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L'AVARE ET LA SOURCE.

Au pied d'une colline, une limpide source
Bientôt ruisseau paisible, arrosait dans sa course
Les champs riches d'épis, les prés riches de fleurs
D'un paisible sommeil ignorant les douceurs,
Et pressant dans sa main les cordons d'une bourse,
Un avare, en passant, sur ses bords vient s'asseoir,
Et dit: Tu devrais bien, source trop imprudente,
Pour conserver les flots de ton urne abondante,
Te creuser sous la terre un vaste réservoir.
Là, dans ta profondeur te contemplant sans cesse,
Tu connaîtrais enfin l'ineffable richesse,

Au lieu de t'épuiser pour des vallons ingrats.
Crois-moi, c'est le conseil et l'exemple d'un sage...
-C'est l'exemple d'un sot, d'un méchant personnage !
Votre égoïsme étroit ne me tentera pas.

Je veux par des bienfaits signaler mon passage;
Et quand le rossignol chante sur le bouleau,
Quand la fille des champs vient se mirer dans l'eau
Quand de son aile, enfin, m'effleure l'hirondelle,
Je murmure d'orgueil dans mon lit de cailloux.
Oh! de tant de bonheur qui ne serait jaloux !
Dites, ne dois-je pas vous servir de modèle ?
Que si l'été brûlant me tarit quelquefois,
Bientôt l'eau du ciel tombe et me rend à la fois
Mes flots et le plaisir de les répandre encore :
A l'avare inhumain notre mépris est dû :
Mais celui que pour tous un saint amour dévore,
Qu'un amour éternel par tous lui soit rendu.

Pierre Lachambaudie

L

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POÉSIE

ESPOIR EN DIEU.

Espère, enfant! demain ! et puis demain encore !
Et puis toujours demain ! croyons dans l'avenir.
Espère et chaque fois que se lève l'aurore,
Soyons là pour prier comme Dieu pour bénir!

Nos fautes, mon pauvre ange, ont causé nos souffrances Peut-être qu'en restant bien longtemps à genoux, Quand il aura béni toutes les innocences,

Puis tous les repentirs, Dieu finira par nous !

Victor Hugo.

MORALITÉ.

Ne vois le malheureux que pour le soulager,
Ne pense à tes défauts que pour t'en corriger,
Aux lois de l'Éternel tiens ton âme asservie ;
Et pour un plaisir passager

Où l'ange de mort te convie,

Ne mets jamais ton salut en danger;
Corrige sans aigreur, souffre sans te venger;
Étouffe en toi l'orgueil, la colère et l'envie,
Et songe bien, tous les jours de ta vie,
D'où tu viens, où tu vas, et qui doit te juger.

Chevreau.

L'ANGE ET L'ENFANT.

Un ange au radieux visage

Penché sur le bord d'un berceau,
Semblait contempler son image
Comme dans l'onde d'un ruisseau.

"Charmant enfant qui me ressemble,"
Disait-il, "oh! viens avec moi,
Viens, nous serons heureux ensemble :
La terre est indigne de toi.

"Là, jamais entière allégresse,
L'âme y souffre de ses plaisirs.
Les cris de joie, ont leur tristesse,
Et les voluptés, leurs soupirs.

"Et quoi les chagrins, les alarmes,
Viendraient troubler ce front si pur
par l'amertume des larmes

Et

Se terniraient ces yeux d'azur !

"Non, non, dans les champs de l'espace

Avec moi tu vas t'envoler:

La Providence te fait grâce

Des jours que tu devais couler."

Et, secouant ses blanches ailes,

L'ange à ces mots a pris l'essor
Vers les demeures éternelles . . .
Pauvre mère ! .. ton fils est mort.

Reboul.

JE VEUX T'AIMER.

Je veux t'aimer, toi mon Dieu, toi mon Père,
Mon Rédempteur, mon Roi ;

Je veux t'aimer, car la vie est amère
Pour ton enfant sans toi.

Je veux t'aimer, ô Dieu plein de tendresse
Qui m'aimas le premier ;

Je veux t'aimer, soutien de ma faiblesse,
Mon fort, mon bouclier.

Je veux t'aimer ! jamais celui qui t'aime

Seul ne se trouvera.

Je veux t'aimer! C'est de ton amour même Que mon âme vivra.

LA FLEUR ET LA VIE.

Elle n'est plus, elle est fanée,
Cette belle et charmante fleur!
Une seule et courte journée
A terni toute sa fraîcheur.

Ainsi se flétrit notre vie :
Elle s'échappe sans retour!
Comme la fleur de la prairie,
Son éclat ne dure qu'un jour.

Mais lorsque la fleur ainsi passe
Et qu'à toujours meurt sa beauté,
Pour nous, notre Dieu, par sa grâce
A préparé l'Eternité.

Malan.

L'ESPÉRANCE.

Fille des cieux, séduisante espérance!

Ange béni, tu berces notre cœur.

Pleine de charme, aux beaux jours de l'enfance, Console-nous aux jours de la douleur !

L'homme agité, sur ton ancre fidèle
Trouve un garant d'un avenir meilleur ;
L'homme qui rêve une gloire immortelle
A ton flambeau ranime son ardeur.

Pour un mortel si la vie est amère,
Tu l'adoucis en y mêlant ton miel;
Et s'il succombe à ses maux sur la terre,
En souriant tu lui montres le ciel.

Banière.

INSCRIPTION DE TOMBEAU.

Ne foule pas les morts d'un pied indifférent ; Comme moi, dans leur ville il te faudra descendre ; L'homme de jour en jour s'en va pâle et mourant, Et tu ne sais quel vent doit emporter ta cendre.

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