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fonctions diverses; et ceci ne doit pas nous paraître extraordinaire. N'employons-nous pas encore le mot pontife, par exemple, pour désigner l'évêque, le pape, ou même le prêtre chargé de fonctions pontificales? on sait aussi que tout évêque est prêtre, et à un certain point de vue, le terme d'iniozonos, convient au prêtre qui est surveillant dans la communauté.

De plus le collège des prêtres est censé ne faire qu'un avec l'évêque, saint Ignace l'a démontré fort éloquemment dans ses épitres; en se servant du terme de prêtres ou d'évêques, on pourra donc avoir en vue le corps presbytéral, les prêtres unis à leur évêque. Cette interprétation que nous ne pouvons que résumer ici en quelques mots donne la clef de bien des passages difficiles.

Remarquons aussi que de leur vivant les apôtres ont pu se réserver une partie de l'autorité sur les églises qu'ils avaient fondées et n'établir par exemple dans telle église qu'un collège de prêtres sans évêque; rien ne nous empêcherait même d'admettre, si l'on nous donnait des preuves suffisantes, que dans telle ville et dans tel lieu les circonstances ont exigé la création de plusieurs évêques. Quelques historiens catholiques ont déjà admis l'hypothèse que saint Lin et saint Clément, à Rome, furent évêques en même temps, l'un étant chargé particulièrement des convertis juifs, l'autre des gentils. Sur ce point la liberté de l'historien catholique est plus grande que ne le pensent nos adversaires, et même parfois ceux qui professent la même foi que nous.

Ainsi donc, Messieurs, je crois pouvoir conclure que l'origine apostolique de l'épiscopat est établie sur les fondements historiques les plus solides.

Nous voyions en commençant en quels termes ceux-là même célèbrent l'épiscopat qui le tiennent pour une institution purement humaine. Laissez-moi vous citer en terminant une autre page arrachée elle aussi par la force de la vérité : <«<< Il est incontestable que sans l'épiscopat, les églises

réunies un moment par le souvenir de Jésus se fussent dispersées. Les divergences de doctrine, la différence du tour d'imagination, et par dessus tout les rivalités, les amourspropres non satisfaits, eussent opéré à l'infini leurs effets de discussion et d'émiettement. Le christianisme eut fini au bout de trois ou quatre cents ans, comme le mithriacisme et tant d'autres sectes à qui il n'a pas été donné de vaincre le temps...

« Voilà le véritable miracle du christianisme naissant. Il tira l'ordre, la hiérarchie, l'autorité, l'obéissance du libre assujettissement des volontés; il organisa la foule, il disciplina l'anarchie (1) ».

Seulement là où M. Renan voit ce miracle d'un nouveau genre, nous voyons, nous, la main de Dieu.

Saluons à notre tour cette divine et providentielle institution comme la forme éternelle et définitive de la constitution ecclésiastique.

A l'origine à côté des ministres résidants ou sédentaires, les évêques, les prêtres, les diacres, nous voyons se développer une hiérarchie de ministres missionnaires ou itinérants, les prophètes, les docteurs, les didascales, les évangélistes. Ils vont de communauté en communauté, de pays en pays, porter partout la lumière de la foi, réchauffer l'ardeur des fidèles, leur manifester les secrets divins. La Doctrine des apôtres nous a révélé cet aspect si peu connu de la société chrétienne primitive.

Toute cette hiérarchie a disparu avec les besoins auxquels elle répondait; ses pouvoirs ont été réunis à ceux des ministres sédentaires ; l'épiscopat est resté debout.

En face des gnostiques, devant ces audacieux idéologues, inventeurs des myriades d'éons, toujours en quête de quelque plérôme nouveau, les évêques ont maintenu la simplicité de la doctrine apostolique.

(1) Renan, L'Église chrétienne, p. 91-92.

Aux débordements du mysticisme phrygien des montanistes, qui ne relevaient que du Paraclet, les évêques ont opposé l'autorité qu'ils tenaient du Christ.

Plus tard au Ve siècle, quand les barbares rompant toutes les barrières, envahissent le monde romain, et menacent d'engloutir toute civilisation comme un torrent dévastateur, l'évêque, sa crosse à la main, fait reculer le barbare, et sauve dans les plis de son manteau les derniers débris de l'héritage de Rome et d'Athènes en même temps que l'évangile du Christ.

Enfin lorsqu'il faut porter la lumière de la foi dans les contrées barbares, c'est encore l'évêque que vous trouvez à la tête des missionnaires. Partout où vous voyez fonder un siège épiscopal, partout où vous voyez un front oint de l'huile du suprême sacerdoce, vous pouvez dire que la conquête est sérieuse, que le terrain gagné l'église ne le perdra plus, sauf des circonstances exceptionnelles. Partout au contraire où l'on a voulu procéder autrement, on s'est exposé à de lamentables déconvenues.

Aujourd'hui d'autres combats se préparent; d'autres erreurs envahissent le monde, d'autres barbares nous menacent.

Il me semble, Messieurs, que vous me reprocheriez de ne pas essayer de tirer de cette conférence une conclusion pratique. Puisque nous avons reconnu les divers privilèges de l'épiscopat et son incomparable dignité, aimons à nous serrer autour de notre évêque et à chercher auprès de lui la lumière qu'il répand comme docteur, la protection qui est celle du pasteur et du père, enfin la grâce et la sainteté qui sont en lui comme pontife.

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