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C'EST encore l'air qui donne à la flamme la figure pyramidale. La flamme violemment agitée tâche à fe diffiper par les côtés; mais étant arêtée, & comme contenuë par l'air latéral, le poids de cet air l'emporte fur le fien, & elle monte. Dans fon élévation, fes particules s'éloignant du foyer donnent plus de force à l'air à mesure qu'elles perdent de la leur, & fe diffipent enfin. La flamme fe termine en pyramide, parce que cette figure eft plus propre à fendre l'air, & qu'il lui faut moins de mouvement pour réfifter à l'air fupérieur.

LES changemens qu'on apperçoit dans la flamme, qui tout-à-coup bondit, augmente, diminue, viennent des différentes impulfions de l'air, & de l'inégalité de la nouriture qu'elle reçoit. Une bougie ou une lampe, prêtes à s'éteindre, pouffent une flamme qui s'élève, & dont la lueur eft plus éclatante qu'auparavant. L'air, en foulevant & détachant cette foible flamme qui n'eft plus nourie par la cire ou par l'huile, lui communique une agitation qui ranime pour un inftant fes parties languiflantes, & leur donne cette vivacité qui produit cette clarté.

LE Feu ne fubfiftant que par la nouri-
Tome I.

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ture

ture qu'il reçoit, il eft naturel qu'il s'éteigne par le défaut de cette même nouriture. Ses parties fe diffipant peu à peu en fumée, le Feu ceffe, & ne fauroit plus avoir lieu.

UN grand vent, un foufle trop violent éteint la flamme, parce qu'il la détaché tout-à-coup du corps combustible qui lui fourniffoit de la nouriture. Si elle peut au contraire avoir affez de maffe pour refifter au vent, il ne fait que lui donner de nouvelles forces en augmentant fon agitation par la percuffion.

LES Liqueurs, qui ne font pas fulfureufes, éteignent le Feu. L'eau, par exemple, produit cet effet; parce que fe gliffant dans les pores & dans les interstices des corps embrafés, elle arrête le mouvement des fubftances ignées, fe lie avec el les, & les change en fumée. Mais lorf que le Feu eft violent, une petite quantité d'eau lui donne plus de force; parce qu'elle ne fait pour lors qu'empêcher la diffipation des corpufcules ignés. L'eau que l'on jette dans la forge ne fert qu'à rendre le Feu plus violent.

LE Feu s'éteint, ainfi que je l'ai déja dit, par le défaut & le manque d'air, qui lui donne le moyen de fe répandre & de fe

diffiper. Il s'éteint auffi lorfqu'il eft dans un endroit trop ferré, parce que les corpufcules de Feu y perdent leur agitation, fans pouvoir fe réparer. Si le Feu fe met à la cheminée, & qu'on bouche l'ouverture avec un drap mouillé, le Feu ceffe, la flamme fe change bien-tôt en fumée. Si l'on allume du Feu dans un caveau, & que l'on en bouche les foupiraux, il s'éteint.

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S. VIII.

Pourquoi le Feu fe ralume aifément.

I refte encore dans les corps ou le Feu vient de s'éteindre un grand nombre de parties fort agitées, qui n'ont befoin pour s'enflammer de nouveau que d'un leger accroiffement d'agitation; ainfi ces corps doivent s'enflammer plus aisément que les autres. Si l'on approche une bougie allumée d'une bougie qu'on vient d'éteindre, & qui fume encore, la flamme va la chercher, parce qu'elle eft pouffée avec plus de force vers la bougie par l'air extérieur,qu'elle n'eft repouffée par l'air rarefié qui fe trouve entre elle & la bougie. Il en eft de même des autres corps combuftibles que de la bougie; & les mêmes

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rai

raisons qui la font ralumer aisément, lorf qu'elle fume encore, agiffent fur un tifon qui étoit mal éteint.

CHAPITRE SECOND.

Sur le Son.

S. I.

Sur la reflemblance des propriétés du Son & de la Lumière.

Il y a entre les propriétés du Son &

de la Lumière une très grande reffemblance, qui confiderée avec foin peut fervir beaucoup à découvrir de quelle manière ils agiffent. C'eft par des lignes droites que la Lumière & le Son parvien nent tous les deux jufqu'à nous, nous affectent, & nous caufent des fenfations diverfes, lorfqu'il n'y a aucun obstacle qui empêche ce mouvement direct.

Nous voyons fouvent la Lumière par refléxion & par refraction. Cette refléxion & cette refraction fe trouvent également dans le Son. L'Echo nous rend le Son par refléxion, comme le mi

roir nous préfente les objets. La Lumière paffant d'un milieu plus denfe dans un milieu plus rare, ou d'un plus rare dans un plus denfe, effuye toujours quelque changement dans fa direction. Cette même refraction se trouve dans le Son, qui paffe au travers d'une muraille ou de quelque autre corps pour parvenir jufqu'à nous. Alors la refraction, ou le changement de direction que foufre le Son fait qu'on fe trompe en jugeant de l'endroit où il eft parti.

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§. II.

Comment le Son eft produit.

E Son confifte dans un mouvement vibratoire des particules de l'air. C'est une vérité dont on ne fauroit douter, & qu'on peut démontrer à chaque instant, Une cloche qu'on fonne, une corde de violon pincée ne fauroient produire que des vibrations, des fremiffemens dans le fluïde qui les environne: or elles produifent le Son; donc il eft caufé par des vibrations dans oe fluïde. Ces vibrations doivent être de l'air,puifque, lorfqu'on a pompé l'air dans la Machine du

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Vuide

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