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IV.

LE SOLDAT ANGLAIS.

Le Maréchal d'Aumont prit Grodon, en Bretagne, sur les ligueurs.63 Il avait ordonné de passer au fil de l'épée tous les Espagnols66 qui composaient la garnison de la place.

Malgré la peine de mort décernée1o contre ceux qui n'éxécuteraient25 pas les ordres du général, un soldat anglais sauva un des Espagnols. L'Anglais, déféré pour ce sujet au conseil de guerre,63 convint du fait, et ajouta qu'il était disposé à souffrir la mort, pourvu qu'on accordât la vie à l'Espagnol. Le maréchal surpris, lui demanda pourquoi12 il prenait un si grand intérêt à la conservation49 de cet homme ?

"C'est," répondit il, "Monsieur, qu'en pareille71 rencontre il m'a sauvé une fois la vie15 à moi-même; et la reconnaissance exige63 de moi que je la lui sauve_aujourd'hui11 aux dépens de la mienne." Le maréchal, charmé du bon coeur34 du soldat anglais, lui accorda la vie, de même qu'à l'Espagnol, et les comblas tous deux d'éloges.63

66

QUESTIONNAIRE.

1. Quelle action de valeur fit le maréchal d'Aumont ?-2. Où est Grodon ?-3. Sur qui prit-il Grodon ?-4. Qui est-ce qui composait la garnison de la place ?-5. Qu'ordonna-t-il à ses soldats de leur faire?-6. Quelle peine infligerait-il à celui qui enfreindrait cet ordre?-7. Malgré cela, que fit un soldat anglais?— 8. Que lui arriva-t-il ?—9. Que fit-il ?-10. Que dit-il devant le conseil de guerre ?-11. Que lui demanda le général ?-12. Quelle fut la réponse du soldat ?-13. Comment le général récompensa-t-il cet acte de dévouement et de grandeur?

V.

LE SINGE ET LE DAUPHIN.

71

Un vaisseau26 fit naufrage près d'Athènes87 et tout l'équipage périt. On dit que le dauphin79 est l'ami de l'homme. Cet_animal passant auprès du vaisseau à moitié enfoncé dans l'eau, vit un singe sur le tillac.7 Il le prit pour un homme, et le fit asseoir sur son dos, 19 en lui disant: Ne craignez rien ;46 je suis bien aise d'être venu assez à temps45 pour vous sauver la vie. Etes-vous d'Athènes lui demanda ensuite le dauphin,79 et y23 avez-vous des amis? Oui, répondit le singe, et j'y23 suis fort connu. J'ai un cousin qui a été maire et mon oncle_est à présent juge. Vos parents sont de distinction, dit le dauphin: connaissezvous le Pirée ?10 Si je le connais ! répondit le singe : c'est un de mes bons amis: nous buvons souvent bouteille ensemble.

A ces mots, le dauphin fit un grand éclať99 de rire, car le Pirée est le nom du port d'Athènes : ensuite_il tourna la tête, et voyant23 qu'il ne portait qu'une bête, il s'en débarrassa et la1 laissa à la merci14 des flots.

QUESTIONNAIRE.

1. Où fit naufrage ce vaisseau ?-2. Quelles en furent les conséquences ?-3. Que dit-on du dauphin ?—4. Dans quelle situation était le vaisseau ?-5. Que vit le dauphin sur le tillac de ce vaisseau?—6. Pour qui le prit-il ?-7. Où le fit-il asseoir?— 8. Que lui dit-il ?-9. Que lui demanda-t-il ?-10. Quelle fut la réponse du singe ?—11. Que remarqua le dauphin ?—12. Que lui demanda-t-il encore ?-13. Que répondit le singe ?-14. Le dauphin fut-il dupe de son ignorance et de son orgueil ?—15. Que fit-il ensuite?

VI.

BEAU TRAIT DE COURAGE.

Monsieur Richardson, capitaine d'un vaisseau marchand45 anglais, ayant été assailli,71 il y a quelques années, près de Dantzick, par une furieuse tempête, lutta toute la nuit contre la violence des flots.

