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rivière dans les parties bordées des deux côtés par les domaines et mouvances du fief, et jusqu'au fil de l'eau seulement dans les parties où les domaines et mouvances ne sont situés que sur l'un des bords de cette rivière. Ils avaient toujours leur bourgeois et leurs serviteurs exempts de toutes exactions et coutumes, « si ce n'est en cas de marchandises. >>

L'office de sergenterie des plaids du prieuré de Mamers existait toujours avec ses profits, droits et émoluments; ses charges consistaient à bailler les ajournements des plaids, << tant vers cour que vers partie », à recevoir les amendes de ces plaids et à en rendre compte aux-dits religieux, à recevoir les offrandes en l'église Notre-Dame de Mamers (1), aux jours et fêtes de Noël, la Chandeleur, Pâques, l'Assomption, et la Toussaint, à « essemer » ou faire étalonner les mesures le jour de l'Assomption, à chevaucher en la compagnie des religieux et de leur bailly le jour de la foire de la mi-août, en un mot de « faire faire tout ce qui à office de sergent appartient ». Le titulaire de cet office, le seigneur de la Cour-du-Bois (2), pour s'indemniser de ses frais, prélevait, sur les plaids, ses dépens pour lui et pour ses records, deux deniers sur les offrandes à chacune des fêtes ou le prieuré avait des droits. Il prenait aussi chaque année le jour de la fête de la Pentecôte, une toison de laine et un agneau sur les dimes des laines et des agneaux de la paroisse.

La juridiction du prieuré de Mamers s'étendait sur les deux tiers de la ville de Mamers; l'autre tiers était partagé entre le roi et l'abbaye de Perseigne.

Le prieuré faisait tenir annuellement ses assises de fief par un sénéchal ou bailli. En 1448 le sénéchal du prieuré était Mo Jehan de Langlée; ses successeurs prennent le

(1) En 1531, le prieur affirmait que de toute ancienneté le sergent devait « le servir à l'église en officiant. » Archives. Sarthe, H. 316. (2) Depuis qu'il possédait le fief d'Olivet auquel était attachée la sergenterie.

titre de bailli; nous avons trouvé avec cette qualité : Me Geoffroy Viel, bachelier ès-lois (1501); Me Jean Hardy, bachelier ès-lois (1547); Me Gilles Brisart, licencié ès-lois (1555); Charles de Frebourg, écuyer (1619); Me Nicolas Amyot, sieur de la Bigotière (1621); Me Guillaume Lefebvre, sieur de la Butte (1), licencié ès droits (1626); Me Jacques de Grougnault, sieur de la Chicaudière, licencié ès-lois (1661); M Nicolas Le Maignen, sieur de la Huardière, avocat au Parlement (1670); Me Jacques Anfray, licencié ès-lois, avocat au bailliage de Sonnois et Peray (1711); Me Guillaume Bougis, avocat au Parlement (1721); Guillaume Regnoust, sieur du Chesnay, conseiller du Roi, commissaires aux saisies réelles du bailliage royal de Mamers (1757). Les assises se tenaient soit dans la maison seigneuriale, soit dans la grange, soit sous les halles (2).

L'aveu de 1454 nous décrit ainsi les bâtiments du prieuré à cette date: «un habergement avec fuye ainsi qu'ils se poursuivent et comportent avec toutes leurs appartenances et deppendances, contenant tant en maisons, maseriz, courtiz, vergiers, viviers, pressouers, pré, clouastres, clouaisons que autres choses, cinq journées de terre ou environ. >>

En 1786 le prieuré se composait d'un corps de logis comprenant quatre chambres basses, lavanderie et deux cabinets, caves dessous, quatre chambres hautes, trois cabinets, greniers dessus, cloître y tenant, un bâtiment ensuite servant de fournil et pressoir, grenier dessus, verger, vivier, deux jardins derrière et à côté entre lesquels passe la rivière de Dive, cour devant le logis, colombier sur une des deux portes d'entrées, grange, écurie et autres aisances et dépendances, le tout de la contenance d'environ deux arpens

(1) Il fut nommé le 8 juin 1626, à gages de cinquante livres tournois, par Denis de Riantz, prieur commendataire. La lettre est datée de Blavette, paroisse de Barville. Archives de la Sarthe, H. 299.

(2) De nombreux registres de ces plaids et remembrances, depuis 1448 jusqu'à 1768, sont conservés aux Archives de la Sarthe, série H, nos 311 à 331.

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Fig. 1.

