La terrible maladie du roi était survenue depuis, et chacun se demandait comment il allait le revoir.

Enfin, à deux heures le canon commença à tonner; le roi arrivait. Sa franche cordialité fut digne du peuple qui le recevait. Le cortège parcourut l'Avenue du Bois de Boulogne, la place de l'Etoile, l'Avenue des Champs Élysées jusqu'à l'Ambassade d'Angleterre ; et tout le long du chemin, les acclamations retentissaient.

Pendant les quelques jours de la visite du roi, la France put se convaincre à nouveau qu'elle recevait un ami; les bases de l'Entente cordiale' s'affermirent et n'ont fait depuis que se consolider.

Au commencement de Juillet 1903 Monsieur Loubet fut reçu à Londres avec l' 'hospitalité anglaise,' que ceux seuls qui l'ont éprouvée peuvent comprendre. Il est revenu à Paris charmé de ses 'voisins' et plus que jamais leur ami.

Depuis, des échanges continuels d'amitié se font entre les différentes classes des deux pays: députations des docteurs, des ingénieurs, des représentants des sports, des ouvriers de toutes sortes, des commerçants, etc., et à chacune de ces visites, les liens se resserrent. Seulement pour être meilleurs amis, encore il faudrait pouvoir se parler autrement que par gestes, ou par interprètes.

Il est absolument nécessaire d'apprendre à parler la langue les uns des autres, correctement et couramment, pour converser d'une manière intéressante. On commence à y travailler sérieusement, et avec de l'énergie et de la persévérance il n'est rien qui ne puisse s'accomplir.

Le rapprochement des souverains et des gouverneurs des nations sera le moyen le plus efficace de faire régner la paix et d'amener 'La sainte Alliance des Peuples,' chantée par Béranger il y a près d'un siècle.

LA SAINTE ALLIANCE DES PEUPLES

J'ai vu la Paix descendre sur la terre,
Semant de l'or, des fleurs et des épis.
L'air était calme, et du dieu de la guerre
Elle étouffait les foudres assoupis.

"Ah! disait-elle, égaux par la vaillance,
Français, Anglais, Belge, Russe ou Germain,
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.

'Pauvres mortels, tant de haine vous lasse:
Vous ne goûtez qu'un pénible sommeil.
D'un globe étroit divisez mieux l'espace;
Chacun de vous aura place au soleil.
Tous attelés au char de la puissance,
Du vrai bonheur vous quittez le chemin.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.

'Chez nos voisins vous portez l'incendie ;
L'aquilon souffle, et vos toits sont brûlés,
Et quand la terre est enfin refroidie
Le soc languit sous des bras mutilés.
Près de la borne où chaque État commence
Aucun épi n'est pur de sang humain.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.

'Que Mars en vain n'arrête point sa course;
Fondez des lois dans vos pays souffrants.
De votre sang ne livrez plus la source
Aux rois ingrats, aux vastes conquérants.
Des astres faux conjurez l'influence;
Effroi d'un jour, ils pâliront demain.
Peuples, formez une sainte alliance,
Et donnez-vous la main.'

Ainsi parlait cette vierge adorée,
Et plus d'un roi répétait ses discours.
Comme au printemps la terre était parée:
L'automne en fleurs rappelait les amours,
Pour l'étranger, coulez, bons vins de France
De sa frontière il reprend le chemin.
Peuples, formons une sainte alliance,
Et donnons-nous la main.

QUELQUES GRANDS ÉCRIVAINS

FRANÇAIS.

1. LES TROUVÈRES.-LES TROUBADOURS.-CHANSON DE ROLAND (FIN DU XIÈME SIÈCLE).

LA littérature et l'histoire se tiennent de très près; la littérature nous apprend ce que les hommes d'un pays ont écrit dans un temps déterminé; elle suit leur vie et s'intéresse à ce qu'ils ont fait et pensé. L'histoire d'un pays, racontée d'une manière intéressante dans une belle langue, est une des plus belles œuvres littéraires qu'on puisse produire.

Les premiers Gaulois n'écrivaient pas; leurs savants, les druides ou prêtres, enseignaient à leurs disciples quelques milliers de vers qui contenaient toute leur science et qu'ils apprenaient par cœur.

Comme pour l'histoire, c'est aux Romains venus avec Jules César que nous devons les premiers écrits. Les Gallo-Romains, à l'esprit prompt et à l'intelligence vive, fournirent bientôt des savants qui devinrent célèbres même à Rome; seulement ils écrivaient en latin.

Ce n'est qu'au IXème siècle que l'on commença à écrire en langue romane; cette langue comprenait un grand nombre de dialectes suivant les provinces, et avec le temps ces dialectes différèrent assez pour former des langues distinctes. En général chaque écrivain se servait du dialecte de sa province, ce qui permettait de savoir d'où il venait.

C'est parmi les nobles que nous trouvons les premiers écrivains français; les bourgeois étaient trop occupés de leurs affaires et trop ignorants, et le clergé ne savait que le latin.

Au Moyen Âge chaque seigneur avait son châ

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entouré de grosses tours, de murs et de fossés, et il

beaucoup, enfermé derrière ses fortifications. Il avait bien pour se distraire la chasse, les tournois et les échecs, mais cela ne lui suffisait pas.

On chercha autre chose et une des distractions favorites devint la poésie. Les poètes lisaient ou récitaient leurs œuvres devant une cour de dames et de seigneurs qui jugeaient et décernaient le prix au plus habile. Ils se nommèrent trouvères (trouveur, celui qui trouve) dans les dialectes du nord, et troubadours dans ceux du Midi.

Les trouvères faisaient des récits de guerres et d'aventures, tandis que les troubadours, plus poétiques, chantaient la nature et la beauté de leurs dames.

Les récits de guerre étaient des légendes ou histoires basées sur un fait vrai, mais embellies par l'imagination du conteur et rendues surnaturelles. On les appela Chansons de Geste, c'est-à-dire poèmes chantés, racontant les actions ou gestes des héros.

CHANSON DE ROLAND (fin du XIème siècle).

La plus célèbre des Chansons de Geste cst la Chanson de Roland qui date du xième siècle. Elle se compose de quatre mille vers et à été écrite à différentes époques par plusieurs trouvères dont on ne sait pas le nom. Le héros est Roland, neveu de l'empereur Charlemagne.

Charlemagne, dit la Chanson, était allé faire une expédition contre les Arabes d'Espagne; il avait mis sept ans à conquérir tout le pays; il ne restait plus que la ville de Saragosse au pouvoir de l'infidèle Marsile.

L'empereur devait retourner dans ses États, et il se demandait auquel de ses guerriers il pourrait donner l'ordre d'aller négocier avec Marsile. Sur le conseil de son neveu Roland, il confia cette mission difficile à un seigneur franc, Ganelon.

Le traître Ganelon, furieux d'avoir été choisi, résolut de se venger de Roland. Il alla trouver Marsile, et au lieu de traiter avec lui, il lui révéla l'endroit où était Roland qui dirigeait l'arrière-garde de l'armée, et lui conseilla d'envoyer contre lui une forte troupe.

Marsile fit marcher sur Roland 400,000 soldats alors que