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FONTAINESE

ABDICATIONS

CHARLESIVE

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LA SUÈDE SEULE CONTRE LA FRANCE. PRISE DE STRALSUND; DE L'ILE DE
RUGEN. — BOMBARDEMENT DE COPENHAGUE PAR LES ANGLAIS.

TRAITÉ

DE FONTAINEBLEAU ENTRE LA FRANCE ET L'ESPAGNE. CONQUÊTE DU
PORTUGAL.- -DÉPART DE LA FAMILLE DE BRAGANCE POUR LE BRÉSIL.
COMPLOTS DE L'ESCURIAL.
ARRESTATION DU PRINCE DES ASTURIES.

DÉPART DE NAPOLÉON POUR LE ROYAUME D'ILALIE.

-

E 9 juillet, après vingt jours de réunions
Tet de conférences très confidentielles entre
Alexandre et Napoléon, les trois monarques se sé-

parent à Tilsitt. Le 27, Napoléon est de retour à Paris.

La France s'est déjà décerné les honneurs du triomphe et de la souveraineté européenne; elle se croit la république romaine dont le dernier citoyen marchait l'égal des rois ses alliés. Bientôt le sénatusconsulte du 19 août, qui supprime le tribunat, l'avertit qu'elle n'est plus que l'empire de César. Condamnée au silence, la liberté, comme une divinité vaincue, se dérobe aux regards du conquérant, et va cacher son culte dans des asiles domestiques. De religion dominante, elle est devenue une secte malheureuse, qui reparaîtra en suppliante au deuil de la France, dont elle aura inutilement conservé le palladium.

Quelques jours auparavant, le 12 août, l'attachement du roi de Wurtemberg pour l'Empereur venait d'être consacré, à Saint-Cloud, par le mariage de la princesse Catherine, sa fille, avec le nouveau roi de Westphalie. La fortune avait fait naître cette princesse d'une maison souveraine; la nature lui avait donné tout ce qui sied à la majesté du diadème pour l'embellir, et au pouvoir royal pour le rendre cher. Aucune des couronnes de l'Europe n'eût été déplacée sur la tête de cette jeune reine, en qui la beauté, qui est aussi une puissance, ajoutait encore à l'éclat de son esprit, à l'étendue de ses connaissances, à l'élévation de son caractère. A l'époque du divorce, si Napoléon avait pu choisir une épouse pareille, elle aurait honoré et sauvé la couronne impériale de

France.

Cependant le 18 avril, la Suède avait signé un armistice en Poméranie; mais par un esprit de ver

tige indéfinissable, Gustave-Adolphe rompt subitement cet armistice après la paix d'Austerlitz; et jaloux sans doute de renouveler Charles XII, seul, Gustave reprend ses faibles armes contre le maître de l'Europe. Brune est chargé de châtier ce prince téméraire enfermé dans Stralsund. Le 20 août, cédant aux prières des habitans, Gustave abandonne cette forte place, qui se rend au maréchal. L'île de Rugen suit le sort de Stralsund. Tout le littoral de la Baltique subit le joug de la France. La Suède a perdu irrévocablement la Poméranie, et Gustave l'affection de ses sujets. Il avait follement compté sur les armemens de l'Angleterre, dont il était le plus fidèle allié; mais il se trompait dans ses calculs. On vit cette puissance, au lieu de secourir Gustave, risquer une flotte contre les batteries improvisées aux Dardanelles par l'ambassadeur Sébastiani; exposer une partie de son armée, qu'elle a laissée à Rosette, sur le sol de l'Egypte; envoyer en Amérique dix mille hommes qui allèrent échouer devant Buenos-Ayres, et signer une honteuse capitulation qui leur enleva Monte - Video, ainsi que toute la côte de Rio de la Plata; enfin, au moment même où le roi de Suède a juré de s'ensevelir sous les ruines de Stralsund, l'Angleterre, infidèle à tous les sentimens d'honneur et de loyauté dans les rapports politiques, aime mieux frapper à l'improviste un prince voisin, que de servir de ses troupes et de ses nombreux vaisseaux celui qui se dévouait si imprudemment à sa cause et qui jamais ne l'a abandonnée.

La diplomatie anglaise ne procédait cette année

pro

que par voie d'extermination. Le 12 août, à l'exemple de la négociation de lord Arbuthnot à Constantinople, le ministre Jackson vient signifier au prince royal, à Copenhague, que la Grande-Bretagne exige du Danemarck une alliance offensive et défensive, et pour garantie la remise de la flotte, de la forteresse de Cronenbourg, ainsi que la capitale. Il ajoute que l'Angleterre compensera avec de l'argent les pertes que le Danemarck pourra éprouver : « Et avec quoi compenserez-vous l'honneur ? »> répond le prince. Le 13, M. Jackson annonce que les hostilités vont éclater. On court aux armes. L'attaque commence le 16. Le même jour, le gouvernement danois met le séquestre sur le commerce et les priétés de l'Angleterre dans ses États. Les Anglais ont jeté douze mille hommes dans la forteresse de Frédérichsberg, aux portes de Copenhague. La proclamation anglaise aux Danois leur déclare que la Grande-Bretagne se présente comme amie et ne demande leur flotte qu'à titre de dépôt : c'est ajouter la dérision à la violence. Le 18 août, lord Cathcart, commandant les forces britanniques, écrit au général Peymann, gouverneur de Copenhague, que si les propositions de l'Angleterre ne sont pas acceptées, la ville subira les horreurs d'un siége par terre et par mer. La réponse du général danois est un refus plein de fierté. Le 2 septembre, à sept heures du soir, les Anglais commencent un bombardement qui dure soixante-douze heures et réduit en cendres trois cents maisons. Le général Peymann, dangereusement blessé, se voit forcé de capituler. Les Anglais sont maîtres de la flotte danoise, qui consiste en

vingt-huit vaisseaux de ligne, seize frégates, neuf bricks, et une quarantaine de petits bâtimens. Le prince royal, dont le caractère ne se dément pas un seul instant, refuse de reconnaître la capitulation. Dès le 19 août, il avait donné l'ordre au général Peymann de faire sauter la flotte s'il ne pouvait la sauver; mais l'officier porteur de cet ordre avait été pris.

Le roi de Danemarck, victime d'une agression aussi barbare, y trouve la justification du blocus continental que la France impose à ses alliés : il s'empresse d'y adhérer, ordonne la saisie de toutes les propriétés britanniques dans ses États, l'arrestation de tous les Anglais, interdit tout commerce avec l'Angleterre; le 16 octobre, il signe avec la France un traité offensif et défensif, et, seul des alliés de Napoléon, il respectera ses engagemens jusqu'au dernier moment. Indigné de la violence que l'Angleterre a commise sur la capitale du Danemarck, l'empereur Alexandre proclame hautement, par l'ukase du 31 octobre, les principes de neutralité armée que lui a légués Catherine II; il proscrit, en outre, toute communication entre les deux États, jusqu'à ce que le Danemarck soit satisfait et jusqu'à la paix de la France avec la Grande-Bretagne. Le 10 novembre, ce prince, dont aucune influence étrangère n'altère encore la politique, accède entièrement à toutes les conditions du système continental, et fait exécuter dans la Russie entière les mesures rigoureuses de ce pacte contre les sujets, les propriétés et le commerce de l'Angleterre. Le traité de Tilsitt semblait avoir jeté de profondes racines dans l'esprit d'Alexandre; il s'en montrait l'observateur dévoué. Jamais alliance

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