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visibles étant là, J. C. est véritablement et efficacement présent. Que demandez-vous de plus? Il faut bien enfin en revenir à cette idée, à moins que, comme le disent déjà quelques-uns, vous ne prétendiez que le corps et le sang de J. C. sont donnés séparément aux communians; ce qui serait certainement une nouveauté, que les Catholiques romains eux-mêmes n'approuveraient pas. L'erreur est féconde, comme dit le proverbe l'idée de cette union physique donne lieu à une foule de questions. Reçoit-on séparément le corps et le sang? Sont-ils renfermés dans le pain et le vin? Quand sont-ils présens? Le sont-ils encore hors l'usage du Sacrement? Ce sont là autant de questions sur lesquelles nous ne trouvons rien chez les anciens.

Quant à moi, mon cher Vitus, je me garderai bien de lancer ces disputes dans l'Eglise. C'est pour l'éviter que je me suis exprimé en si peu de mots sur ce point, dans mes lieux communs théologiques. Mon but a été de détourner la jeunesse de s'occuper de pareilles recherches. Je vous ai dit sommairement et complètement toute ma pensée sur cet article. Plût à Dieu que quelque jour on le discutât mûrement tout entier, en laissant de côté pour un moment la passion et la manie des arguties, les deux tyrans les plus cruels. Si cette simple réponse ne vous suffit pas, je vous promets une plus longue dissertation. Je crois cependant de cette manière parler religieusement, convenablement et respectueusement des symboles de la sainte Cène, et me rapprocher le plus de l'opinion de l'antiquité. Je ne puis en ce moment vous en dire davantage.

Je vous adresse cette lettre par un Prédicateur de Berne, qui s'est trouvé ces jours-ci avec nous; j'ai reconnu en lui un homme savant et pieux. Il a participé

aussi à la Sainte Cene; je vous prie de le recevoir amicalement. Le jour de Saint Georges.

PHILIPPE MÉLANTHON.

De la main de Vitus, se trouvaient ajoutées à l'adresse de la lettre les paroles suivantes : sur la présence du corps de Christ. 1538, le 23 avril.

La signature de cette lettre fait voir que Mélanchton n'écrivait pas habituellement son nom comme nous le prononçons aujourd'hui. Des personnes qui ont vu un grand nombre d'autographes de ce réformateur, m'ont assuré que sa signature habituelle était Melanthon, comme dans notre lettre, ou simplemement Philippe. BOISSARD, Pasteur.

MORALE ÉVANGÉLIQUE.

Du support en matière de Religion.

La tolérance philosophique naît de l'indifférence pour les religions, mais la tolérance évangélique est le fruit de la charité chrétienne. Un vrai disciple de JésusChrist connaît par sentiment le prix de sa foi; il ne l'échangerait pas contre le monde entier, et voudrait en partager les trésors avec tous ceux qu'il aime avec tous les hommes, s'il était en son pouvoir; mais jamais il n'emploiera pour cela les moyens anti-chrétiens de la séduction ou de l'oppression, qui ne sont mis en œuvre que par de vrais fanatiques. Joignons la vérité avec la charité (dit Saint Paul aux Ephés. IV. 15.) et croissons en toutes choses en Jésus-Christ, qui est notre chef. Ainsi donc, au zèle et à l'attachement que nous devons à la vérité, selon notre conscience, joignons à l'égard d'autrui la pratique de la

de prétexte à la négligence, à la frivolité! Le code de la nouvelle alliance s'est multiplié entre vos mains au moyen des planches stéréotypes qui le reproduisent à volonté à votre usage, et qu'un pieux bienfaiteur a mises à la disposition de votre consistoire réuni à celui de la confession d'Augsbourg. Hélas! depuis Cinq ans que vous jouissez de ce bienfait, l'avez-vous mis à profit comme vous auriez dû le faire; et ne yous est-il pas devenu un sujet de honte et de condamnation, plutôt qu'un moyen de salut? Eh bien, la céleste bonté ne se rebute pas par votre indifférence, par vos dédains. Une nouvelle ressource vous est ouverte. Enfin, cette respectable société Biblique, qui, de son île natale, a versé ses bienfaits sur toute l'étendue du globe; qui, depuis quinze ans, ne cesse de les répandre dans toutes les langues, avec une profusion presque inimaginable ; enfin cette respectable société Biblique vient d'acquérir aussi dans notre Eglise une soeur ardemment désirée. Trop de méfiance, trop de circonspection, y avait apporté trop de retard. Mais il suffit d'en demander l'autorisation pour l'obtenir. « L'objet de cette réunion (nous a répondu une admi<«<nistration paternelle), l'objet de cette réunion n'a rien <«< qui ne soit parfaitement en rapport avec les lois « de l'état et avec les intentions du gouvernement. « Les noms des membres qui la composent, en font « l'éloge, et ajoutent à la garantie qui se trouve dans <«<le règlement qu'elle s'est prescrit. Le but de la « société étant de répandre parmi vos co-religionnaires <«<le texte des livres saints dans les versions protestantes, << j'ai prévenu les autorités compétentes de son existence, <«<et des réunions qu'elle aura à former pour l'objet <«< de son institution (1). »

(1) Réponse de S. E. monseigneur le Ministre de la Police nérale.

