Page images
PDF
EPUB

qu'à une petite partie de la terre. En 1786 nous n'avions aucune éclipse à Paris.

Il peut arriver six ou sept éclipses dans la même année, pour différens pays de la terre, parce qu'il n'est pas nécessaire que le Soleil réponde précisément aux nœuds de la Lune pour qu'il y ait éclipse; la largeur de ces deux astres suffit pour qu'ils paroissent se toucher, sans qu'ils répondent précisément au même point du Ciel ; et la largeur de la terre fait que la Lune peut cacher à un pays le bord du Soleil, quoiqu'elle soit éloignée de plusieurs degrés du nœud ou de l'intersection des deux orbites.

Les éclipses reviennent à peu près dans le même ordre au bout de dixhuit ans et dix jours ; cette remarque

importante et curieuse, qui avoit été faite plus de 600 ans avant l'ère vulgaire servit peut-être à Thalès pour prédire aux Ioniens une éclipse totale de Soleil qui arriva pendant la guerre des Lydiens et des Mèdes ; les uns rapportent cette éclipse à l'an 585; d'autres à l'année 621 avant l'ère vulgaire. Au reste, ce qu'Hérodote dit de cette prédiction est si vague, qu'il est encore douteux qu'elle ait jamais été faite réellement.

CHAPITRE VIIL

Du Systême du Monde.

JUSQU'ICI

nous avons parlé du

mouvement diurne de tout le Ciel, et du mouvement annuel du Soleil. L'un et l'autre sont de pures apparences, et c'est ce que nous avons à développer, en expliquant le systême de Copernic.

Le mouvement de la terre est difficile à concevoir pour tous ceux qui sont imbus des anciens préjugés ; mais l'Astronomie en fournit des preuves si frappantes, que les plus anciens Philosophes en ont senti la vérité. Aristarque de Samos, Nicétas, Philolaus, et d'autres Pytagoriciens, avoient compris la difficulté qu'il y avoit à suppoque tous les astres tournoient en vingt-quatre heures autour de nous.

ser

En effet, quand on voit cette concavité immense de tout le Ciel, remplie d'une multitude d'Etoiles, qui sont toutes à des distances prodigieuses de nous, et des Planètes qui ont toutes des mouvemens contraires à ce mouvement de tous les jours ; quand on réfléchit à la petitesse de la terre, en comparaison de toutes ces énormes distances, il devient impossible de con-, cevoir que tout cela puisse tourner à la fois d'un mouvement régulier et en vingt-quatre heures de tems, autour d'un atôme tel que la terre. Non-seulement le mouvement diurne de tous les astres en vingt-quatre heures autour de la terre, est une chose peu vraisemblable; j'ose dire qu'elle est absurde, et qu'il faut être aveuglé par le préjugé de l'ignorance pour pou

constant

voir se prêter à cette idée : toutes ces Planètes, qui sont à des distances si différentes, et dont les mouvemens propres sont si différens les uns des autres; toutes ces Comètes, qui semblent n'avoir presque aucune ressemblance avec les autres corps célestes; toutes ces Etoiles fixes, que les lunettes nous font voir par millions dans toutes les parties du Ciel; tous ces corps, dis-je, qui n'ont aucune connexion, qui sont indépendans l'un de l'autre, et à des distances que l'imagination à peine à concevoir, se réuniroient donc pour tourner chaque jour ensemble et comme tout d'une pièce autour d'un axe ou essieu, lequel même change de place; cette égalité dans le mouvement de tant de corps, si inégaux d'ailleurs à tous égards, devoit seale

« PreviousContinue »