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Il y en a trois, deux en français, une en latin. Le poète a donné aux deux premières la forme de sonnets. Il ne s'élève pas au-dessus du médiocre (1). Dans sa forme laconique, en raison même de sa forme laconique - l'inscription latine nous paraît la meilleure :

« Quis fuerim, hoc tectus tumulo, vis nosce, viator? >> Antistes vixi, victima amoris obii (2).

XVII

A tout prendre, notre poète n'est pas un maître en son art. Il lui manque l'originalité, la puissance, les grandes envolées. Il suit dans sa manière les errements importés de l'Italie et de l'Espagne. Cependant il a du procédé et du savoir. Il fréquentait en bonne compagnie et pratiquait les chantres bibliques. Il connaissait ses devanciers, et, au moins une fois, il se souvient même de Ronsard (3).

(1) Nous donnons ici la seconde. On voit d'après ce spécimen d'où l'on en était encore en fait de goût.

Au point de son midy voir coucher le Soleil,

Et qu'une obscure nuit avec une ombre affreuse
Vint priver de ses feux la nature amoureuse,
Et fermer tous ses yeux en fermant un seul œil,
Nos cœurs seroient surpris d'un trouble non pareil;
Telle est cette avanture où la mort envieuse,
Au milieu d'une course aussi belle qu'heureuse
Vint plonger mon flambeau dans un triste sommeil.
Apprends enfin, passant, qu'EMERY gist icy;
Pompes, grandeurs, beautez, si vous fuyez ainsy,
Sur quel objet faut-il que notre espoir se fonde ?
Passant, icy tout change et tout passe icy-bas;
En vain je te retiens, tout passe dans le monde,
Je te nomme passant, et ne te trompe pas.

(2) Ibid. Sub fine. (3) Bacchus.

« Sur son char par les tygres traisné

>> Faisoit voir que ce Cuisse-né

» Scavoit donter la fierté mesme....

(Loc. cit.)

(Le Triomphe de la Vérité, p. 82.)

des Bouillé-Créance.

et des Titres de la Bibliothèque Nationale.

DE Ben-Belin, etc.). En possession du titre de noblesse depuis 1537,

Wor.

s, capitaine de Beaumont, épouse Michelle Bedin,
(1598). Michelle Bedin fait son testament

de Bouillé, parrain en 1594.

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Hyacinthe-Pierr

de Fromenti Dominicains,

8° Julienne-
Éléonore de
BOUILLÉ,
2 janvier

1736.

9° Maximi

lien de BOUILLÉ,

(date de naissance

inconnue).

Joseph-Anne de BOUILLE, ainé, baptisé à Joué-en-Charnie, le 3 avril 1687, sieur de Saint-Benoit, épouse Marie Garnier de Montauban (3) le 10 mai 1712, au Mans (St-Pavin-la-Cité); en secondes noces, le 16 décembre 1740, au Mans (la Couture), Elisabeth-Charlotte Taffu, de Coudereau, qui sera inhumée le 5 février 1765.

1o Louis-Anne

de BOUILLÉ,

baptisé à Chemiré-leGaudin, le 24 septembre 1744.

20 Joseph de BOUILLÉ, baptisé à la Couture, le 15 décembre

1718.

3o MarieBonne de BOUILLÉ, baptisée au Mans (SaintNicolas), le 4 juillet 1722. inhumée le

9 juin 1731.

Histoire du Couvenuments communiqués par M. l'abbé Chambois ou réunis par M. Robert Triger.

Le Mans,

(1) Marie-Franço

Sarthe). Cf. Legeay, Recherches historiques sur Aubigné. Paris, Lasnier, 1857, en-Belin, le 12 maseph de Bouillé, prêtre, seigneur des Aulnais en 1758 et 1781. Ibidem.

(2) Renée de Boy. Ibidem

(3) Marie Garnier

de Saint-Rémy.

