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Clean. En attendant qu'ils foient ferrés, je vais faire, pour vous, mon père, les honneurs de votre logis, & conduire Madame dans le jardin, où je ferai porter la collation.

Harp. Valère, aye un peu l'œil à tout cela; & pren foin, je te prie, de m'en fauver le plus que tu pourras, pour le renvoyer au Marchand.

Val. C'eft affez.

Harp. O fils impertinent! as-tu envie de me ruiner?
Fin du troifième Acte.

ACTE IV.

SCENE I

Clean

CLE'ANTE, MARIANE, ELISE, FROSINE.

R

Entrons ici, nous ferons beaucoup mieux. II n'y a plus autour de nous perfonne de fuf pect, & nous pouvons parler librement.

Elife. Oui, Madame, mon frere m'a fait confidence de la paffion qu'il a pour vous. Je fais les chagrins & les déplaifirs que font capables de caufer de pareilles traverfes & c'eft, je vous affure, avec une tendreffe extrême que je m'intéreffe à votre avanture.

Mar. C'est une douce confolation, que de voir dans fes intérêts une perfonne comme vous; & je vous conjure, Madame, de me garder toûjours cette généreufe amitié, fi capable de m'adoucir les cruautés de la Fortune.

Frof. Vous êtes, par ma foi, de malheureuses gens Fun & l'autre, de ne m'avoir point, avant tout ceci, avertie de Votre affaire! je vous aurois, fans doute, détourné cette inquiétude, & n'aurois point amené les chofes où l'on voit qu'elles font.

Clean. Que veux-tu? c'eft ma mauvaise destinée, qui l'a voulu ainfi. Mais, belle Mariane, quelles réfolutions font les vôtress cl

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Clean. While they're fhooing, Sir, I'll perform the Honours of the House in your ftead, to the Lady, and conduct her into the Garden, whither I'll fend the Collation.

Harp. Valerio, have an eye a little to all this; and pray take care to fave me as much as you can, that I may fend it back to the Confectioner's.

Val. It fhall be done.

Harp. O Rogue of a Son! Have you a mind to ruin me?
The End of the third A&.

ACT IV.

SCENE I

CLEANTHES, MARIANA, ELIZA, FROSINA.

Clean.

L

ET us retire hither; here we fhall be much better. There's no fufpicious body about us now, and we may speak freely.

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Eliz. Yes, Madam, my Brother has confided to me the Paffion he has for you. I know the Uneafinefs and Vexation which fuch cross Accidents are capable of caufing and I'll affure you, I intereft myself in your Ad venture with an extreme Tenderness..

Mar. "Tis a pleasing Consolation to fee in one's Inte reft fuch as Perfon as you; and I conjure you, Madam, al ways to preserve to me that generous Friendfhip which is fo capable of fweetning the Cruelties of Fortune.

Frof. In good truth, you're both unfortuhate People, in not having acquainted me with your Affair before all this. I fhould certainly have prevented this Uneafinefs, and not let things have come to this pass.

Clean. What wou'd you have me do? My evil Deftiny will have it fo. But, fair Mariana, what are Your Res falutions?

Mar. Hélas, fuis-je en pouvoir de faire des réfolutions! & dans la dépendance où je me vois, puis-je former que des fouhaits?

Cléan Point d'autre appui pour moi dans votre cœur que de fimples fouhaits? point de pitié officieuse? point de fecourable bonté? point d'affection agissante ?

Mar. Que faurois-je vous dire? mettez vous en ma place, & voyez ce que je puis faire. Avifez, ordonnez vous-même, je m'en remets à vous; & je vous crois trop raisonnable, pour vouloir exiger de moi, que ce qui peut m'être permis par l'honneur & la bienséance.

Cléan. Hélas! où me réduifez-vous, que de me renvoyer à ce que voudront permettre les fâcheux fentimens d'un rigoureux honneur, & d'une fcrupuleufe bienféance!

Mar. Mais que voulez-vous que je faffe? Quand je pourrois paffer fur quantité d'égards où notre fexe eft obligé, j'ai de la confidération pour ma mere. Elle m'a toûjours élevée avec une tendreffe extrême, & je ne faurois me réfoudre à lui donner du déplaifir. Faites, agiffez auprès d'elle. Employez tous vos foins à gagner fon efprit; vous pouvez faire & dire tout ce que vous voudrez, je vous en donne la licence; & s'il ne tient qu'à me déclarer en vo tre faveur, je veux bien confentir à lui faire un aveu, moi-même, de tout ce que je fens pour vous.

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Clean. Frofine, ma pauvre Frofine, voudrois-tu nous fervir?

.

