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nis: mutat uvam ftrigili,* pour firigi

lim uvá.

L'ufage de mutáre áliquid áliquá re dans le fens de prendre en échange, eft trop fréquent pour être autre chofe qu'une phrafe latine, come donáre áliquem áliquâ re, gratifier quelqu'un de quelque chofe; & circumdare mænia urbi, doner des murailles à une ville tout autour, c'eftà-dire, entourer une ville de murailles l'hypallage ne fe met pas ainfi à tous les jours.

X I X.

L'ONOMATOPÉE.

L'ONOMATOPÉE eft une figure par

Nominis laquelle un mot imite le fon natuJeu vocabuli fictio: rel de ce qu'il fignifie. On réduit tion d'un fous cette figure les mots formés par

mot,

forma

imitation du fon; come le glouglou de la bouteille le cliquetis, c'est-àdire, le bruit que font les boucliers,

* L, 11, Sat, VII. V, 11Q, '

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les épées, & les autres armes en fe choquant. Le tridtrac qu'on apeloit autrefois tidtac; forte de jeu affez comun ainfi nomé du bruit que font les dames & les dés dont on fe fert à ce jeu : Tinnitus aris, tintement: c'est le fon clair & aigu des métaux. Bilbire, bilbit amphora, la petite bouteille fait glou-glou, on le dit d'une petite bouteille dont le goulot eft étroit. Taratántara, c'est le bruit de la trompète.

At tuba terribili fónitu taratántara dixit, C'est un ancien vers d'Ennius, au raport de Servius. Virgile en a changé le dernier émistiche, qu'il n'a pas trouvé affez digne de la poëfie épique; voyez Servius fur ce vers de Virgile:

At tuba terribilem fónitum procul ære ca

Incrépuit.

nóro

Cachinnus, c'eft un rire immodéré. Cachínno, ónis, fe dit d'un home qui rit fans retenue ces deux mots font formés du fon ou du bruit que l'on

En. 1. V. 503.

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entend quand quelqu'un rit avec éclat. Il y a auffi plufieurs mots qui expriment le cri des animaux, come béler, qui fe dit des brebis.

Baubári, aboyer, fe dit des gros chiens. Latráre, aboyer, hurler, c'eft le mot générique. Mutire, parler entre les dents, murmurer, gron. der, come les chiens : mu canum eft, undè mutire, dit Charifius.

Les noms de plufieurs animaux font tirés de leurs cris, fur-tout dans les langues originales.

Upupa, Hupe, Hibou.

Cuculus, qu'on prononçoit coucous
lous, un Coucou, oiseau,
Hirundo, une Hirondèle.

Ulula, Chouète.

Bubo, Hibou.

Grácculus, un Choucas, efpèce de
Corneille.

Gallina, une Poule,

Cette figure n'eft point un trope, puifque le mot fe prend dans le fens propre mais j'ai cru qu'il n'étoit pas inutile de la remarquer ici,

X X.

Qu'un même mot peut être doublement figuré.

IL eft à obferver que fouvent un mot eft doublement figuré; c'eft-àdire, qu'en un certain fens il apartient à un certain trope, & qu'en un autre fens il peut être rangé fous un autre trope. On peut avoir fait cette remarque dans quelques exemples que j'ai déjà raportés. Quand Virgile dit de Bitias , que pleno fe próluit auro, auro, fe prend d'abord pour la coupe, c'eft une fynecdoque de la matière pour la chofe qui en eft faite; enfuite la coupe fe prend pour la liqueur qui étoit contenue dans cette coupe c'eft une métonymie du contenant pour le con

tenu.

Nota, marque, figne, fe dit en général de tout ce qui fert à conoître ou remarquer quelque chofe : mais lorsque nota, (note) fe prend pour dédecus, marque d'infamie, ta

che dans la réputation, come quand on dit d'un militaire, il s'eft enfui en une telle occafion, c'eft une note, il y a une métaphore & une fynecdoque dans cette façon de parler.

Il y a métaphore, puisque cette note n'eft pas une marque réèle, ou un figne fenfible, qui foit fur la perfone dont on parle; ce n'eft que par comparaison qu'on fe fert de ce mot; on done à note un fens fpirituel & métaphorique.

Il y a fynecdoque, puifque note eft reftraint à la fignification particulière de tache, dédecus.

Lorfque pour dire qu'il faut faire pénitence & réprimer fes paffions on dit qu'il faut mortifier la chair ; c'eft une expreffion figurée qui peut fe raporter à la fynecdoque & à la métaphore. Chair ne fe prend point alors dans le fens propre, ni dans toute fon étendue; il fe prend pour le corps humain, & fur tout pour les paffions, les fens: ainfi c'eft une fynecdoque; mais mortifier eft un terme métaphorique, on veut dire qu'il faut éloigner de nous toutes les

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