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Les Huns, peuple féroce de race jaune qui venaient des bords de la mer Caspienne, avaient traversé l'Europe de l'est à l'ouest en semant la terreur autour d'eux. Leur chef Attila s'était surnommé lui-même 'le fléau de Dieu,' le

'marteau de l'univers.' Il disait que l'herbe ne repoussait real

jamais où son cheval avait posé le pied.

Aussi quelle ne fut pas la frayeur des habitants de Lutèce (c'est ainsi que s'appelait Paris à cette époque), lorsqu'ils apprirent qu'Attila avait passé le Rhin et traversait rapidement le pays. Sur son passage, les populations se sauvaient et allaient se cacher dans les plus sombres forêts.

Il y avait alors à Nanterre, aux environs de Lutèce, une jeune fille nommée Geneviève; elle était bergère; dès sa plus tendre enfance, elle s'était fait remarquer par sa piété et sa douceur; toujours prête à aider ceux qui étaient dans la peine, elle était la favorite des pauvres et des malades. Toute enfant, elle avait été remarquée par l'évêque Saint Germain qui passait par son village; après l'avoir bénie il avait demandé son nom et lui avait prédit de grandes destinées.

Lorsque Geneviève apprit le danger qui menaçait la capitale, elle se rendit en hâte à Lutèce, parla au peuple, aux autorités, pressa les uns, supplia les autres, si bien qu'elle les décida à rester; elle se sentait forte et inspirée et leur prédit que la ville serait certainement épargnée s'ils restaient et la défendaient bravement: si au contraire ils se sauvaient, les endroits où ils auraient cherché refuge seraient sûrement dévastés par les Huns.

Une fois sûre d'être écoutée et obéie, elle sortit elle-même de la ville et alla à la rencontre d'Attila. Elle se jeta au devant de son cheval sans crainte du danger et le supplia de se détourner de sa route et d'épargner Lutèce. Le terrible chef, touché, dit-on, de tant de faiblesse et de tant de bravoure, évita Lutèce pour se diriger vers Orléans.

A cette nouvelle, les habitants de Lutèce acclamèrent Geneviève comme leur libératrice; ils la porterènt en triomphe, et tant qu'elle vécut ils l'entourèrent de respect et d'attention. Sa mort fut un deuil général; chacun avait conscience d'avoir perdu une protectrice et une amie. On l'appela Sainte Geneviève, la patronne de Paris, et on éleva à

sa mémoire une magnifique église sur une des collines qu'on

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appela la 'Montagne Ste Geneviève.' Beaucoup de petites

filles françaises sont fières de s'appeler Geneviève en souvenir de la patronne de Paris.

CLOVIS (481).

Nous avons dit que les chefs francs n'étaient choisis que pour le temps que durait la guerre. L'un d'eux pourtant, Clovis, qui avait été élevé sur le bouclier à seize ans, résolut de garder l'autorité pour toute sa vie et de devenir un vrai roi.

Dans ce temps-là, les mœurs des guerriers étaient très barbares; ils comptaient leur propre vie pour très peu de chose, aussi n'hésitaient-ils pas à sacrifier celle des autres; c'est pourquoi la conduite de Clovis, qui nous paraîtrait monstrueuse aujourd'hui, n'avait rien d'extraordinaire pour ses contemporains. Il usait simplement du droit du plus fort.

Il était facile de prendre le titre de roi, mais comme royaume, Clovis ne possédait que quelques districts au nord. Il résolut d'en conquérir davantage. Il alla livrer bataille à Syagrius général Romain, et le vainquit près de Soissons. Il était d'usage, après une victoire, de réunir tout le butin et de le partager également d'après le sort entre le chef et ses guerriers. Les églises en particulier contenaient d'immenses richesses en objets d'or et d'argent enrichis de pierreries, et en riches étoffes.

Clovis et ses guerriers étaient rassemblés autour du butin et on allait commencer le partage, lorsque le roi reçut un message de son ami, St Remi, l'évêque de Reims, qui le priait de lui réserver un vase précieux enlevé à la cathédrale. Le roi pria l'assemblée de lui accorder cette faveur, et sûr de l'obtenir il tendait déjà la main pour prendre le vase, lorsqu'un guerrier encore plus rude que les autres le brisa d'un grand coup de hache en disant à Clovis: Tu n'auras de tout ceci que ce que le sort te donnera.'

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Clovis ne dit rien, mais il n'oublia pas l'insulte. Un an après il passait la revue de ses troupes à l'assemblée annuelle du Champ de Mars': lorsqu'il arriva devant ce même guerrier: 'Personne, lui dit-il, n'a des armes en aussi mauvais état que les tiennes!' et d'un coup il les lui fit

tomber des mains. Comme le guerrier se baissait pour les ramasser, Clovis le tua d'un coup de hache sur la tête en lui disant: Ainsi as-tu fait au vase de Soissons!'

C'est ainsi que Clovis inspira la crainte autour de lui; on n'osait pas lui désobéir. Il chassa peu à peu tous ceux qui

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possédaient une partie de la Gaule et finit par en être le seul maître. Il mourut en 511 après avoir régné trente

ans.

CHARLEMAGNE (768-814).

Pendant plus de deux siècles les rois francs furent des descendants de Clovis; on les appela Mérovingiens du nom de Mérovée grand-père de Clovis. En 752 une nouvelle famille fut élue avec le contentement du pape, celle des Carolingiens, de Carolus, Charles, qui fut plus tard empereur sous le nom de Charlemagne ou le grand.

Le premier roi de la race Carolingienne était son père Pépin le Bref ou le petit. Les seigneurs riaient quelquefois entre

eux de sa petite taille. Pépin, l'ayant appris, résolut de mettre fin à ces moqueries.

Un jour qu'il était au cirque et regardait un lion et un taureau furieux qui étaient prêts à sauter l'un sur l'autre, il

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J'espère, dit-il, que vous ne rirez plus de ma petite taille, puisque vous voyez qu'elle n'ôte rien à ma bravoure!'

Le fils de Pépin le Bref, Charles, était

aussi grand que son père était petit, et

CHARLEMAGNE.

c'était en même temps un grand génie.

Il fit la guerre durant presque toute sa vie, et conquit toute la France, l'Allemagne, les trois quarts de l'Italie et une partie de l'Espagne. Il soutenait l'Eglise et était l'ami du pape. En l'an 800, le jour de Noèl, il assistait à la messe à l'église de Saint Pierre de Rome. Il était agenouillé devant l'autel, le front incliné, lorsque le pape lui posa sur la

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