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(nóxius.) Ce mot n'est pourtant pas d'un ufage ordinaire en ce fens dans la langue latine.

I

Un adjectif fe prend auffi quelquefois fubftantivement; c'eft-à-dire, qu'un mot qui eft ordinairement atribut, eft quelquefois fujet dans une propofition; ce qui ne peut ariver que parce qu'il y a alors quelqu'autre nom fous-entendu qui est dans l'efprit; par exemple: le vrai perfuade, c'est-à-dire, ce qui eft vrai l'être vrai, ou la vérité. Le tout puiffant vengera les foibles qu'on oprime, c'eft-à-dire, Dieu, qui eft tout puiffant, vengera les homes foibles,

Nous avons vu dans les préliminaires de la fyntaxe, que l'adverbe eft un mot qui renferme la prépofition & le nom qui la détermine. La prépofition marque une circonftance générale, qui eft enfuite déterminée par le nom qui fuit la prépofition felon l'ordre des idées : or l'adverbe renfermant la prépofition & le nom, il marque une circonftance particu lière du fujet, ou de l'atribut de la propofition: fapienter, avec fageffe,

avec jugement; fæpè, fouvent en plufieurs ocafions; ubi, où, en quel lieu, en quel endroit ; ibi, là, en cet endroit là.

Il y a quelques noms fubftantifs qui font pris adverbialement, c'està dire, qu'ils n'entrent dans une propofition que pour marquer une circonftance du fujet ou de l'atribut en vertu de quelque prépofition fousentendue ; par exemple : domi, à la Ter. And. maifon, au lieu de la demeure. Viaft. 3. fc. 2. det niptias domi apparári, elle voit

V. 34.

qu'on le prépare chez nous à la nôce; domi marque la circonftance du lieù où l'on fe préparoit à la nôce: on fous-entend, in adibus domi, dans les apartemens de la maifon, de la demeure; ou bien in áliquo loco domi. Plante, Ca- Plaute a exprimé ades; omnes domi fina, act. 5. per ades, de chambre en chambre, f. 5. v. 31. d'apartement en apartement.

Quand domi eft oposé à belli ou mię Cic.de Offic. litia, on fous-entend in rebus ; Ci1.2.n.85.áli- céron l'a exprimé, quibufcumque rebus vel belli, vel domi; alors domi fe prend pour la patrie, la ville, & felon notre manière de parler, pour la paix

ter XXIV.

le temps de la paix. Nous avons par lé ailleurs de ces fortes d'ellipfes.

4

Oppido fe prend auffi adverbialement, come nous l'avons remarqué plus haut. Quand on fait une fois la raifon des terminaifons de ces mots, on peut fe contenter de dire que ce font des fubftantifs pris adverbialement.

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Les adjectifs fe prènent auffi fort fouvent adverbialement come je l'ai remarqué en parlant des adverbes; par exemple: parler haut, parler bas, parler grec & latin, græcè & latinè loqui penfer jufte, fentir bon, fentir mauvais, marcher vite, voir clair, fraper fort, &c.

Ces adjectifs font alors au neutre,

pág. 49.

& c'eft un imitation des Latins: Tranfverfa tuéntibus hircis ; hircis tuén- Virg. Ec. 3.tibus ad negotia tranfvérfa. Recens eft v. 8. très - ufité dans les bons auteurs, au lieu de recénter, qui ne se trouve que dans les auteurs de la moyène latinité Sole recens orto: Puerum recens Virg. Geor. natum reperire. Dans des ocafions il 3. v. 156. faut fous-entendre la prépofition ad, Ciftel. 1. 2. ou juxta, ou in; juxta recens negd. 16. tium, ou tempus, come nous difons,

*

Plaut.

à la françoife, à la mode, à la renverfe, à l'improvifte, à la traverse, &c. Horace a dit ad plenum pour plenè, pleinement, abondament, à plein: L.I. Ode 17. manábit ad plenum. On trouve auffi Hor. 1. 2 in pour ad; lætus in præfens ánimus: Jactis in altum mólibus.

Ode 16. v.

25.

* Hor. 1. 3.

Ode 1.v.34. ** Ovid.

*

Exit in imménfum fœcúnda licéntia va-
**
tum.

Amor. 1. 3. Ainfi quand Salufte a dit

41.

v.

mons

Eleg. 12. V. imménsùm éditus, il faut fous-enJugurt. tendre in ; & avec ces adjectifs on fous-entend un mot générique, negótium, Spátium, tempus, avum, &c.

fub fin.

IL

SENS DÉTERMINÉ, SENS

INDÉTERMINÉ.

CHAQUE

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HAQUE mot a une certaine fignification dans le difcours; autrement il ne fignifieroit rien mais ce fens, quoique déterminé, ne marque pas toujours précisément un tel individu, un tel particulier : ainfi on apèle

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fens indéterminé, ou indéfini, celui qui marque une idée vague, une penfée générale, qu'on ne fait point tomber fur un objet particulier; par exem ple: on croit on dit; ces termes ne défignent perfone en particulier qui croie ou qui dife; c'eft le fens indéterminé, c'eft-à-dire, que ces mots ne marquent point un tel particulier de qui l'on dife qu'il croit, ou qu'il dit.

Au contraire, le fens déterminé tombe fur un objet particulier; il défigne une ou plufieurs perfones, une ou plufieurs chofes, come, les Cartéfiens croient que les animaux font des machines: Cicéron dit dans fes L. 2. n. 84. Ofices, que la bone foi eft le lien de áliter xxiv. la fociété.

On peut raporter ici le fens étendu & le fens étroit. Il y a bien des propofitions qui font vraies dans un fens étendu,. latè, & fauffes lorfque les mots en font pris à la rigueur, ftrictè : nous en donerons des exemples en parlant du fens litéral.

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