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la paroisse se constitua, distincte du monastère; elle fut alors administrée par un prêtre du clergé séculier, présenté par l'abbé à l'évêque du Mans, et régulièrement institué par ce dernier. Cette transformation se produisit avant la seconde moitié du XIIIe siècle. En souvenir de l'ancien état de choses, l'abbé, jusqu'à la Révolution, garda le titre de curé « antique » ou « primitif » de la ville. De plus, il continua de percevoir une part plus ou moins considérable des offrandes en nature ou des oblations en argent, que les fidèles présentaient à l'église, aux fêtes solennelles et pendant les octaves de la Toussaint, de Noël, de la Purification, de Pâques, de l'Ascension, de la Pentecôte et de la Nativité de la SainteVierge, mais à la condition d'y célébrer lui-même la sainte messe, ou de la faire célébrer par l'un de ses religieux (1).

(1) « C'est ce que led. abbé prend au dedens de l'église Notre-Dame de Saint Karlės. Premièrement :

Le jour de la Toussaint la moitié des oblacions tant chandelles comme argent, et doit l'abbé fere chanter la grand messe par un moine qui a XII deniers sur le commun, et II deniers à celui qui porte les

ornemens.

Le jour de Noël les deux pars de toutes oblacions, et par les octaves, la moitié. Et quant des pains, le segretain de la paroisse en a la moitié, et led. abbé les II pars de l'autre moitié, et le prêtre la tierce part, et doit l'abbé la messe, ut solet.

A la Circoncision, la moitié.

A la Tiephanie, ledit abbé prend la moitié des oblacions, et doit faire chanter la messe ut solet.

A la Purification, l'abbé prent les II pars de l'argent, et le segretain de l'abbaye les II pars des chandelles, et doit le segrétain la messe aux gaiges dessus nommez.

A Pasques, le dit abbé prend les II pars des oblacions, le jour, et par les octaves, la moitié, et doit la messe ut solet.

La veille et le jour de l'Ascension, led. abbé prent la moitié des oblacions et doit la messe, ut solet.

Le jour de la Penthecouste, led. abbé prent la moitié des oblacions et doit la messe, ut solet.

Le jour de l'Assumpcion Notre-Dame, led. abbé prent les II pars des oblacions en deniers, et le segretain de l'abbaie les II pars des chandelles, et doit led. segretain la messe aux gaiges dessus nommez.

A la Nativité Notre-Dame, led. abbé prent la moitié de l'argent, et

Il est possible que, dès ces premiers temps, les paroissiens aient formé groupe et se soient choisi des représentants; nous n'en saurions cependant fournir la preuve. Le premier document venu à notre connaissance où figurent les fabriciers, remonte seulement à l'année 1392 (1); encore ne nous apprend-il rien sur l'organisation de la fabrique. Nous pouvons cependant par analogie, et en nous reportant à ce qui se passait à la même époque, dans d'autres églises, nous faire une idée nette et claire de ce qu'était cet établissement. Entre l'État et cette agglomération d'habitants formant commune ou paroisse, c'était alors tout un, il y avait nécessairement un intermédiaire, et voilà qui explique l'établissement des fabriques et en donne la raison d'être. Elles étaient un rouage administratif, comprenant un plus ou moins grand nombre de personnes, ici, une seule, au moins au XVe siècle et dans les petites paroisses, ailleurs, deux ou trois (2), et rarement davantage. Ces personnes.

led. segretain de l'abbaie, la moitié des chandelles, et doit led. segretain, la messe, ut solet.

Item à toutes les festes dessus dites, le curé de lad. paroisse, son chappelain, son clerc ont disner ovec led. abbé, tous les jours que led. abbé prent, et led, segretain de l'abbaie en lad. yglise. »

Censif de l'abbaye rédigé en 1391, ms. conservé à la bibliothèque publique de Saint-Calais, fo 4ro.

(1) Voici quels étaient, à cette époque, les cens payés pendant l'octave de la fête de saint Calais, par les forgeurs ou fabriciers de Notre-Dame. « Les forgeurs de l'iglise de Notre-Dame de S. Kales II deniers ob. sur leur roche qui fut feu Jehan Cornu. Item XI d. ob. sur leur roche sur la moitié du habergement et roche feu André Chouete, et tient le curé, l'autre moitié. Item la moitié de III ob. pour la moitié de une ouche sise en Vaumançays, et tient le curé, l'autre moitié. Item I d. oh. pour ce qui fut feu Rengnaut Danton. Item III d. sur leur roche et place et gast en Bourgneuf qui furent feu monsieur Grenet. >>

Censif de l'abbaye, fo 62 ro.

(2) La fabriqne de Saint-Calais était régie, en 1470, par deux procureurs, Michel Camus et Antoine Lefevre; en 1518, par Michel Bruneau, et Guillaume Hérode. Au commencement du XVIIe siècle, de 1615 à 1618, on trouve au contraire trois procureurs René Aubert, Jean Angevin et Paul Godet. Il continua d'en être ainsi jusquà la fin du XVIIIe siècle.