Frof. Par ma foi, faut-il demander? je le voudrois de tout mon cœur. Vouz favez que, de mon naturel, je fuis affez humaine. Le Ciel ne m'a point fait l'ame de bronze; & je n'ai que trop de tendreffe à rendre de petits fervices, quand je vais des gens qui s'entre-aiment en tout bien & en tout honneur. Que pourrions-nous faire à ceci?

Cléan. Songe un peu, je te prie.

Mar. Ouvre-nous des lumières.

Elife. Trouve quelque invention pour rompre ce que tu as fait.

Frof. Ceci eft affez difficile. Pour votre mere, elle n'eft pas tout-a-fait déraisonnable, & peut-être pourroit-on

Mar. Alas! Am I capable of making Refolutions! Can I form any thing but Wishes, in the Dependance, I am in'?

Clean. Is there no other Support for me in your Heart but bare Wishes? no officious Pity? no relieving Goodness ? no active Affection?.

Mar. What can I fay to you? Imagine yourself in my place, and think what I can do. Advise, order things yourself; I refer myfelf to you; and believe you too reafonable to exact from me any thing, but what the Rules of Honour and Decency will permit.

Clean. Alas! how narrowly you confine me, when you refer me to the Rules of a rigorous Honour and a fcrupulous Decency?

Mar. But what wou'd you have me do? Even though I could refolve to forego feveral Ceremonies our Sex is obliged to, yet I've a refpect for my Mother. She always bred me up with an extreme Tenderness, and I can't prevail on myfelf to do any thing to difplease her. But ufe your Intereft with her; ftrain all your Power to gain her over; I give you leave to fay, and do all you pleafe; and if it only depends upon my declaring in your favour, I'll confent to make a full Confeffion to her myself, of the opinion I have of you.

Clean. Frofina, good dear Frofina! will you not affift us? Frof. Admheartlikins! Is that a Question? I am entirely willing. You know that I am by Nature fufficiently Humane. Heaven has not made my Heart of Brafs; and I am but too fond of ferving those whom I' perceive love each other heartily and honourably. What cou'd we do in this cafe?

Clean. Prithee, confider a little.

Mar. Strike us out fome little Light.

Eliz. Find out fome Invention to unravel what you have done.

Frof. This is a difficult Point. As for your Mother, she is not unreasonable, and perhaps may be gained to

la gagner, & la réfoudre à tranfporter au fils le don qu'elle veut faire au père. Mais le mal que j'y trouve, c'eft que votre père eft votre père.

Clean. Cela s'entend.

Frof. Je veux dire qu'il confervera du dépit, fi l'onm ontre qu'on le refufe; & qu'il ne fera point d'humeur enfuite à donner fon confentement à votre mariage. Il faudroit pour bien faire, que le refus vînt de lui-même; & tâcher par quelque moyen de le dégoûter de votre perfonne.

Clean. Tu as raison.

:

Frof. Oui, j'ai raison, je le fais bien. C'est là ce qu'il faudroit mais le diantre eft d'en pouvoir trouver les moyens. Attendez, fi nous avions quelque femme un peu fur l'âge, qui fût de mon talent, & jouât affez bien pour contrefaire une Dame de qualité, par le moyen d'un train fait à la hâte, & d'un bizarrre nom de Marquife, ou de Vicomteffe, que nous fuppoferions de la Baffe-Bretagne, j'aurois affez d'adreffe pour faire accroire à votre père que ce feroit une perfonne riche, outre fes maifons, de cent mille écus en argent comptant; qu'elle feroit éperduement amoureufe de lui, & fouhaiteroit de fe voir fa femme, jufqu'à lui donner tout fon bien par contrat de mariage; & je ne doute point qu'il ne prêtât l'oreille à la propofition: car enfin, il vous aime fort, je le fais : mais il aime un peu plus l'argent; & quand, ébloui de ce leurre, il auroit une fois confenti à ce qui vous touche, il importeroit peu enfuite qu'il fe défabusât, en venant à vouloir voir clair aux effets de notre Marquife.

Clean. Tout cela eft fort bien pensé.

Frof. Laiffez-moi faire. Je viens de me reffouvenir d'une de mes amies, qui fera notre fait.

Cléan. Sois affûrée, Frofine, de ma reconnoiffance, fi tu viens à bout de la chose: mais, charmante Mariane, commençons, je vous prie, par gagner votre mere; & c'eft toûjours beaucoup faire, que de rompre ce mariage. Faites-y de votre part, je vous en conjure, tous les efforts qu'il vous fera poffible. Servez-vous de tout le pouvoir que vous donne fur elle cette amitié qu'elle a pour vous. Déployez fans réferve les graces éloquentes, les

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charmes

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