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LES Newtoniens ont explique différemment la refraction de la Lumière ; & il faut convenir que la raifon qu'ils en ont donné découle très naturellement de leur Sifthème. L'Attraction, difent-ils, exifte dans toutes les parties de la matière. Les parties de la fuperficie d'un Corps quelconque éprouvent donc ce pouvoir avant qu'il pénètre l'intérieur de la fubftance, & avant qu'il parvienne au centre où il eft dirigé. Ainfi, dès que le rayon b. eft près de la fuperficie du Cristal où de l'Eau, il se brife, parce que plus les Corps font proches, plus ils s'atti

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CE raifonnement des Newtoniens n'eft convainquant, qu'autant qu'on admet comme eux l'Attraction, & qu'on fuppofe que les Corps ont une tendance les uns vers les autres, fans le fecours de l'impulfion. Or c'eft ce qui paroitra toujours impoffible à bien des Gens. J'aime donc mieux une nouvelle explication, que vient de donner Monfieur Euler. Si elle a fes doutes, ils me paroiffent moins confidérables, que ceux des deux opihions que je viens de rapporter FIG. 3. Les Corps tranfparens, dit Mr. Eu ler étant compofés d'une matière , plus

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plus groffière que l'Ether, il eft clair ,, que la propagation de la Lumière doit fe faire plus lentement dans un tel Corps que dans l'Ether; car les viteffes font réciproquement comme les racines quarrées des denfités du milieu. Or la diverfité des viteffes, avec lefquelles la Lumière fe mut par différens milieux, produit la refraction des rayons. Confidérons deux milieux transparens E. & F. différens, ,, féparés par une ligne droite. A. C. B. & foit la viteffe des compreffions dans le milieu E. M. & dans le milieu F. N. foit C. D. une couche ,, comprimée de la Lumière prête en C. d'entrer dans le milieu F. de forte ,, que la direction de la Lumière où le ,, rayon foit exprimé par la ligne M. C. perpendiculaire à la couche C. D. & l'Angle d'incidence fera M. C. E. ,,Ayant tiré la ligne E. C. F. perpendiculaire à la furface A. C. B. maintenant pendant que le point D. dans le milieu E. le Point C. dans le milieu F. parviendra en C. enforte que les efpaces D. d. & C. c. feront en,, tre eux comme les viteffes M. & N. ,, c'est-à-dire, il y aura D. d:--C. c:--M.

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N: ainfi la couche C. D. fera parvenuë en C. d. où la droite C. P. per,, pendiculaire à. C. d. donnnera le ra,, yon rompu & F. C. P. fera l'angle de réfraction". Mais les angles M. C. E. P. C. F. étant égaux aux Angles D. C. L: C. d. c. Il eft clair que leurs finus feront comme les lignes D. d. & C. c. C'est-à dire, comme M: N; d'où l'on voit que la raifon entre les Sinus des angles d'incidence M. C. E. & de refraction P. C. F. doit être toujours la même & celle des Viteffes avec lefquelles la Lumière eft tranfmife dans les différens milieux. Il faut bien remarquer que cela ne regarde que l'inclination d'une feule couche comprimée C. D. qui n'eft ni fuivie, ni précédée d'autres également comprimées; car il est bien clair que fi les couches comprimées fe fuivoient immédiatement les unes les autres, enforte qu'il n'y eut prefque point d'intervalle entre deux voifines, alors il ne pouroit y avoir aucune infléxion, parce que la couche fuivante poufferoit la précédente, & l'obligeroit d'entrer dans un autre milieu fuivant la même direction. Cette circonftance bien confidérée nous fait connoître que la fuite des couches

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comprimées eft capabl e de changer un peu la loi de refraction établie ici. Delà donc il nous faut conclure que plus les couches comprimées feront fréquentes, & plus la refraction s'écartera de la loi donnée; ou ce qui revient au même, plus les angles d'incidence & de refraction feront toujours d'autant plus proches de la raifon d'égalité, que la raifon entre les viteffes M. & N. approchera plus de cette égalité. Et comme les rayons de diverfes couleurs différent par rapport à la fréquence des couches comprimées, ils doivent auffi différer par rapport à la refraction; d'où il s'enfuit que les rayons qui ont des couches comprimées plus fréquentes fouffriroent auffi la moindre refraction, & que ceux qui ont des couches comprimées moins fréquentes en toufriroent une plus grande réfrac tion, mais qui fera pourtant moindre que fi une feule couche paffoit d'un milieu dans l'autre.

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S. VIII.

Sur les Couleurs.

ES Newtoniens prétendent que les rayons viennent colorés du Soleil.

Ainfi les couleurs, felon eux, font une difpofition particulière des rayons lumineux propre à faire apercevoir du rouge, du jaune, du verd, du bleu &c. Newton fonda fon fentiment fur cette expérience. Expofez tranfverfalement à un rayon de Lumière un Prifme, enfuite mettez à une diftance d'environ feize ou dix fept piés une feuille de papier vis à vis ce Prisme, la Lumière fe brifera en entrant dans ce Prifme, & fe brifera en fens contraire en fortant du même Prifme pour entrer dans l'air, felon les loix de la refraction. Ce rayon qui tombera fur ce Prisme n'eft point, comme on l'avoit cru, un fimple rayon; mais c'eft un faiffeau de fept principaux rayons, dont chacurt porte en foi une couleur primitive, primordiale, qui lui eft propre. Du mélange de ces fept rayons naiffent toutes les différentes couleurs de la Nature, & les fept réunis enfemble forment la blancheur. Pour s'affurer que les rayons primitifs ne changent jamais, ont fait au papier, fur le quel étant féparés par le Prisme ils viennent fe peindre, une petite ouverture qui ne laiffe paffer qu'une efpèce de rayon, par exemple, le rouge. Si l'on rompt ce T rayon,

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