Néanmoins sa strophe, sa langue (1) et son vers (2) son plutôt ceux de Malherbe avec quelques tours imités des chefsd'œuvre de Pierre Corneille. Mais son style n'atteint jamais la perfection même relative de l'un ni de l'autre. Il est souvent monotone, roide, prolixe. C'est évidemment l'allure d'un jeune. Tel qu'il est, ce début n'est pourtant point sans mérite. Si la mort n'avait fauché là prématurément, notre littérature se serait peut-être enrichie de quelque poème excellent. Qui donc entrevoyait dans l'auteur de Mélite ou même de Médée celui de Polyeucte ou de Cinna? Et que ne peuvent pas le temps et des occasions si favorables pour le perfectionnement de l'artiste? D'ordinaire c'est peu de chose que vingt ou trente ans dans la marche de l'humanité. Lorsque Corneille révélait son génie, et que Racine, Molière et Lafontaine allaient nous être donnés, c'était pour la langue et les lettres françaises un siècle de progrès.

-

AUG. ANIS.

(1) Toutefois il garde certaines expressions déjà vieillies ou surprenantes, aujourd'hui disparues: j'oy pour j'entends (Cf. Saint Boniface, p. 56); . vesquit pour vécut (Épitaphe de Mgr de La Ferté). Il dit « au deceu d'un mary barbare (Abigail, p. 70); le président le fit gêner» (Saint Boniface). Rec. p. 60). · Il écrit, comme l'on prononce encore dans nos campagnes, «< crestre, parestre » (Cf. Saint Boniface, p. 50, 52), Du reste La Fontaine écrira aussi « craître », (Cf. Fab., liv. XI, I, édit. Didot, in-8°, 1867.)

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(2) Nous remarquons quelques particularités. De Bouillé ne fait qu'une syllabe de fléau qu'il écrit « fleau » (Épit. de Mgr de la Ferté). Avec l'orth. de l'auteur << reçoy un corps » constitue un hiatus (Cf. Rec. p. 92). D'aucuns s'étonneront peut-être aussi de voir faire rimer enfer et triompher (Débora sous la palme, p. 111 du rec.); enfer et étouffer (Saint Julian, p. 118). Il faut pourtant se souvenir que Malherbe lui-même avait fait rimer cher et chercher. (Cf. Ode à Duperrier), et Brébeuf écrira plus tard:

J'ay sceu que j'offensois un Dieu qu'il faut aimer,

Et mon cœur, infidèle à l'autheur de son estre,

A redoublé mon crime à force de connoistre

Ce qu'il a d'affreux et d'amer.

(Entretiens solitaires, in-12, Paris et Rouen, 1660.)

INVENTAIRE SOMMAIRE

D'UN CERTAIN NOMBRE DE

DOCUMENTS MANUSCRITS

CONSERVÉS AUX ARCHIVES DU CHATEAU DU LUDE

J'ai annoncé, dans un rapport succinct lu au dernier Congrès bibliographique (1), que les archives du château du Lude possédaient un assez grand nombre de manuscrits dont quelques-uns, plus ou moins anciens, offrent un véritable intérêt. M. le marquis de Talhouët-Roy m'ayant autorisé à faire connaître ces documents, je m'empresse d'en donner l'inventaire sommaire aux lecteurs de la Revue historique et archéologique du Maine.

Parmi ces manuscrits je me contenterai de signaler au'jourd'hui ceux qui ont été analysés autrefois par un savant paléographe et qui ont permis à M. David, ancien conseiller d'Etat, ami de la famille de Talhouët, de publier son intéressante étude sur le château du Lude et ses possesseurs (2).

Simples parchemins, cahiers ou registres, chacun de ces manuscrits est renfermé dans une chemise portant un numéro d'ordre et une suscription analytique. Généralement

(1) Tenu au Mans les 14 et 15 novembre 1893.

(2) Paris, 1854, imprimerie Witersheim, in-8o de 144 pages, sans nom d'auteur.

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