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d'Alembert, traitant cette question

dans l'Encyclopédie, finit par dire : On n'en sait rien.

CHAPITRE X V I.

Du Flux et du Reflux de la Mer.

LA cause des marées étant purement astronomique, il est naturel d'en faire ici un article. Le flux et le reflux de la mer est un des phénomènes les plus frappans de l'attraction. Tous les jours au passage de la Lune par le Méridien, ou quelque tems après, on voit les eaux de l'Océan s'élever sur nos rivages on assure qu'à Saint-Malo, cette élévation va jusqu'à cinquante pieds. Parvenues à cette hauteur, les eaux se retirent peu-à-peu, et envi

ron six heures après leur plus grande élévation, elles sont à leur plus grand abaissement; après quoi elles remontent de nouveau lorsque la Lune passe à la partie inférieure du méridien, ensorte que la haute-mer et la bassemer, le flot, et le jus an, s'observent deux fois le jour et retardent chaque jour de quarante-huit minutes, plus ou moins, comme le passage de la Lune au méridien.

Le second phénomène consiste en ce que les marées augmentent sensiblement au tems des nouvelles Lunes et des pleines Lunes, ou un jour et demi après, et l'augmentation est sur-tout très-sensible quand la Lune est plus près de la Terre, et qu'elle attire avec plus de force.

Les corps terrestres solides sont bien

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attirés également par la Lune; cependant ils ne changent pas de place, parce qu'une petite diminution de pesanteur ne suffit pas pour les déplacer; mais on sent que la Lune passant au méridien, peut soulever les eaux de la mer, et y faire comme une bosse ou une pointe

On a plus de peine à comprendre comment il s'en fait une du côté opposé; mais comme les eaux montent d'un côté, parce qu'elles sont attirées plus que la Terre, elles montent de l'autre côté, ou plutôt elles restent en arrière, ce qui produit le même effet par rapport à nous que si elles s'élevoient. Supposons, par exemple, une espèce de déplacement de la Terre, qui seroit de cinq piés pour le centre, de sept piés pour les eaux qui

sont du côté du Soleil et de trois piés seulement pour celles qui lui sont opposées ; je l'appelle déplacement relativement à l'état où seroit la Terre

avec les eaux, si tout étoit attiré avec la même force; alors les eaux paroîtront s'élever de deux pieds par rapport à la Terre, soit d'un côté, soit de l'autre; c'est-à-dire vers la Lune, et vers le côté qui lui est opposé.

Le Soleil cause une partie de l'élévation des marées: voilà pourquoi elles sont plus grandes dans les nouvelles et les pleines Lunes, parce qu'alors les deux Astres attirent ensemble et produisent le même effet; mais quand la Lune est en quartier, le Soleil détruit environ un tiers de son effet. Par exemple à Brest, les marées moyennes sont de 18 piés 3 pouces

dans le premier cas, et de huir piés cinq pouces dans le second; ainsi le Soleil produit 4 pieds 11 pouces de marée et la Lune 13 piés 4 pouces. Mais l'effet de la Lune augmente de deux piés et demi quand elle est le plus près de la Terre et diminue d'autant quand elle est à son plus grand éloignement; ce qui augmente quelquefois d'autant les grandes marées, et diminue les petites. On a vu la marée aller même jusqu'à vingt-trois piés à Brest; mais alors c'est un effet 'du vent qui déplace et transporte la masse totale des eaux d'environ un pié et demi plus haut ou plus bas que l'état naturel de la mer en tems calme.

Les circonstances locales produisent de grandes différences dans les marées;

elles

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