étaient choisies par la plus saine et majeure partie des habitants », c'est-à-dire, ce nous semble, par ceux que nous appellerions maintenant les plus imposés, et pour un laps de temps plus ou moins long. Les électeurs semblent avoir fixé eux-mêmes la durée du mandat, quand elle n'était pas déterminée par la coutume de la région (1). Les élus portaient le titre de procureurs de la fabrique, de fabriciers, ou encore de forgeurs. Leurs attributions étaient multiples; il n'y avait aucun service public qui ne fût de leur ressort. Nous les voyons à Courgains, pourvoir non-seulement à tout ce qui regarde le culte, mais encore prendre à leur charge les pièges à loup que l'on tendait, pour débarrasser la contrée de cette maudite engeance. Dans une certaine mesure, ils veillent à la santé publique, en faisant renfermer dans les maladreries ceux qui sont atteints de la lèpre (2). Ils répondent de l'impôt de la gabelle, acquittent les droits des francs-fiefs, paient la solde des francs-archers. En temps de guerre, ils sont responsables des contributions que l'ennemi lève sur

(1) « Sur le quatriesme article, contenant qu'on eslise et nomme nouveaux procureurs de fabrice en lad. eglise parrochiale Nostre-Dame de Sainct Callais, pour entrer en charge au jour et feste de Toussaincts prochainement venant (1618) que finira la charge desd. procureurs suppliants, s'offrant rendre compte:

Nous avons ordonné et ordonnons qu'on suivra les antiannes coustumes observées en lad. église. »

Procès-verbal de la visite faite, le 2 septembre 1618, par Gilles de Souvré, abbé de Saint-Calais, ms. conservé aux archives de la fabrique. Au XVIIIe siècle, à partir de 1743, les procureurs ne furent plus généralement nommés que pour un an.

(2) Item pour Laurens Pineau quant il fut au Mans pour la femme de Pierre de la Beschière qui estoit sopsonnée de malladie, IVs VII. Item à Pierre Dufrais pour aller au Mans contre led. Pierre de la Beschière pour le soupson, XI § VII 4.

Item pour led. Dufrais quant il partit pour aller au Mans, une pinte de vin, v d. »

Archives de la fabrique de Saint-Calais. Comptes de 1466-67.

Dans les comptes de fabrique de Congé-sur-Orne, nous avons retrouvé les mêmes particularités, à propos d'un ecclésiastique, et à la même époque.

leurs commettants et entre les mains duquel ils deviennent de véritables otages. Ils remplissaient donc, à la lettre, le rôle de nos maires ou de nos conseillers municipaux actuels (1).

La fabrique dont ils étaient les agents, formait un corps constitué, reconnu par l'État; elle jouissait de l'existence légale, et, par conséquent, elle était apte à posséder. Elle avait ses recettes ordinaires et extraordinaires, les premières, constituées par les revenus des biens-fonds qui lui avaient été le plus souvent légués par testament, sous certaines conditions onéreuses, telles que des messes à faire célébrer (2); les secondes, se composant des quêtes, des oblations, des offrandes soit en nature, soit en argent que les fidèles apportaient aux fêtes solennelles, par piété, ou pour gagner les indulgences que l'évêque du diocèse accordait, sur la demande des fabriciers (3). Par contre, on voit rare

(1) Cf. L'Union historique et littéraire, t. 1, p. 382 et t. II, p. 10, 52, 78. Les comptes de la fabrique de Courgains.

(2) « Jehan Boban, pour sa maison proche la porte de Saint-Pierre, doibt quinze sols de rente légués par deffunt Me Anthoine Aubert, vivant sieur de la Houssaye, à la charge de faire dire par chacun an par les procureurs fabriciers, une grande messe au mois d'aoust...... >> Comptes de 1615-16. Archives de la fabrique de Saint-Calais.

(3) Cf. L. Froger, Les Comptes d'une fabrique au XVe siècle, p. 8. Autre recette muable faicte par lesd. procureurs du revenu du pardon de lad. église qu'ils ont reçu durant led. temps.

Et premièrement, le pardon du jour de Nostre-Dame me aoust a valu XXVI.

Le pardon de la Nativité Nostre-Dame a valu XXVII *. »
Comptes de 1496. Archives de la fabrique de Saint-Calais.

« Premièrement le pardon de la Toussains, LII".

Le pardon de la Conception Nostre-Dame a vallu la somme de xxxi ". Le pardon de la Purification Nostre-Dame a vallu la somme de XLIIS VII d.

Le pardon de l'Annonciation Nostre-Dame a vallu la somme de LI'. Le pardon de vendredy oure a vallu LXII.

Le pardon de la feste de Pasques a vallu la somme de 1 IX d.

Le pardon de la feste mons Sainct Kales a vallu la somme de XXXI VI d.

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