Le plus saint des devoirs, celui qu'en traits de flamme La nature a gravé dans le fond de notre âme, C'est de chérir l'objet qui nous donna le jour. Qu'il est doux de remplir ce précepte d'amour! Voyez ce faible enfant que le trépas menace;
Il ne sent plus ses maux quand sa mère l'embrasse : Dans l'âge des erreurs, ce jeune homme fougueux N'a qu'elle pour ami quand il est malheureux : Ce vieillard qui va perdre un reste de lumière, Retrouve encor des pleurs en parlant de sa mère. Bienfait du Créateur, qui daigna nous choisir Pour première vertu notre plus doux plaisir !
Qu'entends-je ? Autour de moi l'airain sacré résonne ! Quelle foule pieuse en pleurant m'environne ? Pour qui ce chant funèbre et ce pâle flambeau ? O mort, est-ce ta voix qui frappe mon oreille, Pour la dernière fois ? Eh quoi ! je me réveille Sur le bord du tombeau ?
O toi! d'un feu divin précieuse étincelle, De ce corps périssable habitante immortelle, Dissipe ces terreurs la mort vient t'affranchir !
Prends ton vol, ô mon âme ! et dépouille tes chaînes. Déposer le fardeau des misères humaines,
Oui, le temps a cessé de mesurer mes heures. Messagers rayonnants des célestes demeures, Dans quels palais nouveaux allez-vous me ravir? Déjà, déjà je nage en des flots de lumière, L'espace devant moi s'agrandit, et la terre Sous moi semble frémir!
Mais qu'entends-je ? Au moment où mon âme s'éveille, Des soupirs, des sanglots ont frappé mon oreille ? Compagnons de l'exil, quoi! vous pleurez ma mort? Vous pleurez et déjà, dans la coupe sacrée
J'ai bu l'oubli des maux, et mon âme enivrée Entre au céleste port!
DE LAMARTINE-Méditations Poétiques.
LE CHAMP DU REPOS.
C'est là-bas près du village, C'est au pied du clocher noir, Sous l'ormeau dont le feuillage Se balance au vent du soir : Là finissent nos misères, Là reposent nos vieux pères ; Jusqu'au jour du grand réveil On y trouve un doux sommeil
La pelouse est inégale;
On la voit, comme les flots, S'élever par intervalle, S'abaisser dans cet enclos; De la tombe qui s'efface, Mille fleurs prennent la place: Jusqu'au jour du grand réveil
On y trouve un doux sommeil.-J. J. Porchat.
LE BERCEAU ET LA TOMBE.
Le berceau de l'enfant a le rideau de gaze, Le doux balancement du genou maternel, Et les songes légers et la première extase
Qui rayonne aux fronts purs comme un astre éternel.
La tombe a le gazon qui la couvre et la presse. Elle a le saule vert qui penche ses rameaux, Elle a le rosier blanc qu'une abeille caresse, Et la prière tendre et le chant des oiseaux. Tous les deux font rêver même l'indifférence; A l'amour du penseur ils ont partout des droits, Ils sont pleins de sommeil, de pain et d'espérance, Sur l'un veille une mère, et sur l'autre une croix. Ils parlent tous les deux d'une aurore vermeille, L'un à l'enfant naissant, et l'autre à l'homme mort. Le berceau donne un monde à l'enfant qui s'éveille, La tombe donne un ciel au juste qui s'endort. H. Violeau.
HYMNE DE L'ENFANT À SON RÉVEIL
O Père qu'adore mon père ! Toi qu'on ne nomme qu'à genoux ; Toi dont le nom terrible et doux Fait courber le front de ma mère.
On dit que c'est toi qui fais naître Les petits oiseaux dans les champs, Qui donnes aux petits enfants Une âme aussi pour te connaître.
On dit que c'est toi qui produis Les fleurs dont le jardin se pare, Et que sans toi, toujours avare Le verger n'aurait point de fruits.
Aux dons que ta bonté mesure Tout l'univers est convié ; Nul insecte n'est oublié
A ce festin de la nature.
Et, pour obtenir chaque don Que chaque jour tu fais éclore, A midi, le soir, à l'aurore, Que faut-il prononcer ton nom!
On dit qu'il aime à recevoir Les vœux présentés par l'enfance, A cause de cette innocence
Que nous avons sans le savoir.
Ah! puisqu'il entend de si loin Les vœux que notre bouche adresse, Je veux lui demander sans cesse Ce dont les autres ont besoin.
Mon Dieu, donne l'onde aux fontaines, Donne la plume aux passereaux,
Et la laine aux petits agneaux, Et l'ombre et la rosée aux plaines.
Donne au malade la santé,
Au mendiant le pain qu'il pleure, A l'orphelin une demeure
Au prisonnier la liberté.
Mets dans mon âme la justice, Sur mes lèvres la vérité ; Qu'avec crainte et docilité
Ta parole en mon cœur mûrisse.
Oh! bien loin de la voie Où marche le pécheur,
Chemine où Dieu t'envoie!
Enfant garde ta joie ! Lys! garde ta blancheur !
« PreviousContinue » |