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Si je meurs avant vous, vous serez le père de mes enfants: si vous mourez avant moi, je serai le père des vôtres. Et si, l'un et l'autre, nous mourons avant qu'ils soient en âge de pourvoir eux-mêmes à leurs nécessités, ils auront pour père le Père qui est dans les cieux. LAMENNAIS, Paroles d'un Croyant.

XXVI.

DU COURAGE.

"J'admire," dit Tibère à Bélisaire, “le courage avec lequel vous supportez l'adversité." "Le courage," reprit le héros, "ne consiste pas seulement dans le mépris de la mort; c'est la bravoure d'un simple soldat. Le courage qui convient à un général doit le rendre capable de braver les vicissitudes de la fortune avec fermeté. Savez-vous qui est le plus courageux des hommes ? C'est celui qui aux dépens de sa gloire persiste à faire son devoir. Le ferme et sage Fabius donna un exemple frappant de cette espèce de courage; il souffrit le mépris du monde avec patience, et fit son devoir comme s'il avait été inspiré par des louanges. Quelle différence avec ce vain et faible Pompée qui hasarda le sort de Rome et de l'univers, plutôt que de supporter les railleries de ses compagnons d'armes. Croyez-moi, mon ami, un sourire de la vertu est plus précieux que toutes les caresses de la fortune."-Marmontel.

XXVII.

LE BON FRÈRE.

Le fils d'un riche négociant de Londres s'était livré dans sa jeunesse à tous les excès. Il irrita son père, dont il méprisa les sages avis.1 Le vieillard, près de terminer sa carrière, fait un acte par lequel il déshérite son jeune fils, et meurt. Dorval, instruit de la mort de son père, fait de sérieuses réflexions, rentre en lui-même et pleure ses égarements passés.

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Il apprend bientôt qu'il est déshérité; cette nouvelle n'arrache de sa bouche aucun murmure injurieux à la mémoire de son père, au contraire, il la respecte jusques dans l'acte le plus désavantageux à ses intérêts. Il dit seulement ces mots : "Je l'ai mérité !"

Cette modération parvient aux oreilles3 de son frère, qui, charmé de voir le changement des mœurs de Dorval, va le trouver, l'embrasse tendrement, et lui adresse ces paroles à jamais mémorables: "Mon frère, par un testament que notre père a fait en mourant, il m'a institué son légataire universel*; mais il n'a voulu exclure que l'homme que vous étiez alors, et non celui que vous êtes aujourd'hui : je vous rends la part qui vous est due."

XXVIII.

LA PRIÈRE.

Quand vous avez prié, ne sentez-vous pas votre cœur plus léger, et votre âme plus contente?

La prière rend l'affliction moins douloureuse, et la joie plus pure: elle mêle à l'une je ne sais quoi de fortifiant et de doux, et à l'autre un parfum céleste.

Que faites-vous sur la terre, et n'avez-vous rien à demander à celui qui vous y a mis ?1

Vous êtes un voyageur qui cherche la patrie. Ne marchez point la tête baissée : il faut lever les yeux pour reconnaître sa route.3

Votre patrie, c'est le ciel ; et quand vous regardez le ciel, est-ce qu'en vous il ne remue rien ?'est-ce que nul désir ne vous presse? ou ce désir est-il muet?

Il en est qui disent: A quoi bon prier? Dieu est trop au-dessus de nous pour écouter de si chétives créatures.

Et qui donc a fait ces créatures chétives, qui leur a donné le sentiment, et la pensée, et la parole, si ce n'est Dieu ?

Et s'il a été si bon envers elles, était-ce pour les délaisser ensuite et les repousser loin de lui?

En vérité, je vous le dis, quiconque dit dans son cœur que Dieu méprise ses œuvres, blasphème Dieu.

Il en est d'autres qui disent: A quoi bon prier ? Dieu ne sait-il pas mieux que nous ce dont nous avons besoin?

Dieu sait mieux que vous ce dont vous avez besoin, et c'est pour cela qu'il veut que vous le lui demandiez ; car Dieu est lui-même votre premier besoin, et prier Dieu, c'est commencer à posséder Dieu.

Le père connaît les besoins de son fils; faut-il à

cause de cela que le fils n'ait jamais une parole de demande et d'actions de grâces pour son père?

Quand les animaux souffrent, quand ils craignent, ou quand ils ont faim, ils poussent des cris plaintifs." Ces cris sont la prière qu'ils adressent à Dieu, et Dieu l'écoute. L'homme serait-il donc dans la création le seul être dont la voix ne dût jamais monter à l'oreille du Créateur ! 8

Il passe quelquefois sur les campagnes un vent qui dessèche les plantes, et alors on voit leurs tiges flétries, pencher vers la terre; mais, humectées par la rosée, elles reprennent leur fraîcheur, et relèvent leur tête languissante.

Il y a toujours des vents brûlants, qui passent sur l'âme de l'homme, et la dessèchent. 10 La prière est la rosée qui la rafraîchit.—LAMENNAIS, Paroles d'un Croyant.

XXIX.

INTERPRÉTATION D'UN TESTAMENT.

Un marchand fort riche, qui n'avait qu'un fils unique, fit son testament, par lequel il donna tout son bien, qui montait à trois cent mille francs, à certains religieux, les laissant libres de donner à son fils telle somme qu'ils voudraient.1

Le marchand meurt; les religieux s'emparent de tout, sans vouloir rien donner à l'héritier. Ce dernier

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se plaint et les fait venir devant le vice-roi, qui, ayant lu le testament, demanda aux religieux ce qu'ils offraient au fils. Dix mille francs, répondent-ils.

"Vous voulez donc avoir tout le reste? Oui, monseigneur; nous demandons l'exécution du testament. Cela est juste, dit le vice-roi; mais vous l'entendez mal.3 Il est dit que le fils aura ce que vous voudrez: la succession est de trois cent mille francs; vous en accordez dix à l'héritier : c'est donc deux cent quatre-vingt-dix mille que vous voulez. Eh bien! suivant la clause du testament, cette somme appartient au fils. Je vous ordonne de la lui rendre : les dix mille francs restants

seront pour vous." Il fallut en passer par là.*

XXX.

LA PREMIÈRE Qualité d'une FEMME.

La première et la plus importante qualité d'une femme est la douceur. Faite pour obéir à un être aussi imparfait que l'homme, souvent si plein de vices et toujours si plein de défauts, elle doit apprendre de bonne heure à souffrir même l'injustice et à supporter les torts d'un mari sans se plaindre: ce n'est pas pour lui, c'est pour elle qu'elle doit être douce.

L'aigreur et l'opiniâtreté des femmes ne font jamais qu'augmenter leurs maux et les mauvais procédés des maris ;'ils sentent que ce n'est pas avec ces armes-là qu'elles doivent vaincre. Le ciel ne les fit point in

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