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injuste à leur égard, demandèrent - ils l'appui du roi d'Angleterre. Édouard III. commença par détruire la flotte française sur les côtes de Flandre et entra ensuite en France par la Normandie. Ce fut le commencement de la guerre dite 'de Cent Ans' entre la France et l'Angleterre.

Édouard III. dirigeait ses armées avec calme, et il était admirablement secondé par son fils âgé de seize ans, le Prince Noir; l'armée française était pleine de bravoure mais mal disciplinée; les seigneurs ne voulaient être

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dirigés par personne; aussi, pour commencer, l'avantage fut-il aux Anglais.

Après plusieurs victoires, Édouard III. alla mettre le siège devant Calais au Nord de la France. Les habitants résistèrent bravement pendant onze mois, mais au bout de ce temps, la famine les força de se rendre. Le roi d'Angleterre, furieux d'avoir été tenu en échec aussi longtemps, ordonna qu'on tuât tous les habitants. Puis, se ravisant, il dit qu'il leur ferait grâce de la vie si six des plus riches bourgeois venaient en chemise et la corde au cou lui apporter les clefs de la ville, et s'ils consentaient à mourir pour sauver leurs concitoyens.

Eustache de St. Pierre, un noble habitant de Calais, se dévoua le premier, et immédiatement cinq autres suivirent son exemple. La triste procession se rendit au camp d'Édouard III. et attendit qu'il donnât le signal de mort. Mais la reine d'Angleterre, Philippa de Hainaut, touchée de tant de grandeur d'âme, se jeta aux genoux de son époux et obtint la grâce des courageux citoyens.

DUGUESCLIN (1314-1380).

Les Français furent encore battus plusieurs fois, mais le inalheur leur donnait de l'expérience, et sous le roi Charles V., petit-fils de Philippe VI., ils commencèrent à prendre de l'avantage. Sous ce roi vivait 'le Breton

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Duguesclin.'

Les Bretons, comme tous ceux de race celtique, ont, dit-on, la tête dure,' un courage à toute épreuve et un patriotisme qui va jusqu'à la témérité. Bertrand Duguesclin était le type parfait du Breton.

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Né vers 1314 dans un château près de Rennes, c'était l'enfant le plus laid et le plus difficile qu'on pût voir de Rennes à Dinan.'. Il n'obéissait à personne; son précepteur n'avait jamais pu lui apprendre à lire. Son plus grand plaisir était de courir les foires et d'aller se battre avec les petits paysans.

DUGUESCLIN

Sa mère était navrée d'avoir un tel fils, et comme elle s'en plaignait un jour à une religieuse de ses amies: 'Ne vous désolez pas, lui répondit la bonne sœur, il y a de l'étoffe dans cet enfant et il vous couvrira un jour de gloire.'

A seize ans, Bertrand se sauva de la maison paternelle et courut les aventures. Il se fit remarquer partout par sa force, son courage et son habileté; à l'âge de quarante-cinq ans il passa au service du roi.

C'est lui qui le premier employa la guerre d'escarmouche; un système de ruses où il était impossible de le vaincre.

Quand l'ennemi avait une position avantageuse sur une hauteur, après une première attaque il faisait mine de se retirer; l'ennemi se débandait pour le poursuivre, aussitôt il faisait volte-face et remportait généralement la victoire.

La veille du sacre de Charles v., dans la cathédrale de Reims, il lui envoya la nouvelle de sa première grande victoire sur les Anglais.

A cette époque, la France était ravagée par des bandes. de pillards; c'étaient des soldats que le métier des armes avait déshabitués du travail des champs; tant qu'ils ne combattaient pas, ils vivaient de pillages et semaient la terreur autour d'eux.

en

Duguesclin les organisa en armée et les emmena Espagne au secours du roi qui avait été détrôné. L'usurpateur appela à son secours le prince Noir qui arriva avec une nombreuse armée: Duguesclin fut fait prisonnier et emmené à Bordeaux où le prince Noir tenait sa cour.

Quoiqu'il fût très bien traité, Duguesclin 'rongeait son frein' et aspirait après les combats. Un jour le prince le rencontra et lui dit :

'Comment allez-vous, Bertrand ?

Fort bien, paraît-il. Je suis le premier chevalier du monde, puisque vous n'osez pas me permettre de payer pour ma liberté !

Et combien estimez-vous cette précieuse liberté ? lui répondit le prince piqué.

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Le prince le regarda étonné, car c'était une somme énorme à cette époque.

'Oh! poursuivit Duguesclin suivant l'idée du prince, il n'y a pas une femme en Bretagne qui ne file sa quenouille pour payer ma rançon !'

En effet, le prince Noir qui ne pouvait s'empêcher d'admirer son ennemi, accepta l'offre, et la somme fut entièrement levée en Bretagne.

Sa liberté achetée, Duguesclin replaça le roi d'Espagne sur le trône, et alla quelque temps après mettre le siège devant Châteauneuf de Randon près de Bordeaux. La ville fut prise, mais il mourut la veille de sa victoire et le

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дема

Gouverneur vint lui-même poser les clefs sur son lit de

mort.

Toute la France porta le deuil du vaillant Breton, et Charles v. ordonna qu'on l'enterrât à St. Denis dans le tombeau des rois de France. I

Après la mort de Duguesclin, la France retomba dans la détresse. Charles v., surnommé le Sage parcequ'il avait si bien gouverné, était mort aussi, et avait laissé pour lui succéder un jeune prince de douze ans, Charles VI., faible de cerveau et incapable de gouverner: pour comble de malheur la guerre civile éclata, et la France perdit peu à peu toutes ses belles provinces.

Après la mort de Charles VI., le jeune roi Charles VII., découragé, laissait faire et tâchait d'oublier les malheurs de la France dans les fêtes et les plaisirs. Bien des cœurs français étaient tristes; pourtant, plus d'un avait pitié du jeune roi et espérait que ce triste état de choses aurait une fin.

Partout dans les campagnes, le soir, autour du feu en hiver, ou devant la porte en été, on causait à voix basse, et ce n'étaient que récits de guerre, de massacres, de dévastations.

JEANNE D'ARC (1412-1431). Camp

A Domrémy, dans un petit village de Lorraine, vivait un paysan, Jacques d'Arc. L'une de ses filles, Jeanne, était particulièrement navrée des tristes histoires qui, au lieu de contes de fées, avaient bercé son enfance. Elle avait le cœur chaud et l'imagination vive. Toute la journée, soit en cousant et en filant à la maison, soit en gardant ses moutons aux champs, elle ne cessait d'avoir des visions de son pauvre pays à la veille de la ruine, de ce pauvre jeune roi qui n'avait pas encore été sacré à Reims, et elle n'avait qu'une idée fixe: 'Que pourrais-je faire pour sauver la France et mettre le roi sur son trône ?'

Un jour qu'elle était aux champs plus absorbée que d'habitude, il lui sembla voir tout à coup une grande lumière, et comme elle regardait en extase, elle entendit une voix qui lui disait: Jeanne, lève-toi, va délivrer la

France et faire couronner le roi!' Transportée, elle s'écria!

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'Mais comment le pourrais-je ? je ne suis qu'une pauvre fille! Nous t'y aiderons,' reprit la voix.

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