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BAUDRAND, (Michel) né à Paris en 1633, géographe, moins eftimé que Samson: mort

en 1700.

BAYLE, (Pierre) né au Carlat, dans le comté de Foix, en 1647, retiré en Hollande plutôt comme philofophe que comme calviniste, perfécuté pendant sa vie par Jurieu, et après fa mort par les ennemis de la philofophie. Ce favant, que Louis Racine appelle un homme affreux, donnait aux pauvres fon fuperflu: et quand Jurieu, lui eut fait retrancher fa penfion, il refufa une augmentation de l'honoraire que lui donnait Reiniers Leers, fon imprimeur. S'il avait prévu combien fon Dictionnaire ferait recherché, il l'aurait rendu encore plus utile, en retranchant les noms obscurs, et en y ajoutant plus de noms illuftres. C'eft par fon excellente manière de raisonner qu'il eft fur-tout recommandable, non par fa manière d'écrire, trop fouvent diffuse, lâche, incorrecte, et d'une familiarité qui tombe quelquefois dans la bassesse; dialecticien admirable, plus que profond philofophe: il ne favait presque rien en physique. Il ignorait les découvertes du grand Newton. Prefque tous les articles philofophiques fuppofent ou combattent un cartéfianisme qui ne fubfifte plus. Il ne connaissait d'autre définition de la matière que l'étendue. Ses autres

propriétés reconnues ou foupçonnées ont fait naître enfin la vraie philofophie. On a eut des démonftrations nouvelles, et des doutes nouveaux de forte qu'en plus d'un endroit le fceptique Bayle n'eft pas encore affez sceptique. Il a vécu et il eft mort en fage. Des- Maifeaux a écrit fa vie en un gros volume; elle ne devait pas contenir fix pages: la vie d'un écrivain fédentaire eft dans fes écrits: mort en 1706.

Il ne faut jamais oublier la perfécution que le fanatique Jurieu fufcita dans un pays libre à ce philofophe. Il arma contre lui le confiftoire calvinifte fous plufieurs prétextes, et fur-tout à l'occafion du fameux article de David. Bayle avait fortement relevé les excès, les trahifons et les barbaries que ce prince juif avait commises dans les temps où la grâce de DIEU l'abandonnait. Il n'eût pas été indécent à ce confiftoire d'engager Bayle à célébrer ce prince juif qui fit une fi belle pénitence, et qui obtint de DIEU que foixante et dix mille de fes fujets mouruffent de la pefte, pour expier le crime de leur roi qui avait ofé faire le dénombrement du peuple. Mais ce qui doit être foigneufement observé, c'eft que ces pafteurs dans leur cenfure le reprennent d'avoir quelquefois donné des éloges à des papes gens de bien, et lui enjoignent de ne jamais juftiaucun pape, parce que, difent-ils expref

fier

fément, ils ne font pas de leur Eglife. Ce trait eft un de ceux qui caractérisent le mieux l'efprit de parti. Au refte on a voulu continuer fon Dictionnaire; mais on n'a pu l'imiter. Les continuateurs ont cru qu'il ne s'agiffait que de compiler. Il fallait avoir le génie et la dialectique de Bayle pour ofer travailler dans le même genre.

BEAUMONT DE PÉRÉFIXE, (Hardouin) précepteur de Louis XIV, archevêque de Paris. Son Hiftoire de Henri IV, qui n'eft qu'un abrégé, fait aimer ce grand prince, et eft propre à former un bon roi. Il la compofa pour fon élève. On crut que Mézeray y avait eu part; en effet il s'y trouve beaucoup de fes manières de parler; mais Mézeray n'avait pas ce ftyle touchant et digne en plufieurs endroits du prince dont Péréfixe écrivait la vie, et de celui à qui il l'adreffait. Les excellens confeils qui s'y trouvent pour gouverner par foi-même ne furent inférés que dans la feconde édition, après la mort du cardinal Mazarin. On apprend d'ailleurs à connaître Henri IV beaucoup plus dans cette histoire que dans celle de Daniel, écrite un peu sèchement, et où il eft trop parlé du père Coton, et trop peu des grandes qualités de Henri IV et des particularités de la vie de ce bon roi. Péréfixe émeut tout cœur né fenfible, et fait

adorer

adorer la mémoire de ce prince, dont les faibleffes n'étaient que celles d'un homme aimable, et dont les vertus étaient celles d'un grand homme: mort en 1670.

DE BEAUSOBRE, ( Ifaac) né à Niort, en 1659, d'une maifon diftinguée dans la profeffion des armes, l'un de ceux qui ont fait honneur à leur patrie qu'ils ont été forcés d'abandonner. Son Hiftoire du manichéisme eft un des livres les plus profonds, les plus curieux, et les mieux faits. On y développe cette religion philofophique de Manès, qui était la fuite des dogmes de l'ancien Zoroaftre et de l'ancien Hermès, religion qui féduifit long-temps St Auguftin. Cette hiftoire eft enrichie de connaiffances de l'antiquité; mais enfin ce n'eft comme tant d'autres livres moins bons) qu'un recueil des erreurs humaines mort à Berlin, en 1738.

BENSERADE, (Ifaac de) né en Normandie, en 1612. Sa petite maifon de Gentilli, où il fe retira fur la fin de fa vie, était remplie d'inscriptions en vers, qui valaient bien fes autres ouvrages; c'eft dommage qu'on ne les ait pas recueillies; mort en 1691.

BERGIER (Nicolas) a eu le titre d'hiftoriographe de France; mais il eft plus connu par fa curieufe Hiftoire des grands chemins de l'empire Siècle de Louis XIV. Tome I.

G

romain, furpaffés aujourd'hui par les nôtres en beauté, mais non pas en folidité. Son fils mit la dernière main à cet ouvrage utile, et le fit imprimer fous Louis XIV: mort en 1623.

BERNARD. (Mademoiselle) auteur de quelques pièces de théâtre, conjointement avec le célèbre Bernard de. Fontenelle, qui a fait prefque tout le Brutus. Il eft bon d'obferver que la Fable allégorique de l'imagination et du bonheur, qu'on a imprimée fous fon nom, eft de l'évêque de Nîmes, la Parifière, fucceffeur de Fléckier.

BERNARD, (Jacques) du Dauphiné, né en 1658, favant littérateur. Ses journaux ont été eftimés: mort en Hollande, en 1718.

BERNIER, (François ) furnommé le Mogol, né à Anvers, vers l'an 1625. Il fut huit ans médecin de l'empereur des Indes. Ses Voyages font curieux. Il voulut avec Gaffendi renouveler en partie le fyftême des atomes d'Epicure, en quoi certes il avait très-grande raison; les espèces ne pouvant être toujours reproduites les mêmes, fi les premiers principes ne font invariables: mais alors les romans de Defcartes prévalaient mort en vrai philofophe, en 1688.

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L'abbé LE BEUF, né en 1687, l'un des plus favans hommes dans les détails de

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