mais il était retenu par la cour et les seigneurs. Ces demandes constituaient une révolution, c'est-à-dire le changement de la royauté absolue, par laquelle le roi avait toute l'autorité sur le pays, en royauté constitutionnelle. Le peuple voulait choisir les députés en qui il aurait confiance, pour travailler au bien du pays avec le roi. Le roi, poussé par la cour, fit venir 30,000 hommes de troupes autour de Versailles et renvoya son sage ministre, Necker, qui lui conseillait de faire justice et de partager également les impôts entre les nobles, le clergé et le peuple. Le 14 Juillet 1789, le peuple, furieux du renvoi de Necker, marcha en armes contre la Bastille. C'était une prison d'État où étaient renfermés ceux qui avaient déplu au roi ou à quelque seigneur, et souvent n'avaient fait aucun mal. Un an après, le roi accepta solennellement la Constitution; mais il eut ensuite peur des conséquences de son acte, et voulut s'enfuir de France avec la reine, Marie Antoinette et ses enfants. Mais en route ils furent reconnus et ramenés à Paris, où on les mit en prison. Ils furent jugés et accusés d'avoir trahi la France et furent décapités, malgré les efforts de leurs amis pour les sauver. Cette exécution était un crime, car le roi Louis XVI. était innocent; mais il payait pour fautes de ses prédécesseurs qui avaient accablé le peuple au lieu de l'aider, et n'avaient pas appris que le roi est le premier serviteur de ses sujets. les Le peuple avait été heureux de voir que le roi promettait de le traiter avec justice, mais lorsqu'il le vit appeler les étrangers en France et essayer de fuir lui-même, sa colère ne connut plus de bornes et pendant plusieurs mois il se commit des horreurs et des meurtres abominables en France. Les nobles durent s'enfuir à l'étranger; on leur prit leurs terres et leurs richesses et beaucoup durent travailler pour vivre. Le peuple n'eut aucune pitié pour ceux qui l'avaient tant fait souffrir et le méprisaient encore. Si les demandes des États-Généraux avaient été honnêtement accordées, même en 1789, il est probable que les massacres qui ont été justement appelés La Terreur' n'auraient pas eu lieu. L'HISTOIRE DE FRANCE 47 ou pouvoir absolu des seigneurs sur leurs sujets, fut abolie. L'égalité de tous les hommes devant la loi fut établie et l'industrie et le commerce devinrent libres. La royauté absolue avait pour toujours disparu en France, 9. NAPOLÉON IER EMPEREUR (1804-1815). A la nouvelle de la mort de Louis XVI., tous les souverains d'Europe s'étaient émus, car ils sentaient la royauté en danger. Pour empêcher les idées révolutionnaires de pénétrer dans leurs pays, ils formèrent une coalition ou ligue contre la France qui venait de proclamer la République. Les frontières étaient menacées, et les Français eurent besoin de tout leur courage et de tout leur enthousiasme pour repousser l'ennemi. Ils avaient à leur tête d'habiles et braves généraux parmi lesquels se trouvait Bonaparte, qui fut plus tard l'empereur Napoléon 1er. Bonaparte était né en 1769, en Corse, une île de la Méditerranée au sud-est de la France. Jusqu'à l'âge de dix ans, ce fut un enfant exemplaire; mais après cela il commença à montrer un caractère turbulent et désobéissant. Il aimait par dessus tout les soldats; quand il en passait, il quittait tout et courait se placer parmi eux armé de son sabre et de son petit fusil. Il avait réuni les enfants d'Ajaccio, sa ville natale, en armée et il les conduisait se battre contre les enfants des environs; il inventait des ruses de guerre et attirait l'ennemi dans des embûches. Dès qu'il sut parler et penser, sa seule idée fut d'être soldat; il échangeait son pain blanc contre du pain gris de munition pour s'habituer à la nourriture des camps. Il avait aussi la passion du calcul; à huit ans, il travaillait seul dans une chambrette en planches qu'on lui avait fait construire. Un jour, tout enfant, il se fit expliquer le mécanisme d'un moulin par un des fermiers des Bonaparte, et combien de blé on y moulait par heure; il calcula en quelques minutes combien cela devait faire par jour et par semaine. Le fermier émerveillé ramena l'enfant chez lui et prédit à la mère qu'il serait le premier homme du monde. Envoyé en pension en France, il souffrit beaucoup du mal du pays; ses camarades se moquaient de son accent, et lui disaient qu'il n'était pas français. Il restait presque toujours seul; les autres élèves ne l'aimaient pas à cause de son dédain et de son silence. Dans la petite pièce de terre que le principal du collège donnait à chaque élève, il s'était fait un vrai jardin qui en deux ans avait formé un berceau où il se retirait pour lire et travailler. Il devint pourtant plus sociable et fut mis à la tête des jeux, qui étaient naturellement des jeux militaires. Un hiver, qu'il y avait beaucoup de neige, il bâtit, avec ses camarades, une vraie forteresse qui fut attaquée et prise à coups de boules de neige. Bonaparte inventait chaque jour de nouvelles manoeuvres qui tenaient en éveil l'intérêt des combattants. Il passa ensuite à l'école militaire de Paris, en sortit comme sous-lieutenant et se fit bientôt remarquer dans les NAPOLEON IER. armées de la République. Il fut général à vingt-quatre ans et marcha de victoire en victoire; d'abord en Italie puis en Égypte. Là, apprenant que des troubles intérieurs agitaient la France, il revint précipitamment à Paris. Bonaparte se mit à la tête des armées et dispersa les membres du gouvernement avec ses soldats. Il fit un Coup d'État, c'est-à-dire qu'il renversa le gouvernement établi et le remplaça par un autre, le Consulat, dont il fut le chef ou premier consul. Il continuait toujours ses guerres et ses conquêtes. La France, après avoir chassé tous les étrangers, s'agrandissait elle-même et dépassait ses limites. Bonaparte, devenu tout-puissant et pressé par le peuple, accepta le titre d'empereur et fut sacré L'HISTOIRE DE FRANCE 49 à Paris par le pape Pie VII., le 2 Décembre 1804, sous le nom de Napoléon 1er. Il se forma une nouvelle cour; les frères de l'empereur devinrent rois de Hollande, de Westphalie, etc., une de ses sœurs épousa le futur roi de Naples. Napoléon, empereur, rêva de posséder l'empire de Charlemagne, et d'en léguer la couronne à son fils. Sa 'Grande Armée' lui était toute dévouée et était prête à le suivre au bout du monde. Outre son génie des batailles, il avait le don de parler à ses troupes. Avant les combats il leur adressait des discours qui les remplissaient de courage et d'enthousiasme et pour mériter le 'soldats, je suis content de vous!' ils se seraient fait tuer jusqu'au dernier. Il vainquit successivement presque toutes les nations d'Europe. Puis, en 1811, il eut enfin un fils qu'il nomma 'roi de Rome' le jour de sa naissance. Mais en 1812, Napoléon déclara la guerre à l'empercur de Russie. Après une marche pénible entravée par le mauvais D |