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l'hiftoire de France. Il aurait été employé par un Colbert, mais il vint trop tard: mort en 1760.

BIGNON, (Jérôme) né en 1590. Il a laiffé un plus grand nom que de grands ouvrages. Il n'était pas encore du bon temps de la littérature. Le parlement, dont il fut avocat général, chérit avec raison fa mémoire: mort en 1656.

BILLAUT, (Adam) connu fous le nom de MAITRE ADAM, menuifier à Nevers. Il ne faut pas oublier cet homme fingulier qui, fans aucune littérature, devint poëte dans sa boutique. On ne peut s'empêcher de citer de lui ce rondeau qui vaut mieux que beaucoup de rondeaux de Benferade.

Pour te guérir de cette fciatique

Qui te retient comme un paralytique
Entre deux draps fans aucun mouvement,
Prends-moi deux brocs d'un fin jus de farment;
Puis lis comment on le met en pratique,
Prends-en deux doigts, et bien chauds les applique
Sur l'épiderme où la douleur te pique;

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Que fi tu crains ce doux médicament,
Ton médecin, pour ton foulagement,
Fera l'eflai de ce qu'il communique
Pour te guérir.

Il eut des penfions du cardinal de Richelieu et de Gafton, frère de Louis XIII: mort en 1662.

BOCHART, ( Samuel) né à Rouen, ent 1599, calvinifte, un des plus favans hommes de l'Europe dans les langues et dans l'histoire, mais fyftématique, comme tous les favans. Il fut un de ceux qui allèrent en Suède inftruire et admirer la reine Chriftine: mort en 1667.

BOILEAU DESPREAUX, (Nicolas) de l'académie, né au village de Crone auprès de Paris, en 1636. Il effaya du barreau, et enfuite de la Sorbonne. Dégoûté de ces deux chicanes, il ne fe livra qu'à fon talent, et devint l'honneur de la France. On a tant commenté fes ouvrages, on a chargé ces commentaires de tant de minuties, que tout ce qu'on pourrait dire ici serait fuperflu.

On fera feulement une remarque qui paraît effentielle, c'eft qu'il faut diftinguer foigneufement dans fes vers ce qui eft devenu proverbe d'avec ce qui mérite de devenir maxime. Les maximes font nobles, fages et utiles, elles font faites pour les hommes

d'efprit et de goût, pour la bonne compagnie. Les proverbes ne font que pour le vulgaire, et l'on fait que le vulgaire eft de tous les états.

Pour paraître honnête homme, en effet il faut l'être.' On me verra dormir au branle de fa roue.

(la roue de la fortune.)

Chaque âge a fon efprit, fes plaifirs et fes mœurs. L'efprit n'eft point ému de ce qu'il ne croit pas. Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.

T

Voilà ce qu'on doit appeler des maximes dignes des honnêtes gens. Mais pour des vers tels que ceux-ci:

J'appelle un chat un chat, et Rolet un fripon. Va-t-en chercher ton pain de cuisine en cuisine. Quand je veux dire blanc, la quinteufe dit noir. Aimez-vous la mufcade? on en a mis par-tout. La raifon dit Virgile, et la rime Quinault.

ce font-là plutôt des proverbes du peuple que des vers dignes d'être retenus par les connaiffeurs: mort en 1711.

BOILEAU, (Gilles) né à Paris, en 1631, frère aîné du fameux Boileau. Il a fait quelques traductions qui valent mieux que fes vers: mort en 1669.

BOILEAU, (Jacques) autre aîné de Defpréaux, docteur de Sorbonne : efprit

bizarre, qui a fait des livres bizarres, écrits dans un latin extraordinaire, comme l'hiftoire des flagellans, les attouchemens impudiques, les habits des prêtres, &c. On lui demandait pourquoi il écrivait toujours en latin; c'eft, dit-il, de peur que les évêques ne me lifent; ils me perfécuteraient: mort en 1716.

BOINDIN, Nicolas ) tréforier de France et procureur du roi de fa compagnie, de l'académie des belles-lettres, connu par d'excellentes recherches fur les théâtres anciens, et fur les tribus romaines, par la jolie comédie du Port de mer. C'était un critique dur ; le dictionnaire historique et janséniste le traite d'athée. Il n'a jamais rien écrit fur la religion. Pourquoi insulter ainfi à la mémoire d'un magistrat que les auteurs de ce dictionnaire n'ont point connu? Quelle infolence puniffable! Comme il était mort fans facremens, les prêtres de fa paroiffe voulaient lui refuser la fépulture, espèce de juridiction qu'ils prétendent avoir droit d'exercer; mais le gouvernement et les magiftrats qui veillent au maintien des lois, de la décence et des mœurs, répriment avec foin ces actes de fuperftition et de barbarie. Cependant on craignit que ces prêtres n'ameutaffent le petit peuple contre le convoi de Boindin, ainsi qu'ils l'avaient ameuté contre

celui de Molière; et Boindin fut enterré fans cérémonie: mort en 1753.

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BOISROBERT, François LE METEL) plus célèbre par fa faveur auprès du cardinal de Richelieu, et par fa fortune que par fon mérite. Il composa dix-huit pièces de théâtre qui ne réuffirent guère qu'auprès de fon patron: mort en 1662.

BOIVIN, Jean) né en Normandie, en 1633, frère de Louis Boivin, et utile comme lui pour l'intelligence des beautés des auteurs grecs: mort en 1726.

L'abbé DU BOS. Son Hiftoire de la Ligue de Cambrai eft profonde, politique, intéreffante; elle fait connaître les ufages et les mœurs du temps, et eft un modèle en ce genre. Tous les artiftes lifent avec fruit fes Réflexions Jur la poëfie, la peinture et la mufique. C'est le livre le plus utile qu'on ait jamais écrit fur ces matières chez aucune des nations de l'Europe. Ce qui fait la bonté de cet ouvrage, c'eft qu'il n'y a que peu d'erreurs et beaucoup de réflexions vraies, nouvelles et profondes. Ce n'eft pas un livre méthodique; mais l'auteur pense et fait penfer. Il ne favait pourtant pas la mufique; il n'avait jamais pu fairè de vers, et n'avait pas un tableau, mais il avait beaucoup lu, vu, entendu et réfléchi. Il

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