Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

encore à 3ooooooo. de lieuës. Comment irons - nous faire l'analyse des princi,, pes qui le compofent? Si c'est un Mixte, ou fi ce n'eft pas un corps Mixte, quel Télefcope affez bon pouroit nous en montrer les petites parties pour en découvrir la forme & le mouvement? Par quelle voye même ,, pourions-nous nous affurer que le feu du Soleil & des Etoiles eft de la même ,, nature que nos feux ordinaires & ufuels ?

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

APRÈS avoir prouvé fuffifemment que les Soleil & les Etoiles ne peuvent être des Globes compofés d'un feu tel que le feu terreftre, j'établirai une feconde vérité; c'eft que le feu n'eft pas un Element réel, & qu'il n'y a point de feu principe ou élementaire. Les Chimiftes, qui par leurs travaux affidus font venus à bout de pénétrer les fecrets de la Nature, & de décompofer les Mixtes, n'y ont jamais découvert du feu. Ils ont trouvé cinq différentes Subftances, l'Ef prit ou le Mercure, le Soufre ou l'Huile, le Sel & le Flegme, l'Eau ou la Terre. Si le feu étoit un Element, & que les Mixtes fuffent tous compofés des quatre Ele mens, favoir: du Feu, de l'Air, de l'Eau

&

[ocr errors]

7

& de la Terre, comme l'ont cru les Anciens, & comme le penfent encore bien des Modernes, il faudroit que les Chimiftes, après toutes leurs opérations fur les Mixtes, euffent trouvé quelques veftiges de feu. C'eft ce qu'ils n'ont point fait, & ce qu'ils ne feront jamais. Cependant s'il y avoit du feu dans les Mixtes, il feroit aifé de le découvrir; car il n'en eft pas du feu ainfi que de l'air. Ce dernier n'est vifible, que lorfqu'il traverfe quelque fluïde de différente denfité. Le feu, au contraire, eft non feulement toujours visible; mais c'est par lui que les autres objets le font. Par quel miracle pouroit-il done échaper à la vue des Chimiftes, s'il fortoit des Mixtes qu'ils décompofent?

MR. de Voltaire, dans un Difcours imprimé dans les Mémoires de l'Acadé mie, foutient l'exiftance d'un Feu Elementaire; mais les raifons qu'il apporte me paroiflent peu convaincantes. ", Il faut, dit-il, que le feu fortant d'une matière quelconque foit un Element fimple, enfermé auparavant dans cette matière, ou que cet Element foit formé tout d'un coup par cette matière, dans laquelle il n'étoit point. Mais être ,, produit par un Etre, dans lequel on n'é

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

دو

دو

[ocr errors]

P 5

[ocr errors]

toit

[ocr errors]

toit point, ce feroit être crée par cêt Etre; ce feroit être formé de rien. Donc le feu eft un Element existant ,, indépendamment de tous les autres , Corps.

[ocr errors]

La réponse à cette objection est la chofe du monde la plus fimple. Le feu qui fort d'une matière n'eft ni un Element fimple qui y étoit, ni un Element produit tout-à-coup. C'eft un Corps compofé de matière fubtile, puifqu'il penètre les corps les plus durs & les plus folides. C'est un Corps qui renferme des parties plus groffières, puifqu'il diffout & reduit en poudre les Corps les plus maffifs. Ce qui jette dans l'erreur ceux qui foutiennent l'exiftance d'un feu Elementaire, c'eft qu'ils ne diftinguent point la lumière du feu, & qu'ils penfent que la lumière eft le feu lui-même. Mais il eft abfolument néceffaire de ne point leur donner la même effence. Celle de la lumière confifte dans la propagation d'un mouvement vibratoire dans un milieu élastique, qu'on nommé l'Ether. C'est ce que je traiterai bientôt plus amplement en parlant de la lumière.

VOYONS Encore une objection de Mr. de Voltaire. Si le mouvement

feul,

[ocr errors]
[ocr errors]

feul, dit-il, pouvoit produire du feu, ,, comment eft-ce que le vent du Mi,, di nous apporteroit toujours de la

22

[ocr errors]

chaleur en tems férein, & le vent du Nord du froid en tems férein? Un vent du Nord violent devroit échaufer la Ter

re plus qu'un vent du Midi médiocre". Je réponds à cela, que l'agitation du vent du Nord eft violente, mais directe: or le chaud & la chaleur du feu confiftent dans l'agitation en tout fens des parties infenfibles. C'est au défaut de cette agitation qu'il faut attribuer la froideur du vent du Nord. L'air qui fort rapidement de la bouche par une petite iffue que lui laiffent les lèvres ferrées, eft froid; parce qu'il a une agitation directe: quand il fort plus lentement de la bouche toute ouverte, il eft chaud. D'ailleurs le vent du Nord apporte une grande quantité de nître & de petits glaçons. Si l'on met devant la bouche d'un Souflet une pouffière de glace & de fels pilés le vent qui fort du Souflet en est beaucoup plus froid. Le vent du Midi, qui fe charge peu de ces corpufcules, eft moins froid par cette raifon.

IL paroît que Newton n'a pas regar dé le feu comme un Element qui ne chan

change aucune Subftance, ou la fiennepropre, puifqu'il a dit dans fon Optique: que la Terre peut fe changer en feu, comme l'eau est changée en terre. Mr. de Voltaire prétend que Newton auroit corrigé cette idée, s'il avoit eu le tems de la revoir. Mais qui eft-ce qui empêchera à un autre Philofophe d'affurer que Newton l'auroit confirmée? Ce qu'il y a de certain, c'eft qu'un des plus grands Phificiens qu'il y ait en Europe, & dont je parlerai très fouvent dans la fuite de ce Difcours, eft très perfuadé que l'idée de Newton, que Mr. de Voltaire condamne, eft véritable, & peut être justifiée par des expériences.

[merged small][merged small][ocr errors]

LES Philofophes font très divifés fur

la nature du Feu. Quelques-uns des plus fameux Newtoniens avouent qu'ils ne la connoiffent point; mais feulement quelques-unes de fes propriétés. Mr. s'Gravefande s'explique fur ce fujet en termes précis. Nous avons, dit-il, plu

« PreviousContinue »