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Un jour, comme je jouois de la flûte à bec, affis fur le bord d'un ruiffeau dans une prairie, un Ane qui paiffoit à vingt pas, leva la tête dès qu'il m'entendit, s'approcha de moi, s'arréta quelque tems à huit ou dix pas tou,, jours fort attentif; puis il vint fi près, ,, qu'il avoit la tête prefqu'audeffus de la mienne. Il m'écouta tranquilement

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dans cette fituation pendant un demi ,, quart d'heure environ uniquement oc,,cupé du fon de la flûte. Je ne fai s'il fe laffa; mais enfin, après avoir écouté fort attentivement, il prit avec les dents mon chapeau fur ma tête, & le ,, porta du moins à dix pas; & tournant la tête, il s'enfuit au galop, & alla chercher au milieu de la prairie une nouriture plus folide.

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LES fremifemens caufés par le Son dans certaines liqueurs, les tremblemens dans les parties du verre qui fe rompt & fe brife quelques fois, font produits par les mêmes caufes qui remuent les fibres, les nerfs, & les cordes qui font à l'uniffon.

СНА

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de la quelle j'ai deja fait mention, on comprend qu'il eft naturel que la production de la Lumière fe faffe de la même manière que celle du Son. Nous venons de voir qu'il confifte dans la propagation d'un mouvement vibratoire par l'air. Il eft donc très vraisemblable que la Lumière confifte dans une pareille propagation d'un mouvement vibratoire dans un autre milieu élastique, plus rare & plus fubtil que l'air. Ce fentiment eft celui de Monfieur Euler. Je citerai encore ici un paffage de fa favante Differtation. J'en uferai plufieurs fois de même, l'autorité d'un auffi habile Homme, & auffi généralement eftimé étant d'un très grand poids, & ne pouvant appuyer mon fentiment d'un nom plus refpectable que le

fien.

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Avant que d'embraffer, dit-il, ce fentiment, il faut lever un obftacle ,, de la dernière importance. Le grand ,, Newton, à qui nous fommes infiniment redevables fur cette matière, étoit d'un fentiment tout à fait contraire. Il foutenoit que les rayons de la Lumière fortoient immédiatement du Soleil, où il femble que l'hypothèze du Vuide ,, ait porté ce grand Philofophe à foutenir ce fentiment; quoique, par ce même mouvement rapide de la matière Solaire, il a été obligé de remplir tout l'Univers. Mais il y a de fi fortes objections à oppofer à cette hypothèse, & elle fe trouve expofée à de fi grandes difficultés, que nous nous trouvons ,, obligés de l'abandonner tout à fait. En ,, prémier lieu, nous ne pouvons pas nier l'exiftance d'un Ether, ou d'un fluïde ,, incomparablement plus fubtil & plus ,, élastique que l'air. Les phénomènes de la Dureté, de l'Elafticité, de la Pefan,, teur, du Magnétifme & de l'Electricité des Corps prouvent abfolument l'exiftance d'un tel fluïde, fi nous ne voulons recourir à des qualités occultes. Or l'exiftance d'un tel fluïde eft abfolument incompatible avec l'ex

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99

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pas

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plo

, plofion actuelle des rayons du Soleil. "

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J'AJOUTERAI aux fages réfléxions de Monfr. Euler, que fi l'hypothèse Newtoniene avoit lieu, la perte de la ma tière du Soleil feroit fi grande, que cet Af tre feroit détruit & diffipé depuis longtems, comme nous l'avons montré dans le prémier Chapitre de ce Difcours. Il faut donc établir que la Lumière est la même chose dans l'Ether, que le Son dans l'air. Nous avons vû qu'il n'émane aucune partie d'une corde frapée pour venir à nos oreilles. Nous établirons encore qu'il ne fort aucun rayon du Globe Solaire, c'est-à-dire du corps du Soleil. Cet Aftre en rempliffant continuellement un efpace prodigieux de Lumière,ne perd rien de fa matière comme une cloche ne perd rien de fon poids en rempliffant une grande étendue du bruit qu'elle caufe.

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LES Corps lumineux preffent la matière étherée, lui donnent un mouvement de vibration, c'eft-à-dire un mouvement qui fait avancer & reculer les rayons; c'eft pourquoi tantôt les rayons font dardés dans l'oeil, tantôt ils réjailliffent repouffés par le reffort des fibres fur les quels ils tombent. D'ailleurs les

par

parties angulaires des corps lumineux tournant fur leur centre préfentent tantôt la pointe aux rayons qui font forcés d'avancer, tantôt le côté; & alors les rayons, trouvant un petit efpace libre, reviennent l'occuper.

L'on ne peut douter que la Lumière ne foit une matière. Elle touche, elle bleffe l'organne de la vue; elle caufe, lorfqu'el le eft trop vive, une fenfation de douleur. Il faut donc qu'elle heurte & frappe ces fibres: elle ne pouroit les frapper, fi elle n'étoit pas matière, puifqu'il n'y a qu'un corps qui puiffe toucher un corps.

LA matière, de la quelle eft compofée la Lumière, doit être plus déliée que l'air, puifqu'elle pénètre le verre, le christal. Lorfqu'on a pompé l'air dans la Machine du Vaide, le Réci ient reste toujours plein de Lumière.

LE mouvement de vibration dont la lumière eft agitée doit être exceffivement prompt. Il l'eft infiniment plus que celui du Son qui parcourt cent quatrevingt toifes dans une feconde. La Lumière va du moins fix cens mille fois plus vîte. La promptitude des impreffions de la Lumière tranfmife dans l'Ether dépend de fon élasticité & de fa denfité.

Si ces

deux

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