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ENCYCLOPÉDIE

MODERNE,

ου

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES HOMMES ET DES CHOSES.

TOME XIV.

IMPRIMERIE DE P.-M. DE VROOM, RUE DE LOUVAIN, PRÈS DU BOULEVARD.

MODERNE,

DICTIONNAIRE ABRÈGE

DES HOMMES ET DES CHOSES,

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS,

AVEC L'INDICATION DES OUVRAGES

OÙ LES DIVERS SUJETS SONT DÉVELOPPÉS ET APPROFONDIS;

Dar M. Courtin,

ANCIEN MAGISTRAT,

ET PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES.

DEUXIÈME ÉDITION,

REVUE, CORRIGÉE, ET AUGMENTÉE

DE LA BIOGRAPHIE UNIVERSELLE DE TOUS LES HOMMES CÉLÈBRES (NATIONAUX ET ÉTRANGERS),
DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A NOS JOURS.

TOME QUATORZIÈME.

Bruxelles,

CHEZ TH. LEJEUNE, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
RUE DES ÉPERONNIERS, S 8, No 397,

AU COIN DE LA RUE DE LA MADELEIND.

1830.

MODERNE,

OU

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES HOMMES ET DES CHOSES,

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

(Les Articles biographiques indiqués par un * ne se trouvent dans aucune autre Édition.)

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JUSTICE. (Morale, législation.) Ce mot mais l'opinion du poète, bien qu'elle s'aca deux acceptions principales.

Prise dans sa signification la plus directe, la justice consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. L'homme juste est celui dont la conduite est, en tout point, conforme à ce principe.

Sous un autre rapport, et vue dans la personne de ses ministres, la justice est souvent désignée et prise pour les tribunaux qui sont chargés de la distribuer.

Examinons d'abord ce qui regarde la justice, considérée en elle-même.

Le nom seul de justice a quelque chose en soi de si élevé et de si imposant, qu'il n'y a point lieu de s'étonner si l'esprit scrutateur des hommes s'est efforcé de pénétrer jusqu'à son berceau, pour découvrir s'il y avait une justice naturelle préexistante à toute loi positive.

Dans cette question si anciennement controversée parmi les philosophes grecs, on vit les uns (principalement les scolastiques) adopter cette justice naturelle, contredite ou niée par une autre secte, en tête de laquelle se faisait remarquer Carnéade; mais l'on conçoit aisément que cette polémique n'était pas de nature à cesser en peu de temps. Plusieurs siècles après Carnéade, Horace écrivait aussi que la nature seule ne peut discerner ni séparer le juste d'avec l'injuste (1) i

(1) Nec natura potest justo secernere iniquum. (Horat., sat. 3, lib. 1.)

Tome 14.

cordât avec celle du philosophe, n'était pas elle-même une loi à laquelle tous les esprits fussent disposés à se soumettre.

Dans des temps beaucoup plus rapprochés du nôtre, cette question a encore été agitée et a divisé de célèbres publicistes.

Grotius pensait qu'antérieurement à toute loi positive, il avait existé des notions primitives suffisantes pour déméler le juste d'avec l'injuste (2).

Puffendorff, au contraire, soutenait que des lois expresses étaient nécessaires pour fonder les qualités morales des actions (3).

Pour adopter l'une ou l'autre de ces opinions, la pensée devrait se porter jusqu'à ces premiers temps, où l'on suppose assez généralement que la force décidait de tout, et cette supposition même serait exclusive de toute idée de justice.

Du reste, comme l'observe un grand magistrat (4), de telles questions sont tout entières dans la métaphysique de la jurisprudence, et nous n'avons besoin, pour notre sujet, ni de nous enfoncer dans ce labyrinthe, ni de nous élever jusqu'aux premiers âges; car nous n'écrivons pas sur l'homme sauvage, mais pour l'homme social.

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