Quoique ses voiles se trouvassent déchirées, et ses cordages rompus, il manoeuvra avec tant d'intelligence et d'activité, qu'il entra dans le port de cette ville avant la fin du jour. A peine fut il arrivé qu'il alla prier le capitaine d'un vaisseau qui était à l'ancre, de porter du secours à36 seize personnes qu'il avait vues dans le plus grand danger sur le tillac11 d'un vaisseau appartenant à des Dantzikois. Celui-ci ayant23 répondu qu'il ne voulait pas s'exposer à périr lui-même, Richardson lui dit :-"Eh bien ! puisque le danger 15 vous effraie, quelque fatigué3 que je sois, je vais le braver. Je vous demande seulement vos gens parce que les miens sont excédés de travaux et de veilles." 71

Refusé sur cet article, il se borna à demander une chaloupe qui était plus grande que la sienne; mais elle lui fut également refusée. Indigné de tant de refus, le capitaine anglais sort du vaisseau, regagne le sien, et dit à ses matelots :-"Anglais, je trouve ici des âmes lâches et inhumaines; prouvons-leur que les nôtres ne le sont pas, et volons au secours de ces malheureux que vous voyez à la mer."

Tout l'équipage ayant répondu par_acclamation, 49 la chaloupe fut mise en mer, et les Anglais_affrontant la fureur des vagues, furent_assez heureux pour sauver la vie aux seize personnes du vaisseau naufragé; ce qu'ils ne purent faire qu'en trois voyages,23 parce que leur chaloupe était trop petite.

Le roi de Prusse, informé de cette action49 vertueuse, chargea son consul général, résidant à Dantzick, de remettre de sa part, au libérateur31 de seize de ses sujets, une médaille d'or, représentant, d'un côté, l'effigie de sa majesté, et sur le revers, une couronne de lauriers et de myrte.

Cette médaille a été remise à Monsieur Richardson, en présence des magistrats de Dantzick, de la plupart des Anglais qui y sont domiciliés, et de plusieurs_ étrangers qui se sont empressés15 de lui donner les éloges que méritait sa belle action.

QUESTIONNAIRE.

Qui était le capitaine de ce vaisseau marchand?—2. Que lui arriva-t-il près de Dantzick ?-3. Que fit-il ?—4. Quel fut le résultat de sa persévérance et de son activité ?-5. Que fit-il en arrivant? -6. Comment répondit-il au refus de cet insensible capitaine ?7. Que lui demanda-t-il en second lieu ?-8. Pourquoi ?—9. Qu'estce qui lui fut encore refusé ?—10. Indigné de tant de refus, que fit le capitaine anglais ?-11. Que dit-il à ses matelots ?-12. Par quoi les matelots répondirent-ils ?—13. Que firent ces braves Anglais?-14. Furent-ils heureux dans leur noble entreprise ?— 15. Combien de voyages firent-ils ?—16. Pourquoi ?-17. Qui fut informé de cette action ?-18. Comment la récompensa-t-il ?-19. Que représentait cette médaille ?-20. En présence de qui cette médaille fut-elle présentée au généreux Monsieur Richardson?

VII.

DAMON ET PYTHIAS.

Damon et Pythias, philosophes79 de la secte de Pythagore,87 vivaient du temps de Denis, tyran de Sicile. Leur amitié mutuelle était si forte, qu'ils étaient prêts à mourir l'un pour l'autre.

23

Un des deux étant condamné à mort par le tyran, obtint la permission d'aller dans son pays, pour régler ses affaires, à condition19 que l'autre consentirait à être emprisonné à sa place, et mis à mort pour lui s'il ne revenait pas avant le jour de l'exécution. 49 Chacun, et particulièrement le tyran lui-même, était dans la plus grande attente; tout le monde étant curieux de voir quelle serait l'issue d'une affaire si étrange.

Le temps était presque écoulé, et celui qui était parti ne paraissait pas on blâmait_universellement 45 la témérité de l'autre, à qui sa vive amitié avait fait courir un danger,45 en apparence si inévitable. Mais il persistait à soutenir qu'il n'avait pas le plus léger doute de la fidélité de son_ami. L'événement montra qu'il le connaissait bien.

Il vint à temps se soumettre à une destinée qu'il n'avait pas sujet de croire qu'il pût éviter, et à laquelle il ne voulait point échapper_en50 la laissant subir à son ami à sa place. Une telle fidélité adoucit le cœur34 farouche56 de Denis lui-même. Il pardonna à celui qui

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