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l'esprit de personne, semblable à ces rossignols éloquents | qui varient leur ramage suivant leurs différents caprices. » La scène d'où ce morceau est tiré est une des meilleures du recueil : il s'agit de savoir si une Isabelle épousera un Octave, comédien italien, ou Arlequin, le tenant de la comédie française. Le mariage dépend de la prééminence de l'un ou de l'autre théâtre; et dans le dessein de la pièce, il n'est pas maladroit d'avoir fait d'Arlequin l'avocat des comédiens français vous pouvez deviner comment leur cause est plaidée. C'est Colombine qui parle pour Octave, qui sait mal le français: en revanche, elle sait le latin, comme on vient de le voir. La satire n'est pas ici sans esprit, quoique l'esprit n'y soit pas sans mauvais goût. C'est monseigneur le Parterre qui juge, et qui donne gain de cause aux Italiens, attendu qu'ils ne lui prennent jamais que la pièce de quinze sous, au lieu que les Français le mettent souvent au double. Tout cela n'est pas mauvais 1, et un trait fort bon, c'est l'éloge qu'on fait du Parterre, seul juge qui paye pour juger, quand tous les autres juges se font payer; ce qui pourtant ne le rend pas plus infaillible que les autres; mais on peut croire que les parties contendantes ne s'avisent pas de cette observation devant Monseigneur le Parterre. De nos jours, elles auraient pu en faire un autre éloge, c'est qu'il est la seule puissance qui ait jamais représenté en réalité la souveraineté du peuple, quoique là comme ailleurs elle ait été plus d'une fois à vendre et à acheter; témoin Dorat, qui s'est ruiné à ce petit commerce. Je sais qu'on s'y est enrichi depuis, quand ce commerce a pu se faire en grand; mais il fallait avant tout que le grand mot de souveraineté du peuple fût au moins connu, et le monde, longtemps jeune, l'a connu bien tard. Admirez cependant comment toutes les grandes vérités de la raison se retrouvent partout, jusque dans l'instinct le plus grossier; par exemple, dans celui de Pierrot. On ne le croirait pas, à moins de le voir, et c'est par là que je finirai. Pierrot donc est envoyé du village de Bezons pour soutenir les priviléges de la foire devant Arlequin, juge du canton. Le bailli de Bezons veut lui ôter la parole: Monsieur Pierrot

La pièce est de Regnard et de Duresny.

(on disait alors Monsieur, même à Pierrot), c'est à moi à parler; je suis le bailli, et vous n'êtes que l'envoyé du village.

ARLEQUIN.

M. le bailli a raison : cedant arma togæ.

PIERROT.

Tatigué! il n'y a raison qui tienne : sans village n'y a point de bailli; c'est le village qui fait le bailli, et le bailli ne fait pas le village; c'est à moi à avoir la préférence.

A cet argument irrésistible, digne de Pierrot et de tous nos philosophes, et qui contient la substance d'un millier de volumes écrits depuis cinquante ans, Arlequin reste quelque temps embarrassé en

tre l'aristocratie du bailli de Bezons et la raison du genre humain. Enfin il s'en tire comme Arlequin :

« Parlez tous deux à la fois. >>

J'ai ouï dire (car il faut être vrai, je n'ai pas vu) que dans de grandes assemblées, dont on a vanté mille fois la dignité, et même la majesté, c'était un grand hasard quand on ne parlait que dix ou douze à la fois, et que jamais la dignité et la majesté n'éclataient plus que quand les tribunes faisaient encore plus de bruit que tous les orateurs ensemble; et rien n'est plus concevable, puisque les tribunes valaient bien les orateurs, comme les orateurs valaient bien les tribunes : le tout était unum et idem ; c'està-dire la souveraineté, la dignité, la majesté du peuple. Je puis dire comme la Fontaine :

Par où saurais-je mieux finir?

Et pourtant ce n'est pas une fable que je conte.

J'ai terminé tout ce qui concerne l'art dramatique: les autres genres de poésies qui restent à traiter tiendront beaucoup moins de place. Je voudrais être plus court, et ce n'est pas faute de temps et de travail que je n'ai pu me resserrer davantage. Mais si notre siècle n'a pas toujours été heureusement fécond, il l'a été excessivement, et je ne dois rien omettre de ce qui le caractérise. Je serais aisément plus précis pour une vingtaine de lecteurs, mais quand on écrit pour tout le monde il faut sacrifier la prétention d'abréger à l'avantage d'instruire.

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lesse de l'auteur.

386

ibid.

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585

434

SECT. III. La Noue, Guymond de la Touche, Châ-
teaubrun, Lemierre.

SECT. IV. Saurin et de Belloy
CHAP. V. De la comédie dans le dix-huitième siècle.
SECTION PREMIÈRE. Examen de cette question, Si
l'art de la Comédie est plus difficile que ce-
lui de la Tragédie.

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SECT. II. Destouches.

SECT. III. Piron et Gresset.

SECT. IV. Boissy et le Sage.

.、 450
459
471

SECTION PREMIÈRE. Danchet et la Mothe....
SECT. II. Roy, Pellegrin, Bernard, la Bruère.. 573
SECT. III. De Voltaire dans le grand opéra, la
comédie héroïque, et l'opéra-comique .
SECT. IV. De l'opéra italien comparé au nôtre,
et des changements que la nouvelle musique
peut introduire à l'opéra français. . . . . 597
APPENDICE du chapitre précédent, ou observations
sur un ouvrage de M. Grétry, intitulé Mémoi-
res ou Essais sur la Musique.

CHAP. VII. De l'opéra-comique, et du vaudeville
dramatique qui l'a précédé .

SECTION PREMIÈRE. Le Sage, Piron, Vadé.

. ibid.

476

480

486

SECT. II. Favart...

SECT. III. Sedaine.

SECT. IV. Marmontel

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619

625

. ibid.

636

655

666

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FIN DE LA TABLE DU TOME SECOND.

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