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temps, il remporta une victoire près de la Mos dirigea sur Moscou où il comptait passer l'hiver.

Dès le premier jour il s'établit au Kremlin, palais des Czars'; mais tout à coup la nouvelle qu'il ne restait dans la ville que quelques homm d'y mettre le feu.

L'incendie commença à s'étendre, et ce ne f miracle que l'empereur y échappa, car il y avait

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NAPOLÉON ET LE ROI DE ROME.

à poudre dans le palais. Ce n'est qu'à traver dangers qu'il put sortir de la ville.

Le lendemain, il vit la colonne de feu qui Moscou et dit: Ceci nous présage de grands En effet, il fallut se retirer. La Retraite de R des points les plus lugubres de l'histoire de Nap Victor Hugo nous l'a admirablement décrite.

Il neigeait. On était vaincu par sa conquêt
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours! l'empereur revenait lentem
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.

L'HISTOIRE DE FRANCE

Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.

Il neigeait, il neigeait toujours! La froide bise
Sifflait; sur le verglas, dans les lieux inconnus,
On n'avait pas de pain et l'on allait pieds nus.
Ce n'étaient plus des cœurs vivants, des gens de guerre,
C'était un rêve errant dans la brume, un mystère.
Une procession d'ombres sur le ciel noir.

'Sortira-t-on jamais de ce funeste empire?'
Deux ennemis ! le czar, le nord. Le nord est pire.
On jetait les canons pour brûler les affûts.
Qui se couchait, mourait. Groupe morne et confus,
Ils fuyaient; le désert dévorait le cortège.
On pouvait, à des plis qui soulevaient la neige,
Voir que des régiments s'étaient endormis là.

Fuyards, blessés, mourants, caissons, brancards, civières,
On s'écrasait aux ponts pour passer les rivières,
On s'endormait dix mille, on se réveillait cent.
Toute une armée ainsi dans la nuit se perdait.
L'empereur était là, debout, qui regardait.
Il était là comme un arbre en proie à la cognée.
Sur ce géant, grandeur jusqu' alors épargnée,
Le malheur, bûcheron sinistre, était monté;

Et lui, chêne vivant, par la hache insulté,
Tressaillant sous le spectre aux lugubres revanches,

Il regardait tomber autour de lui ses branches.

Chefs, soldats, tous mouraient. Chacun avait son tour
Tandis qu'environnant sa tente avec amour,

Voyant son ombre aller et venir sur la toile,

Ceux qui restaient, croyant toujours à son étoile,
Accusaient le destin de lèsc-majesté.

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Les soldats moururent par centaines de froid et de priva tions. A partir de ce moment commencèrent les revers.

Napoléon fut encore vainqueur, mais la France était fatiguée des guerres; les étrangers de plus en plus mécon

NAPOLÉON EN ROUTE POUR

STE. HÉLÈNE

tents commençaient à envahir les frontières. Ils s'avancèrent jusqu'à Paris, qui fut obligé d'ouvrir ses portes.

Napoléon qui était dans l'est apprit que le Sénat l'avait déposé. Voyant tout contre lui, il abdiqua au château de Fontainebleau en faveur de

son fils. La garde impériale,

formée de l'élite des soldats,
dont la plupart avaient vu
toutes les guerres de la Répu-
blique et de l'Empire, l'attendait
pour lui faire ses adieux. Ces
hommes, qu'aucun danger ni
aucune privation n'avait fait
reculer, pouvaient à peine re-
tenir leurs sanglots. Napoléon
parut, il commanda de faire
former le cercle autour de lui,
et leur dit: 'Soldats de ma
vieille garde, je vous fais mes
adieux. Depuis vingt ans je
vous ai trouvés constamment
sur le chemin de l'honneur et
de la gloire. Dans ces derniers
temps comme dans ceux de
notre prospérité, vous n'avez
cessé d'être des modèles de
bravoure et de fidélité
Mes amis, continuez de servir
la France. Son bonheur était
mon unique pensée; il sera
toujours l'objet de mes vœux!

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. . . Je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble! Adieu, mes enfants!' Ne pouvant les embrasser

tous, il baisa le drapeau. Adieu, encore une fois, mes vieux compagnons, dit-il. Que ce dernier baiser passe dans

vos cœurs!'

Il partit pour l'île d'Elbe, dans la Méditerranée; mais son armée n'avait jamais cru à son départ définitif. Le frère de Louis XVI., Louis XVIII. avait été replacé sur le trône; mais on était mécontent en France. Napoléon, tenu au courant, de ce qui se passait, débarqua à Cannes et arriva à Paris au milieu des acclamations générales.

Mais il ne régna que 'Cent jours.' L'Europe effrayée se coalisa contre lui; après la bataille de Waterloo il fut obligé de se retirer et alla finir ses jours à Ste Hélène, une île déserte sur la côte ouest d'Afrique.

Son fils, Napoléon II., fut emmené en Autriche par sa mère, Marie-Louise, fille de l'empereur d'Autriche. Il mourut à vingt et un ans d'une maladie de poitrine.

10.-DE NOS JOURS.

Nous profitons aujourd'hui des bienfaits et des fautes de tous nos prédécesseurs. Depuis quelques anneés, la France a adopté La Semeuse' comme effigie

de ses pièces de monnaie d'argent, et jamais emblême n'a été mieux approprié. Elle sème ses idées et est heureuse d'en faire profiter tous ceux qui savent les faire germer. Elle est l'amie de tous ceux qui veulent être ses vrais amis.

Mais pour être amis, il faut se voir de près les uns chez les autres, se connaître à fond.

Le roi Édouard VII. l'a bien compris. Au commencement de Mai 1903, il vint

'LA SEMEUSE'

à Paris faire une visite à Monsieur Loubet, président de la République française. Il fut reçu avec enthousiasme. Son train spécial arriva à la gare de ceinture de l'Avenue du Bois de Boulogne.

Il faisait très beau temps; l'avenue était bordée de troupes et une foule compacte attendait depuis plusieurs heures pour saluer le roi. La bonne humeur française régnait partout;

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bien des gens qui avaient vu le Prince de Gal

gardé de son tact et de son affabilité le meilleu

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