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Et d'une et d'autre part, pour un tel compliment,
Les phrases sont embarrassantes.

Le grand dieu Jupiter nous fait beaucoup d'honneur,
Et sa bonté, sans doute, est pour nous sans seconde;
Il nous promet l'infaillible bonheur

D'une fortune en mille biens féconde,

Et chez nous il doit naître un fils d'un très grand cœur : Tout cela va le mieux du monde.

Mais enfin coupons aux discours,

Et que chacun chez soi doucement se retire :
Sur telles affaires toujours

Le meilleur est de ne rien dire.

FIN D'AMPHITRYON.

GEORGE DANDIN,

OU

LE MARI CONFONDU,

COMÉDIE EN TROIS ACTES,

Représentée à Versailles, en juillet 1668, avec intermèdes; et à Paris, sur le théâtre du PalaisRoyal, le 9 novembre suivant sans intermèdes.

GEORGE DANDIN, riche

lique.

paysan, mari d'Angé

ANGÉLIQUE, femme de George Dandin, et fille

de M. de Sotenville.

Monsieur DE SOTENVILLE, gentilhomme campagnard, père d'Angélique.

Madame DE SOTENVILLE.

CLITANDRE, amant d'Angélique.

CLAUDINE, suivante d'Angélique.

LUBIN, paysan servant Clitandre.
COLIN, valet de George Dandin.

La scène est devant la maison de George Dandin,

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OU

LE MARI CONFONDU.

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

GEORGE DANDIN.

AH! qu'une femme demoiselle est une étrange affaire! et que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s'élever au-dessus de leur condition, et s'allier, comme j'ai fait, à la maison d'un gentilhomme! La noblesse de soi est bonne, c'est une chose considérable assurément; mais elle est accompagnée de tant de mauvaises circonstances, qu'il est très bon de ne s'y point frotter. Je suis devenu là-dessus savant à mes dépens, et connois le style des nobles lorsqu'ils nous font, nous autres, entrer dans leur famille. L'alliance qu'ils font est petite avec nos personnes, c'est notre bien seul qu'ils épousent; et j'aurois bien mieux fait, tout riche que je suis, de m'allier en bonne et franche paysannerie, que

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