, seigneur don Pèdre, qu'à votre considération, je m'en vais la traiter du mieux qu'il me sera possible.

DON PÈDRE.

C'est trop de grace que vous me faites. (Seul.) Il est bon de pacifier et d'adoucir toujours les choses. Holà! Isidore, venez.

SCÈNE XX.

ZAIDE, DON PÈDRE.

DON PÈDRE.

Comment! que veut dire cela?

ZAÏDE, sans voile.

Ce que cela veut dire? Qu'un jaloux est un monstre haï de tout le monde, et qu'il n'y a personne qui ne soit ravi de lui nuire, n'y eût-il point d'autre intérêt; que toutes les serrures et les verroux du monde ne retiennent point les personnes, et que c'est le cœur qu'il faut arrêter par la douceur et par la complaisance; qu'Isidore est entre les mains du cavalier qu'elle aime, et que vous êtes pris pour dupe.

DON PEDRE.

Don Pèdre souffrira cette injure mortelle! non, non, j'ai trop de cœur, et je vais demander l'appui de la justice pour pousser le perfide à bout. C'est ici le logis d'un sénateur. Holà!

SCÈNE XXI.

UN SENATEUR, DON PÈDRE.

LE SÉNATEUR.

Serviteur, seigneur don Pèdre. Que vous venez à propos!

DON PEDRE.

Je viens me plaindre à vous d'un affront qu'on m'a fait.

LE SÉNATEUR.

J'ai fait une mascarade, la plus belle du monde.

DON PÈDRE.

Un traître de François m'a joué une pièce...!
LE SÉNATEUR.

Vous n'avez, dans votre vie, jamais rien vu de si beau.
DON PÈDRE.

Il m'a enlevé une fille que j'avois affranchie.
LE SÉNATEUR.

Ce sont gens vêtus en Maures, qui dansent admirable

ment.

DON PEDRE.

Vous voyez si c'est une injure qui doit se souffrir.
LE SÉNATEUR.

Des habits merveilleux, et qui sont faits exprès.
DON PEDRE.

Je demande l'appui de la justice contre cette action.
LE SÉNATEUR.

Je veux que vous voyiez cela. On la va répéter pour en donner le divertissement au peuple.

DON PEDRE.

Comment! de quoi parlez-vous là?

LE SÉNATEUR.

Je parle de ma mascarade.

DON PEDRE.

Je vous parle de mon affaire.

LE SÉNATEUR.

Je ne veux point, aujourd'hui, d'autres affaires que de plaisir. Allons, messieurs, venez. Voyons si cela ira bien. DON PEDRE.

La peste soit du fou, avec sa mascarade!

LE SÉNATEUR.

Diantre soit le fâcheux, avec son affaire!

SCÈNE XXII.

UN SÉNATEUR, TROUPE DE DANSEURS.

ENTRÉE DE BALLET.

(Plusieurs danseurs, vêtus en Maures, dansent devant le sénateur, et finissent la comédie.)

FIN DU SICILIEN.

LES FÊTES

DE VERSAILLES.

Le roi, voulant donner aux reines et à toute sa cour le plaisir de quelques fêtes peu communes dans un lieu orné de tous les agréments qui peuvent faire admirer une maison de campagne, choisit Versailles, à quatre lieues de Paris. C'est un château qu'on peut nommer un palais enchanté, tant les ajustements de l'art ont bien secondé les soins que la nature a pris pour le rendre parfait. Il charme de toutes manières; tout y rit dehors et dedans; l'or et le marbre y disputent de beauté et d'éclat; et, quoiqu'il n'y ait pas cette grande étendue qui se remarque en quelques autres palais de sa majesté, toutes choses y sont si polies, si bien entendues et si bien achevées, que rien ne peut les égaler. Sa symétrie, la richesse de ses meubles, la beauté de ses promenades et le nombre infini de ses fleurs, comme de ses orangers, rendent les environs de ce lieu dignes de sa rareté singulière. La diversité des bêtes contenues dans les deux parcs et dans

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