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Tout ce qui a des parties étenduës & solides, eft matière. Tout Etre, qui n'a point de parties étenduës, eft efprit. Mais, dira-t-on, l'efpace exifte;cependant il n'eft ni matière, ni efprit: on peut donc exifter, fans exifter matériellement ou fpirituellement; & il y a peut-être une infinité d'Etres dans l'Univers qui font très différens de ceux que nous connoiffons. Je répondrai à cette objection, que par. tout où il y a de l'étendue, il y a de la matière, & que l'efpace des corps n'est point diftinct des corps. D'ailleurs, quand j'admettrois le Vuide, loin de le regarder comme un Etre, je le confidererois au contraire comme la privation de tout Etre.

LA Coutume d'admettre des Etres, dont nous n'avons aucune idée, & dont même la nature eft contraire aux notions les plus claires, eft venue à la mode dans ces. derniers tems. Mr. Boulier a forgé une fpiritualité particulière, qui tient un milieu entre la matière, & la fpiritualité de l'ame Humaine. Il a reglé que cette nouvelle fpiritualité feroit mortelle, & en a fait l'ame des Bêtes. Les Leibnitiens ont inventé leurs Monades, qui n'ont point d'étendue & de parties, & forment cependant l'étendue & les corps. La MarQ4

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quife Du Châtelet, & quelques autres Philofophes font du Feu une espèce de fubftance fpirituelle. Oferai-je le dire? Il a été un tems, où l'impiété conduifoit les Hommes au matérialifine. L'envie de briller, & le defir d'écrire des chofes nou. velles & fingulières, les pouffe aujourd'hui au fpiritualifie. Le Père Mallebranche a dit qu'il n'y avoit aucune preuve Métaphifique qu'il y eut des corps, Inceffemment on affurera qu'il n'y en a point. On a déjà avancé que les premières parties qui les compofoient ne font pas matière. N'eft-ce pas avoir fait un chemin confidérable? Je crois que c'eft être arrivé au but.

S. IV.

Des matières qui produifent le Feu,

ANS tous les Feux, on trouve des fels,

D des foufres, de l'air, & de la ma

tière étherée mélée enfemble. Dès qu'une de ces fubftances manque, le Feu ne peut avoir lieu. Dès qu'elles font réunies, il paroit & fe manifefte aux yeux par le moyen du mouvement. On ne peut donc s'empêcher de conclure que fa na

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ture doit refulter du mélange de ces différentes fubftances. Si une vient à manquer, il n'y a point de Feu. L'air, la matière étherée, & les foufres mêlés enfenible n'en produifent point. Les fels, les foufres, & la matière étherée n'en donnent pas davantage. Le Feu s'éteint dans la Machine du yuide, dès qu'on a pompé l'air. Il eft vrai qu'il y a quel ques Feux qui s'y foutiennent. C'est parce qu'ils font compofés de fels volatils, & de foufres extrèmement exaltés. Le peu d'air qui refte dans le récipient fuffit pour compofer, avec la matière étherée & les deux autres fubftances, un Feu qui peut fubfifter.

PLUSIEURS Chimiftes foutiennent que les foufres font inflammables fans être mêlés avec des fels. Pour le prouver, il faudroit qu'il y eut des foufres exemts de fel qui puffent s'enflammer; mais il n'y en eut jamais. C'eft ce que le Père l'Ozeran de Fieze a très bien objecté aux Chimiftes.,, Selon eux, dit-il,

l'huile,ou le foufre,fe tire toujours im,, pure des mixtes, étant toujours mêlée ,, avec des efprits, comme les huiles de Romarin & de Lavande qui furnagent fur l'eau. Or ces efprits ne font que Q5

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des fels volatils extrêmement exaltés. Ou elle est remplie de fels qu'elle entraine dans la diftillation, comme les huiles de Buis,deGayac &deGerofle,qui ,, fe précipitent dans l'eau. Pour le foufre commun & minéral, on fait qu'avec l'huîle il contient du fel: on en tire un efprit qui n'eft qu'un fel vitrioli,, que. Tout cela étant avoué par les Chimiftés mémes, qui veulent que les foufres ou les huîles foient inflam,, mables, fur quoi peuvent-ils appuyer leur fentiment?

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LA matière immédiate du Feu confifte donc dans un mélange de fels, de foufre, d'air, de matière étherée; & les petites parties de ces quatre fubftances doivent être defunies, entièrement mêlées, & affez dégagées de toutes substances étrangères, pour n'en être point embaraffées; fans cela, elles feroient liées par des parties hétérogènes qui les tiendroient féparées, & les ferrant les contraindroient à demeurer en repos. Or fans le mouvement, il ne peut jamais y avoir de Feu. Les fubftances qui le compofent ne font fans lui qu'un Corps fans ame. Le mouvement qui leur donne la forme du Feu eft un mouvement de tour

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billon, qui fait tourner toutes leurs parties chacune autour de fon propre centre, & plufieurs autour d'un centre commun. La fumée, dit le Phificien que je viens de citer, qui fe change en flanime, eft composée de la même matière que le Feu; mais elle n'a pas encore aflez de mouvement pour être Feu: elle ne devient flamme, que lorfque le mouvement des parties a acquis la vitesse néceffaire. Or il eft certain que le mou,, vement des parties de cette fumée eft un mouvement de tourbillon. On le voit à l'œil. On voit la viteffe de ce mouvement augmenter à mefure que la fumée qui fort du bois eft prête à s'enflammer. Cette viteffe eft fi rapide, l'instant qui précède l'inflammation, ,, qu'on a peine à l'apercevoir. Donc le ,, mouvement de ces mêmes parties, l'inftant fuivant, c'eft-à-dire lorfque cette fumée est enflammée, est encore un mouvement de tourbillon, ,, mouvement qu'elles avoient n'ayant fait qu'augmenter à chaque inftant, & n'y ayant aucune caufe qu'on puiffe foupçonner légitimement d'un mouvement différent. On doit d'autant moins ,, foupçonner ce changement, que le ›› grand

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