- PLAN GÉNÉRAL DU PRIEURÉ NOTRE-DAME DE MAMERS

et demi, joignant au midi la rue et l'église Notre-Dame, la rue de Cinq-Ans, la rue du Hupery à Barutel, et le jardin de la cure de Mamers qui avant l'union du prieuré à la manse des religieux de Saint-Lomer de Blois, faisait partie du domaine du prieuré de Mamers (1).

En plus de ce domaine et des mouvances censuelles sur les héritages qui composaient le fief et « directe seigneurie >> dans la ville et paroisse de Mamers, le prieuré possédait un tiers du moulin de Contrelles (2), la moitié du moulin de la ville de Mamers et le moulin de la Chapelle en Saint-Rémydes-Monts ; l'étang de la Grille avec les marais, paturages et rivages situés au-dessus; la terre de Nourray dont grande partie était située dans la paroisse de Suré au Perche, ainsi que la terre de Courteilles; la terre des Champs en SaintRémy-des-Monts et pour plus grande partie en Origny-leRoux également au Perche; à ces grandes terres il faut ajouter quelques champs disséminés dans les environs. Telle est la composition du domaine du prieuré de Mamers.

Plusieurs cures dépendaient autrefois du prieuré de Mamers; de ce nombre étaient Notre-Dame de Mamers, Saint-Aignan, Vezot, Saint-Vincent et Aillières (3).

La jouissance de ces domaines ne fut pas toujours sans

(1) Ce domaine est aujourd'hui divisé en plusieurs propriétés. Le bâtiment du prieuré proprement dit, A, avec une partie des jardins, constitue le pensionnat Saint-Joseph. L'église, C, est l'église paroissiale de Notre-Dame; de l'autre côté de la rivière il ne reste plus rien des anciens bâtiments; les écuries étaient situées en E, et la grange en G (voir fig. 1). Nous ne pouvons préciser les emplacements des portes.

(2) Le 20 janvier 1284, cette partie du moulin de Contrelles fut abandonnée à Guérin de Grandchamp, par Erard, prieur de Mamers, pour un revenu annuel, à perpétuité, de vingt-huit sous tournois, mais avec réserve de la dime des fruits et revenus du moulin affectée à la sacristie du prieuré de Mamers. Archives de la Sarthe, H. 299, parchemin scellé de deux sceaux disparus.

(3) Dom Noël Mars. Histoire du royal monastère de Saint-Lomer, p. 344.

difficultés; ainsi nous voyons en 1172, Odon, seigneur d'Aillières, contester les droits du prieuré de Mamers sur les dimes de sa paroisse; mais le seigneur céda devant les protestations des religieux et le curé d'Aillières perçut un tiers de la dime de sa paroisse tandis que les moines de Mamers recurent les deux autres parties (1).

Presque dans le même temps le comte Jean entre en contestation avec les religieux de Mamers (2). De toute antiquité les moines de Mamers avaient possédé dans cette ville deux moulins qui étaient ruinés, et remplacés par celui que le comte avait fait construire. De là protestation, puis entente amiable, les moines continuèrent à posséder deux moulins dans la ville de Mamers; mais ces moulins restèrent indivis, pour les revenus, avec le baron de Sonnois; plus tard le baron de Sonnois transmit ses droits à l'abbaye de Perseigne qui devint ainsi co-propriétaire de ces moulins. L'indivision des intérêts, des revenus et des frais suscita encore souvent des altercations plus ou moins fraternelles. Nous en trouvons la preuve dans cette lettre du prieur de Mamers adressée « au reverend Père, / le très reverend Père Ribault, / procureur de l'abbaye de Perseigne / proche Memers, à Memers» (3).

Mon Révérend Père

Je suis très fâché de la contestation que vous avez avec Mo Thibault mon fermier au sujet des moulins de la ville de Mamers, et vous prie, s'il y a moyen de n'en point venir à

(1) En 1777, semblable litige existait encore entre les mêmes parties, car nous trouvons dans les comptes du prieuré une quittance de 49 1. 4 s. de M. Bertereau « pour ses honoraires pour l'affaire qu'il a arrangée entre le seigneur d'Aillières et Messieurs de Blois pour droits respectifs.

(2) Archives de la Sarthe. H. 298. Nous avons déjà publié cet accord en pièce justificative dans les Fortifications de Mamers, p. 82, et dans la Revue historique et archéologique du Maine, année 1887, tome XXI, page 93.

(3) Archives de la Sarthe, H, 298.

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