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& élastiques ne fauroient avancer; ils font repouffés par l'éficace du reffort de ces parties élaftiques, & fe refléchiffent avec d'autant plus de viteffe, que leur figure eft plus propre au mouvement. Si nous nous regardons dans l'eau, ou dans un miroir, auffi-tôt les rayons partis de notre vifage font refléchis par les parties folides du miroir & de l'eau.

IL eft aifé de comprendre pourquoi il y a des Corps qui refléchiffent plus la Lumière les uns que les autres. La raifon principale, c'eft le plus ou le moins d'élafticité des particules légères qui compofent leurs furfaces. On peut divifer en trois différentes fortes les Corps. La prémière contient ceux dont les furfaces ont des particules lâches, fans reffort, qui fouffrent beaucoup des impreffions des rayons; mais qui manquent de force pour les repouffer, qui ne peuvent en renvoyer aucun, & qui ne fauroient produire la moindre impreffion dans l'Ether voifin. Les Corps de cette nature doivent nous paroitre noirs, & nous le paroiffent en effet. Je range dans la feconde claffe les Corps qui ont des particules élaftiques, qui fe remettent des impreffions qu'elles ont reçû avec autant

de force qu'il en faut pour produire de nouveaux rayons dans l'Ether voisin, mais qui ne font point déterminées à un certain nombre de vibrations; de forte que chaque impreffion dont elles font frappées les comprime, & qu'elles renvoyent autant d'impreffions qu'elles en reçoivent. Les Corps de cette nature doivent nous paroitre blancs, & nous le paroiffent. Enfin la dernière forte de Corps eft celle dont les particules font élaftiques, mais déterminées à un certain nombre de vibrations qui conviennent à leur tenfion. Ces particules peuvent-être comparées à des cordes tenduës, qui ne peuvent être mifes en mouvement que par un fon uniforme, ou confone. De même elles ne font des vibrations, que lorfqu'elles font frappées par des rayons qui font formés par un pareil nombre de vibrations. Les Corps de cette efpèce font colorés d'une couleur qui répond au nombre des vibrations que rendent les particules légères & infenfibles de leur furface. Par exemple, un Corps rouge paroit rouge, parceque les particules de fa furface font difpofées de manière qu'elles achèvent autant de vibrations dans une feconde,

qu'il en faut pour caufer la fenfation du rouge; de même qu'une corde est du ton de G. re fol, ou de C. Jol ut, lorfqu'elle eft capable de rendre autant de vibrations dans une feconde, qu'il en faut pour former ce ton, & qu'elle ne peut jamais en former un autre ; ne pouvant, tant qu'elle demeure dans la même tenfion, recevoir que la quantité de vibrations que demande le ton pour lequel elle eft montée. Cela fuffiroit, pour ainfi dire , pour montrer toute l'harmonie des couleurs; mais j'en parlerai cependant dans la fuite beaucoup plus ample

ment.

LA

S. V.

Des Corps opaques.

A différence entre les Corps opaques & les Corps lumineux confifte en ce que nous voyons les Corps opaques par les rayons qui viennent de leur furface, & qui y font pouffés par le mouvement vibratoire des plus petites particules; mais ce mouvement y eft produit par une force étrangère, c'est-àdire, par des rayons d'autres Corps qui

y tombent; au lieu que dans les Corps lu mineux, le mouvement vibratoire qui caufe les rayons eft produit en eux-mêmes par leur propre force, & que leurs moindres particules fe trouvent dans un mouvement vibratoire & continuel qui eft caufé & confervé par une force inté rieure.

CES rayons d'un Corps lumineux font plus forts que ceux qui viennent d'un Corps opaque; parce que le mouvement produit par une force intérieure eft beaucoup plus vif que celui qui refalte du choc des rayons.

S. VI.

Des Corps lumineux qui n'ont point de chaleur.

C

'EST dans la différence de la force

du mouvement vibratoire des rayons qu'il faut chercher la raifon pourquoi certains Corps lumineux ne brulent point. Le Soleil & la flamme, où ce mouvement eft impétueux, mettent toutes les moindres particules, de quelque reffort qu'elles foient, en vibration; d'où refultent des rayons compofés de toutes

les

les couleurs qui ont une force très grande. Mais la clarté des Corps opaques, lorfqu'ils font illuminés, ne peut produire aucune chaleur, parce que, quoi qu'un mouvement inteftin, tel qu'eft celui des particules qui compofent la furface des Corps opaques, foit capable de produire un mouvement vibratoire, tel que la production de la Lumière le demande cependant ce mouvement n'est point auffi grand qu'il le faut pour causer une chaleur fenfible: ainfi il produit la Lumière, & ne donne point de chaleur. C'est ce que nous voyons dans les Vers luifans, dans le bois pouri, & dans d'autres Corps qui luifent fans bruler; & c'eft la raifon pourquoi les rayons de la Lune ne peuvent jamais produire la moindre chaleur, même avec le fecours des verres & des miroirs ardens.

L

S. VII.

De la refraction de la Lumière.

A refraction de la Lumière a été expliquée différemment par les plus grands Philofophes; & ce qu'ils ont dit à ce fajet ne paroit guère vraisemblable. C'EST une règle générale, & dont $ 5

tous

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