O libérale, ô religieuse conduite, digne de tous nos éloges, de toute notre reconnaissance! Quel contraste brillant elle offre avec les préventions, les rigueurs sous lesquelles nous avons gémi naguère ! Mais malheur à nous, si nous n'étions jaloux de nous en rendre dignes! Ah! désormais parmi nous, comme partout ailleurs dans la chretienté protestante, que les volontaires offrandes, que les annuelles contributions abondent pour cet objet important. Sous les auspices de la paix, rivalisons de piété avec nos voisins, et qu'aussi parmi nous retentissent dans tout leur éclat les oracles du Dieu vivant et vrai. Songez que si, en contradiction avec les principes de notre bienheureuse réforme, vous mettiez la lampe sous le boisseau, vous en répondriez à l'Eglise, vous en répondriez à Dieu. Ici encore les deux Consistoires protestans associent leur ministère, unissent leurs efforts. Puissent-ils goûter la satisfaction de voir, dans l'un et dans l'autre troupeau, s'établir une sainte émulation; de voir se resserrer, pour la gloire de Dieu en J. C., ce nouveau lien de concorde. Qu'ainsi se répandent sur Sion des torrens de bénédictions nouvelles. Qu'unité de but, unité de moyens nous procure identité de succès. Il faut surtout que la jeunesse, il faut que la classe indigente se familiarisent avec les saintes lettres: utile frein de la jeunesse inappréciable consolation de l'indigence, elles se recommandent à tous les états, à tous les âges. Qu'on les voie dans toutes les mains, que chacun en imprime dans sa mémoire les salutaires leçons. Vous aimerez à les reconnaître dans les prières, dans les exhortations, dans les discours de vos Pasteurs; elles sanctionneront auprès de vous leurs promesses; elles donneront de l'ascendant à leurs remontrances, poids à leurs censures. O puisse se réaliser cet espoir, malgré la frivolité du siècle, malgré ce relâchement dans la piété, sur lequel nous gémissons depuis trop

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charité. Celle-ci est patiente, pleine de bonté; elle n'est point vaine ni insolente; elle ne s'enfle point d'orgueil. Par conséquent le fidèle jouit humblement de sa foi, et n'a pas la présomption d'être exempt de tout préjugé. C'est pourquoi aussi la charité excuse tout et supporte tout de la part des autres. A l'égard de ses frères des autres communions un Chrétien modeste sincère et charitable tiendra le langage de Saint Paul aux Philip. Chap. III. 12-16. Je ne me persuade pas d'étre parvenu à la perfection (des lumières et de la pratique du salut), mais je fais des efforts continuels pour y parvenir; car c'est pour cela que Jésus-Christ m'a pris à lui........ Soyons donc tous de ce sentiment (ayons donc tous le désir de faire des progrès dans la vérité et dans la charité), nous qui avons été bien instruits ( et qui nous glorifions d'avoir quelque intelligence de l'Évangile). Si vous pensez autrement (si vous différez d'avec nous sur quelques articles, où nous nous croyons réciproquement dans l'erreur ou dans l'abus), Dieu vous fera connaitre ce qui en est. De même que nous espérons obtenir de l'Auteur de tous les biens une augmentation de lumières, nous avons également cette confiance en lui, que, si vous le cherchez de tout votre cœur, il vous fera percer l'écorce de vos cérémonies, trouver l'esprit de la lettre qui vous arrête; et alors ce mur de séparation d'avec nous, qui vous paraît si élevé, si épais, sera comme un nuage qui se dissipe; vous serez étonné de pouvoir nous tendre la main, et nous serons charmés de la saisir. Prenons garde à cette excellente déclaration du ps. 25, Qui craint Dieu, etc.

Cependant, ajoute Saint Paul ( en attendant que Dieu nous fasse connaître au juste ce qui en est de certains points en discussion), suivons une même règle, dans les choses à la connaissance desquelles nous sommes parvenus, et soyons en bonne intelligence.

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