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tous les Philofophes conviennent, qu'un Corps qui paffe obliquement d'un milieu dans un autre, quand il atteint la furface d'un milieu qui refifte plus que celui dont il vient, comme il arrive lorfqu'une bale paffe de l'air dans l'eau, elle s'éloigne de la ligne perpendiculaire qui coupe les deux milieux, & c'est une réfraction. Quand au contraire un Corps atteint un milieu qui refifte moins: il s'approche de la ligne perpendiculaire aux deux milieux, & c'eft une refraction. Ainfi, fi l'on veut tuer un Poiffon dans l'eau d'un coup de fufil, il faut vifer un peu plus bas: la refraction fera monter la bale, & l'éloignera de la ligne parallelle. Mais fi un Homme dans l'eau vouloit vifer à un Oifeau dans l'air, il faudroit qu'il vifat plus haut: la refraction fera baiffer la bale, & la portera dans le corps de l'Oifeau. La raifon de cette refraction, c'eft qu'un Corps qui paffe obliquement d'un milieu dans un autre a deux directions, une parallelle à la furface du milieu dans lequel il paffe, l'autre perpendiculaire. Quand il atteint la furface du milieu qui refiste plus que celui d'où il vient, il trouve plus de refiftance à la direction perpendiculaire, qu'à la parallelle. Cet excès de re

fiftance

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fiftance diminue la direction perpendiculaire, tandis que nul excès pareil ne diminue la direction parallelle. Il faut donc que le Corps mû, après la diminu-tion de la direction perpendiculaire, donne plus à la parallelle; & il ne peut le faire, fans s'éloigner de la ligne perpendiculaire, & par conféquent fans refraction. Par la même raifon, après la diminution de la direction parallelle, le Corps qui fe meut doit lui donner moins, & donner plus à l'autre. Il ne peut le faire, fans s'approcher de la ligne perpendiculaire des deux milieux, & c'est la caufe de la feconde forte de refraction.

Cette bale (a. b. c.) qui paffe obliquement de l'air dans l'eau, s'éloigne de la perpendiculaire (d. e.) ceffant de regarder le méme point (f.). Paffe-t-elle de l'eau dans l'air? Elle s'approche de la perpendiculaire (d. e.) ceffant de regarder le même point (g.) FIG. I.

LES refractions de la Lumière font directement oppofées aux règles des refractions de tous les autres Corps. Elles furent découvertes parSnellius,& mifes dans un grand jour par l'illuftre Defcartes. Ainfi un rayon de Lumière qui passe oiquement de l'Air dans l'Eau, de l'Eau

dans

dans le Verre, du Verre dans le Criftal, fe rompt en approchant de la perpendiculaire. Pour expliquer cette fingularité prefque inexpliquable, les Cartéfiens difent que plus les Corps font denfes, plus ils ont des paffages & des pores directs, au travers defquels les rayons plus libres & moins interrompus paffent plus aifément. Le Verre, par exemple, eft plus folide que l'eau, & il contient moins d'air: de là les paffages y font plus libres que dans l'eau. Par la même raifon, ils doivent auffi l'être davantage dans le Diamant, que dans le Verre. Če raifonnement des Cartéfiens eft peu convainquant; car, pour que la Lumière trouvât des paffages plus aifés dans les milieux denfes que dans les rares, il faudroit qu'il y eut dans ces milieux des pores infinis en tous fens difpofés en droite ligne, & qui ne laifferoient aucune place pour la matière propre des Corps. Et quand même on accorderoit la réalite de tous ces tuyaux formés par les pores, il faudroit alors que les rayons paffaffent dans la même direction, & la refraction ne pouroit avoir lieu: où bien elle devroit fe faire fans caufe; ce qu'il eft abfurde de fuppofer.

LES

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