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deux chofes nous étoient connuës, elles nous ferviroient à découvrir la véritable viteffe de la Lumière. Mais quoique ni l'une ni l'autre naient pu encore être déterminées par les expériences qui prouvent l'exiftance de l'Ether, il est pourtant certain que ce milieu est incomparablement plus fubtil & moins denfe que l'air. Ainfi la viteffe de la Lumière doit être beaucoup plus grande que celle du Son, puifque la viteffe avec la quelle les impreffions fe répandent dans un milieu élaftique eft comme la racine quarrée de l'élasticité divifée par la densité; de forte que la diminution de la denfité auroit auffi bien la viteffe que l'augmentation de l'élafticité. Or les expériences, par les quelles on a prouvé l'existance de l'Ether, ont fervi à faire connoitre que fon élasticité eft infiniment plus grande que celle de l'air que nous refpirons. Il s'en fuit donc que la viteffe de la Lumière doit être infiniment plus prompte que celle du Son.

. LE mouvement de la Lumière eft droit. Si dans une chambre l'on fait un trou à deux portes diamétralement oppofées, & que l'on approche par déhors de la Lumière d'un des deux trous, la Lumière traver

fe

fé la chambre fans l'éclairer, & va par l'autre trou fe peindre hors de la chambre fur quelque objet. Je conclus donc de tout ce que je viens de dire que la Lumière eft un mouvement de vibration de la matière étherée promt & droit.

§. II.

De la manière que la Lumière produit des senfations.

UNE

NE feule impreffion de l'air fur de l'organe de l'ouye ne produit point l'idée du fon. Ainfi une feule impreffion de l'Ether fur nos yeux n'eft pas capable d'y produire aucune fenfation, Il faut donc une fuite déterminée d'impref fions pour ébranler les nerfs; & la Lumiè re affectant nos fens n'eft que la percep tion d'une fuite d'impreffions de la ma.. tière étherée. Par exemple, trois mille impreffions imprimées au fond de l'œil cauferont une perception différente de celle que produiront quatre mille impreffions. De même que la diverfité des fons vient uniquement du différent nom bre d'impreffions qui fe font fentir à l'organe de l'ouye dans un tems détermi Tome I.

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né,

né, de même auffi la quantité d'impres fions qui frappent les yeux dans un tems déterminé produifent la diverfité des objets qui s'offrent à la vue. Lorsque je parlerai des couleurs, j'aurai occafion de rapeler ce que je viens de dire, les diverfes couleurs n'étant produites que par les différens nombres des impreffions que nous recevons dans un tems déterminé.

S. III.

Sur la propagation de la Lumière.

LA Letés en de A Lumière fe répandant de tous côen ligne droite avec une viteffe prodigieufe, s'affoiblit toujours davantage. Les rayons qui entourent les Corps lumineux font difpofés en forme de cônes, ou de piramides, dont les fommets font dans ces mêmes Corps lumineux. Les bafes de ces rayons répandues dans de vastes espaces font paffer l'impression qu'ils reçoivent fur tous les objets qui les environnent. On peut comparer le Soleil, ou une flamme, à une cloche fonnante qui eft frappée inceffamment. Le bruit de cette cloche ébranlera des cor

des

des tendues, de manière que chacune fe fera entendre par un ton convenable à la tention. Les Corps lumineux produifent le même effet fur les rayons, & voilà la Lumière répanduë de tous côtés. Les rayons étant entre d'autres rayons de même force, ne fe dérangent point: ainfi la Lumière fe répand en ligne droite, avec d'autant plus de viteffe & de facilité, que l'impreffion qu'une extrémité des rayons reçoit des Corps lumineux, l'autre extrémité la reçoit & la communique à l'organe de l'ouye; comme un bâton dont un bout eft appuyé fur la main, & l'autre eft pouffé, caufe dans l'inftant qu'il eft mû une fenfation. La viteffe de la Lumière eft fi prompte, qu'elle ne refte que huit minutes de tems pour être refléchie par les Planètes jufqu'à nous.

LA Lumière, en s'éloignant des Corps lumineux, s'affoiblit; parce que la force communiquée par les Corps lumineux à la pointe des cônes des rayons fe distri bue & fe divife toujours en avançant vers la base à un plus grand nombre de parties qu'elle fait tourner fur leur centre. Ces parties employent encore la force qu'elles reçoivent à comprimer l'air, perdent ainfi de leur mouvement, & par

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conféquent la Lumière doit s'affoiblir peu peu, & fe perdre enfin.

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S. IV.

Sur la reflexion de la Lumière.

'EXPERIENCE démontre clairement que les rayons de la Lumière ébranlent les Corps fur lefquels ils tombent. La vifion ne pouroit avoir lieu, fi les rayons qui rentrent au fond des yeux, & qui vont peindre les objets sur la rétine, n'y produifoient aucun changement. Nous éprouvons tous les jours que la force des rayons du Soleil échaufe non feulement les corps, mais les brule, détruit defaffocie les parties des plus durs & des plus compactes. Nous ne pouvons donc nous empêcher de convenir que tout Corps fe reffent de l'action des rayons qui y tombent. Les plus légères & les plus infenfibles des particules de fa furface doi vent être ébranlées & agitées proportionnellement à la force des rayons: c'eft là la caufe de la refléxion de la Lumière. Les rayons répandus fur les objets des parties folides, impénétrables,

&

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