Page images
PDF
EPUB

Je sp

fallait attendre la belle saison, faire de grandes provisions pour un si long voyage, se préparer enfin; un grand nombre d'entre eux ne voulurent rien entendre et partirent tout de suite. Ils moururent misérablement en route de fatigue et de faim.

Les seigneurs normands et autres qui avaient déjà fait beaucoup d'expéditions savaient comment se préparer; il leur fallut plus d'un an pour être prêts à partir. Au bout d'une autre année, ils prirent Jérusalem et plusieurs villes

[graphic][subsumed][merged small]

voisines dont ils firent des colonies. Leur chef, Godefroy de Bouillon, ne voulut pas être couronné roi d'un pays où le Christ avait porté une couronné d'épines, il n'accepta que le titre de Baron du Saint Sépulcre.

Malheureusement, aussitôt que les chefs des croisés étaient de retour en Europe, les Turcs reprenaient l'avantage et pendant un siècle et demi les rois ou les seigneurs entreprirent huit croisades différentes. Le roi d'Angleterre Richard-Coeur-de-Lion se distingua à la troisième et planta le drapeau anglais sur la ville de St. Jean d'Acre.

SAINT LOUIS (1226-1270).

Le roi de France qui prit la plus grande part aux croisades

fut Saint Louis.

Louis IX. ou Saint Louis n'avait que douze ans lorsqu'il

[graphic]

ÉDUCATION DE ST. LOUIS PAR SA MÈRE BLANCHE DE CASTILLE.

monta sur le trône à la mort de son père. Sa mère, Blanche de Castille, fut régente, c'est-à-dire qu'elle gouverna pour son fils jusqu'à ce qu'il fût en âge de régner lui-même.

Hes

u'il

anche pour

L'HISTOIRE DE FRANCE

17

La régente était une princesse des plus vertueuses. Elle était ferme et douce, et quoiqu'elle aimât beaucoup son fils, elle ne lui permit jamais de profiter de ce qu'il était prince pour mal faire. Elle était très belle et ses sujets l'admiraient beaucoup.

C'est sans doute grâce à l'excellente éducation qu'il avait reçue de sa mère que Saint Louis devint un des rois le plus admirés de l'histoire. Les autres rois de son temps lui demandaient conseil et étaient toujours satisfaits de ses jugements.

Le jeune Louis IX. était beau comme sa mère, il avait de longues boucles blondes qui lui tombaient sur les épaules, et de très beaux yeux. Il s'habillait plus simplement que les seigneurs qui l'entouraient, mais il avait malgré cela toute la majesté d'un roi.

Il était poli et affectueux pour dentaient, il leur pauvres mais si les

riches et les grands

montrait une sévérité qui les rendait respectueux et soumis.

Tout enfant, déjà, il préférait à toutes les autres les histoires des croisades. Il tomba dangereusement malade, et Promit que s'il guérissait il irait à la croisade. Une fois rétabli, il fit ses préparatifs de départ et se dirigea d'abord vers l'Égypte, où il y avait beaucoup de Turcs, accompagné de ses frères et d'un grand nombre de seigneurs. Ceux-ci avaient vendu leurs châteaux parce qu'ils n'étaient past assez riches pour payer un si long voyage.

Les croisés traversèrent la Méditerranée et arrivèrent à Damiette à l'embouchure du Nil. Là ils durent livrer plusieurs batailles et prirent la ville; un frère du roi mourut et lui-même, très malade, fut fait prisonnier. Au bout de quelque temps de grandes souffrances, Saint Louis obtint enfin des Turcs de leur payer une grosse somme d'argent pour la rançon de ses serviteurs. Pour lui-même il rendit la ville de Damiette, 'car,' dit-il, 'la liberté du roi de France ne se paye pas avec de l'argent.'

Revenu en France, Saint Louis apprit avec douleur la mort 2 de sa mère, Blanche de Castille. Il dut ésormais gouverner entièrement par lui-même et travailla de son mieux à améliorer la condition de ses sujets.

B

Certains seigneurs avaient une manière barbare et injuste de juger les disputes de leurs sujets. Ils les forçaient à sc battre l'un contre l'autre sur la place publique, et donnaient raison au vainqueur. Wctor required

Saint Louis exigea que les juges aient à écouter les deux adversaires, qu'ils prennent par écrit leurs plaintes, qu'ils les étudient bien et rendent ensuite une justice exacte. Lui-même aimait à rendre la justice. Comme il n'était pas

[graphic][subsumed]

SAINT LOUIS AU CHÊNE DE VINCENNES.

facile aux pauvres gens d'entrer dans son palais, le roi allait souvent s'asseoir sous un chêne, 'le chêne de Saint Louis' à Vincennes près de Paris; et là, en plein air, il n'y avait pas de portes gardées, et tous pouvaient s'adresser au roi. Saint Louis les écoutait avec bonté et jamais personne ne le quittait sans un bienfait ou une bonne parole.

✓ Cependant, Saint Louis n'avait jamais oublié sa promesse de délivrer la Terre Sainte des mains des infidèles. Il partit avec une armée, passa de nouveau la Méditerranée et débarqua en Afrique à Tunis, qui appartenait aux Turcs.

Mais à peine arrivés, les soldats tombèrent malades de la peste, une terrible épidémie qui emportait un homme en quelques heures. Le roi soignait lui-même les malades. Un jour il se sentit atteint du fléau; par humilité, il se fit coucher sur un lit de cendres et mourut au milieu des princes, des barons et des soldats, pleurant amèrement leur roi, qui les abandonnait pour la première fois. Son fils Philippe III. ramena son corps en France; une multitude en larmes le conduisit à Saint Denis où sont enterrés les rois de France.

4. LA GUERRE DE CENT ANS (1336-1453).—EUSTACHE DE ST. PIERRE (1347).-DU GUESCLIN (1314-1380). -JEANNE D'ARC (1412-1431).

Les rois de France se succédaient de père en fils; à défaut d'héritier mâle, la couronne passait au frère du roi, puis au plus proche cousin, car, d'après la loi salique, la succession ne pouvait pas se faire par les femmes.

Or, en 1328 on avait élu en France le roi Philippe VI. de Valois qui était un cousin très éloigné de son prédécesseur. Son plus puissant vassal était Édouard III., roi d'Angleterre, qui possédait en France l'Aquitaine pour laquelle il était venu rendre hommage au roi. Comme le chef Normand, Rollon, Édouard III. avait refusé de se mettre à genoux et avait prononcé debout les paroles d'usage.

Les deux rois s'étaient séparés la haine dans le cœur, et, rentré en Angleterre, Édouard III. avait juré devant toute sa cour qu'il ne se passerait pas longtemps avant que Philippe VI. ne le revît en France autrement que comme vassal.

En attendant, les deux monarques se faisaient la guerre indirectement. Philippe VI. soutenait les Écossais soulevés contre Édouard III., et celui-ci aidait les Flamands contre le roi de France.

Les Flamands étaient naturellement alliés aux Anglais par leur commerce, quoique leur duc fût protégé par Philippe VI. C'est de l'Angleterre qu'ils recevaient la laine avec laquelle ils faisaient des étoffes de drap, qu'ils lui revendaient ensuite. Aussi quand leur duc se montra

« PreviousContinue »