Page images
PDF
EPUB

qui les a créés dans le principe, les a créés mâle et femelle ? (1).

Un ami de la vérité, dont les savans entretiens m'instruisent souvent et dont j'aurai à vous parler dans la suite, m'a fait observer dans votre treizième LECTURE, une assertion indiscrète. Venant d'un homme tel que vous, disait Pindare à son roi Hièron, une erreur même légère, est un mal important.

(

Vous avez dit : Le soleil ayant une plus forte ,, influence, et la lune une influence plus faible sur » l'Univers; comme il n'y a au monde que ces deux

corps.célestes aussi remarquables, toutes les nations qui ont des genres ont, je crois attribué au soleil le genre du mâle, et à la lune, et à la lune, le genre

[merged small][merged small][ocr errors]

Dans la langue gothique, allemande, danoise et suédoise, sun soleil, est du genre féminin.

Spelman, dans son glossaire, à l'article MONA, dit que la lune Mona, mon et man, qui de nos jours veut dire homme dans votre langue, était chez les Saxons, comme chez les Hébreux, du genre. masculin.

[ocr errors]

Apud saxones luna, mona. Mona autem germanis superioribus mon, alias man; a mon, aliàs man

(1) Annon legistis, quod qui eos in principio creavit, creavit dos marem et fæminam. S. Math. 19, 4.1

[ocr errors]

veterrimo

veterrimo ipsorum rege et Deo patrio, quem Tacitus meminit, et in luna celebrabant. · Ex hoc lunam masculino (ut Hæbrei) dicunt, genere, der monn : dominamque ejus et amasiam, e cujus aspectu aliàs languet, aliàs respicit, die sonn; quasi lunam, hanc solem. Hinc et idolum lunæ viri fingebant specie ; non ut Verstegan opinatur, fœminæ.

Le mot man joint à kind, espèce, veut dire HOMMEET· FEMME ; man-kind, le genre-humain.

Ce n'est point ici le lieu d'examiner si Mathieu avait raison de nous enseigner que l'homme, dans le principe, a été créé, tout à-la-fois, mâle et femelle; il nous suffit d'avoir démontré que la prétendue distinction naturelle du docteur Harris n'a point fixé le genre des mots.

La vérité, une fois trouvée, ne change point, quoiqu'en puisse penser le traducteur d'Harris (1); mais des erreurs, qui ne sont pas entièrement déracinées, se renouvellent et se perpétuent, et il faut les combattre sans cesse.

Diodore de Sicile a dit qu'HERMÈS, ou Mercure, forma, le premier, une langue exacte et réglée, des dialectes grossiers dont on se servait ; il inventa, etc.

[ocr errors]

(1) Il nous a fait à cette occasion un galimathias double digne de son texte, où Harris donne pour des vérités un tas d'erreurs renouvellées des grecs. Vid. la traduction d'Hermès, pag. 390.

Débats. Tome II.

L

Au lieu de cette épigraphe modeste, et qui, sous le point de vue où on la présente, offre autant d'erreurs que de mots, il faut y mettre cellé qui fat' destinée à tel ouvrage célébre, qu'il est inutile de

[merged small][ocr errors]

C'est un modèle de l'art subtil de sauver les "apparences, et de discourir profondément et savamment sur un sujet qui nous est entièrement ,, étranger.

Réponse du citoyen Sicard, instituteur des Sourds - Muets de naissance, professeur de Grammaire aux Ecoles Normales de France, au docteur H***.

Il est certain que tout ouvrage sur l'entendement humain sera toujours un traité sur le langage; comme tout ouvrage sur le langage devra être, nécessairement et réciproquement, un traité sur l'entendement humain ; et la raison en est simple et frappante pour tous les bons esprits.

C'est qu'on ne peut parler des idées et des opérations de l'ame, dont les idées peuvent et doivent être considérées comme les élémens essentiels sans parler, en même-tems, des signes de ces mêmes idées, et de la combinaison de ces signes qui servent à l'expression de ces diverses combinaisons d'idées. Et de même, comment pourra-t-on s'occuper des signes ou mois, des propositions, des phrases et des périodes, sans traiter de la nature des idées,

de la génération de la pensée, et de tous les jugemens que forme l'esprit sur un objet quelconque, considéré sous tous les rapports, sous lesquels cet objet peut être vu et considéré par l'esprit le plus propre à embrasser le plus grand nombre possible de rapports? Il n'est donc pas étonnant que l'ou. vrage de Locke, qui porte pour titre : Essai sur l'entendement humain, soit, à-la-fois, et un essai grammatical sur le langage, et un essai métaphysique sur les opérations de l'intelligence.

Toute grammaire philosophique sera mal faite, et le grammairien aura manqué son but, si on ne peut donner à cette grammaire, et le titre dont Locke a decorẻ son ouvrage, et le titre dont un grammairien plus modeste orne le sien.

La liaison que tous les bons esprits remarqueront entre les idées et leurs signes, entre l'entendement humain et la parole, entre la grammaire et la métaphysique est donc la chose la plus naturelle. Eh! comment pourrait on séparer l'image et la représentation de son modèle, la copie de l'original!

Chaque idée, considérée dans un état d'isolement qu'elle ne peut avoir que dans une tête qui ne peut s'élever à la hauteur de la pensée, qu'est-elle qu'un modèle, un original, un personnage dont le signe ou le mot est le portrait ou l'image? et comment parler de l'un, sans parler de l'autre ? Mais cette même idée, dans une tête où tout se féconde et se combine, ne reste pas, long-tems, idée pure, idée isolée, idée fugitive

idée solitaire. Un coup d'œil qui se change en regard, ne manque jamais de devenir comparatif et de convertir, en PENSÉE, par le rapprochement d'une idée générale, cette idée particulière ; et cette conversion produit le jugement, par un acte de la volonté que la comparaison de l'esprit a précédé. Et ce jugement, qu'on veut manifester, quel devrait être son signe?

C'est ici que le grammairien devrait inventer un signe pareil à cette opération si simple, toute combinée qu'elle paraît. C'est ici que le vœu de l'auteur anglais, à qui je réponds, devient un regret ; çar dans aucune langue, que je sache, pas même dans la langue hébraïque et dans la latine, on n'a un signe unique, pour l'expression d'un jugement ou d'une pensée quelconque, à moins qu'on ne croie pouvoir appeller ainsi les verbes adjectifs, dans lesquels se trouvent réunis et la qualité adjective active, et le verbe être, et dont l'énonciation dispense de l'expression du pronom qui en est le sujet.

Le plus grand effort qu'on ait pâ faire, jusqu'ici, en faveur de l'abbréviation des termes et de la construction, est donc d'avoir supprimé le sujet de la proposition, d'avoir réuni le verbe affirmatif avec la qualité affirmée; encore cet effort est-il perdu pour la phrase, et se borne-t-il à la simple proposition. Car comment, dans la phrase,supprimer le sujet? On peut bien, sans inconvénient, sous-entendre le nom, le remplacer par le pronom, et même sous entendre celui-ci, quand déjà le sujet véritable est

« PreviousContinue »