commander lui-même ses armées, il les fera commander par des hommes qui en seront capables, et il saura s'en servir sans perdre son autorité. Cependant, il tirera du secours de ses alliés; ses sujets aimeront mieux mourir que de se soumettre au joug d'un prince violent et injuste, et les dieux mêmes combattront pour lui. Voyez quelles ressources il aura au milieu des plus grands dangers. Je conclus donc, qu'un roi pacifique, qui ignore la guerre, est un roi très-imparfait, puisqu'il ne sait pas remplir un de ses plus grands devoirs, qui consiste à vaincre ses ennemis; mais j'ajoute cependant qu'il est infiniment supérieur à un conquérant qui manque des qualités nécessaires dans la paix, et qui n'est propre qu'à la guerre. Tous les vieillards déclarèrent que j'avais parlé comme Minos.--FÉNÉLON. QUATRIÈME PARTIE. CARACTÈRES LITTÉRAIRES. CORNEILLE (PIERRE.) Né à Rouen en 1606. Mort à Paris en 1684. : Ce fut le premier auteur dramatique célèbre parmi les Français; il joint à plusieurs défauts des beautés du premier ordre il ne possédait pas le goût pur et délicat de Racine; il fut inférieur à celui-ci en peignant les tendres passions, mais il a plus de feu, plus de majesté : les élans de son imagination sont sublimes; les héros, dont il nous a tracé le tableau, sont véritablement grands; et son chef-d'œuvre, le Cid, restera toujours au théâtre français comme un beau monument de son génie. QUESTIONNAIRE. 1. Où et en quelle année Corneille naquit-il ?—2. Que dit-on de lui?-3. Que joint-il à plusieurs défauts ?—4. Qu'est-ce qui distingue Racine ?-5. À qui Corneille est-il inférieur ?—6. En quoi lui est-il inférieur ?-7. Mais qu'a-t-il à son avantage ?—8. Qu'y a-t-il de sublime chez lui ?—9. Que dit-on de ses héros ?— 10. Quel est son chef-d'œuvre ?-11. Où restera-t-il toujours ?— 12. Où mourut-il et en quelle année ? LA FONTAINE Né le 8 juillet 1621. Mort le 13 avril 1695. Parmi les ouvrages de cet auteur on ne peut recommander que ses fables. C'est là qu'il a surpassé tous les autres écrivains ; et le nom de l'inimitable La Fontaine lui a été donné d'un commun accord. Ses fables sont parfaitement naturelles, sans la moindre affectation, et pleines d'esprit. C'était un homme d'une extrême simplicité de mœurs, plein de candeur et de probité. En société il avait toujours l'esprit distrait et rêveur, à un tel point qu'il parlait souvent à ses amis sans les reconnaître. En 1683 seulement il avait été nommé membre de l'Académie Française, et il l'avait emporté sur Boileau son concurrent. La Fontaine mourut à Paris à l'âge de 74 ans, dans les sentiments d'une piété vive, et en regrettant d'avoir blessé la morale dans plusieurs passages de ses écrits. QUESTIONNAIRE. 1. A quelle époque naquit La Fontaine ?-2. Lesquels de ses ouvrages peut-on recommander?-3. A qui est-il supérieur ?—4. Par quoi leur est-il supérieur ?-5. Quel nom lui a-t-on donné ?— 6. Que dit-on de ses fables ?-7. Quel était le caractère de La Fontaine ?-8. Qu'était-il toujours en société ?-9. La Fontaine fut-il de l'Académie Française ?-10. Où mourut La Fontaine et à quel âge ?—11. Que regrettait-il en mourant? MOLIÈRE. Né à Paris le 15 janvier 1622. Mort le 17 février 1673. C'est une opinion reçue que les comédies de Molière surpassent les meilleurs ouvrages de ce genre chez les anciens, et Voltaire le nomme le meilleur poëte comique qui ait jamais existé. La fertilité de son génie est étonnante; il passa la plus grande partie de sa vie à écrire des comédies, tant en prose qu'en vers, qui furent très-applaudies. Il est à regretter qu'il ait tant négligé les mœurs dans ses productions, et qu'il n'ait pas enseigné ce qu'il pratiquait dans sa vie privée. Les qualités de son cœur étaient vraiment estimables; il était doux, sensible, généreux, et jouissait d'une estime universelle. Ses talents n'étaient pas bornés à la composition, car il était aussi excellent acteur. Sa dernière comédie fut le Malade imaginaire; pendant que Molière jouait le rôle principal de cette pièce, et qu'il contrefaisait le mort, il fut saisi d'une indisposition, dont il mourut le jour suivant. Ce poëte illustre, l'une de nos plus belles gloires littéraires, ne fut pas de l'Académie Française ; mais près de cent ans après sa mort, en 1778, les académiciens, jaloux de réparer, autant qu'il était en eux, l'injuste oubli ou le ridicule dédain de leurs devanciers, firent placer dans le lieu des séances de l'académie le buste de Molière, au bas duquel ils inscrivirent ce vers aussi juste que délicat: Rien ne manque à sa gloire; il manquait à la nôtre. QUESTIONNAIRE. 1. Qu'était Molière ?—2. Où naquit-il et à quelle époque ?—— 3. Que dit-on de ses comédies ?-4. Que dit Voltaire de cet écrivain ?-5. A quoi passa-t-il sa vie ?—6. Qu'est-il à regretter?7. Qu'est-ce qu'il n'a pas enseigné ?—8. Les qualités de son cœur qu'étaient-elles ?—9. Quel était son caractère ?-10. De quoi jouissait-il ?—11. Quel talent avait-il outre celui d'auteur ?—12. Quelle fut sa dernière comédie ?-13. Comment mourut-il ?-14. Que fit pour lui l'Académie Française ?-15. Les académiciens, que désiraient-ils réparer ?—16. Quel beau vers inscrivirent-ils au bas de son buste ?-17. A quelle époque mourut-il ? SÉVIGNÉ (MARQUISE DE). Elle tient un des premiers rangs dans notre littérature par le naturel charmant de ses lettres et par la perfection de ce qu'on appelle le style épistolaire. Elle naquit en Bourgogne, le 5 février 1627. Orpheline de père et de mère dès sa première enfance, elle eut pour tuteur son oncle maternel, l'abbé de Coulanges, qui servit ses intérêts avec un dévouement digne de reconnaissance, et que, dans sa correspondance, elle appelle toujours affectueusement le bien bon. En 1644 elle épousa le marquis de Sévigné, maréchal-de-camp, et entra dans le monde avec tous les avantages de la beauté, de la sagesse, et d'une heureuse éducation. Deux hommes qui mettaient du goût dans leurs leçons, quoiqu'ils en missent peu dans leurs ouvrages, Ménage et Chapelain, lui enseignèrent les principes de la littérature. Son esprit et son jugement naturel firent le reste. |