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donné morido* pour participe du verbe morir, mais muerto; et après avoir dit que seguir suit les irrégularités de pedir, il auroit ajouté que le premier perd l'u devant o et devant a car si de ped-ir nous formons le présent de l'indicatif pid-o, et celui du subjonctif pid-a, de seguir nous formons sig-o, sig-a, et non pas sigu-o, sigu-a.

Deux autres fautes bien grossières qui sont échappées à M. Fernandez, et qu'il ne peut imputer qu'à lui seul, (on ne les verra pas dans la grammaire de l'académie), c'est 10. de donner un pluriel à uno, una, UN, comme premier des nombres cardinaux, dont il commence la table de cette manière; uno, una, unos, unas, ONE, c'està-dire un. Nous ne nous serions jamais imaginés que unos, unas pût se traduire par un, ONE, et que ce nombre, de l'essence duquel il est de n'exprimer que l'idée d'un seul et unique objet, pût s'appliquer à une pluralité. M. Fernandez oublia sans doute, en commettant cette erreur, la différence qui existe entre un nombre cardinal et un pronom indéfini.—2o. Il donne un impératif au verbe poder, pouvoir. C'est sans contredit lapsus calami ; car nous ne saurions croire qu'au

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cun homme puisse prétendre commander le pou

voir.

M. Fernandez doit voir maintenant que nous avons eu plus d'une forte raison pour ne pas songer à traduire sa grammaire; que sous tous les rapports elle est trop imparfaite; et qu'avant de s'arrêter à critiquer d'une manière basse, indécente, calomnieuse même*, notre première édi

conserver.

* Nous regrettons d'être contraints de donner cette note: nous sentons qu'elle ne peut faire naître qu'une idée bien défavorable de M. Fernandez; mais nous sentons aussi, et nous sentons bien vivement que notre réputation doit nous être tout au moins aussi chère que la sienne ;, que nous devons conséquemment prendre tous les moyens nécessaires pour la Victimes d'une révolution qui ne s'est fait que trop généralement sentir, pour qu'elle ne soit pas générale, ment connue, nous n'existons dans ce pays que par le peu de talens que nous avons reçus de la nature, et que nous nous sommes fait un devoir de cultiver; par la bonne opinion que le public a conçue de nous et que nous sommes jaloux de conserver; par la confiance dont il daigne nous honorer et dont nous nous efforçons de nous rendre dignes. Mais si notre réputation est malicieusement attaquée, si nous ne revendiquons ses droits, que deviennent les fondemens sur lesquels nous avons bâti, que devient l'édifice lui-même ?-Il s'écroule ; et ce que nous avions de plus cher au monde est perdu sans ressource. Pourrions-nous consentir à un pareil sacrifice pour ménager la réputation d'un homme qui y a librement et volontairement renonce? -Non: s'il souffre, sibi imputet. Et

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tion, que nous avons toujours été bien éloignés de

nous le prions de ne voir ici ni le langage de la jalousie, que nous méprisons, que nous détestons, et qu'il ne sauroit inspirer; ni celui de la vengeance, que jamais nous ne connûmes; mais celui d'un homme honnête, délicat, sensible et jaloux de la justice qu'il se doit à lui-même,

Nous dirons donc que M. Fernandez, au préjudice des lois les plus imposantes, les plus sacrées de la vérité, a publié que nous l'avions prié de traduire et qu'il avoit traduit en espagnol la dédicace qui se trouve en tête de notre première édition.— Quelle fausseté! quelle noirceur ! Nous protestons sur notre honneur, et fussions-nous à notre dernière heure, nous le pro. testerions encore, que nous commençâmes par écrire cette dédicace en espagnol, que nous la traduisîmes ensuite en françois, et qu'au moment où nous en transcrivions les dernières lignes pour l'envoyer à l'imprimeur, M. Fernandez, qui n'avoit aucune connoissance de notre ouvrage, entra chez nous: nous lui en parlâmes, lui annonçant qu'il étoit imprimé, à l'exception du titre et de la dédicace; qu'il alloit paroître ; et en hommes sans prétentions; en hommes qui savent que quatre yeux y voyent mieux que deux; en hommes qui savent qu'ils sont hommes, et conséquemment faillibles, nous lui offrîmes de lui donner lecture de la dédicace, nous la soumîmes à son jugement et le priâmes de nous en dire franchement son opinion. Il le fit et ne désapprouva que deux mots; encore n'en changeâmes nous qu'un, l'autre, qu'il vouloit supprimer, nous paroissant, non-seulement bon, mais nécessaire.-Telle est la stricte et très-stricte vérité. Nous possédons encore, et avons maintenant sous les yeux l'esquisse que nous fimes en espagnol de cette dédicace, avec les changemens que nous y introduisî mes et d'après lesquels nous la copiâmes pour l'impression. Cette

regarder comme sans défaut, il auroit dû s'assurer qu'au moins sa seconde étoit exempte de fautes

pièce seule suffit pour confondre M. Fernandez. Nous avons également la première traduction que nous en fimes en françois.

Il reste maintenant un problême à résoudre. Le voici: quelle peut avoir été l'intention de M. Fernandez en publiant une calomnie aussi noire, aussi atroce?-La solution en est facile. M. Fernandez est venu chez nous se plaindre des éloges que les critiques donnoieut à notre grammaire, de ce qu'ils lui accordoient la préférence sur la sienne, et nous notifier que si nous ne donnions, le mois suivant, un démenti à ces critiques, c'est-à-dire sans doute, si nous ne les faisions publier que notre ouvrage ne valoit rien et que celui de M. Fernandez étoit excellent, il attaqueroit de suite notre grammaire. Nous supposâmes que M. Fernandez avoit perdu la tête, et nous le lui donnâmes à entendre. Il nous dit ensuite qu'il n'avoit qu'un seul écolier qui demeuroit chez lui, et nous reprocha de les lui avoir tous enlevés; reproche bien irréfléchi et bien peu délicat ! Nous enseignions sans doute alors plusieurs personnes qui l'avoient quitté pour placer en nous leur confiance: mais incapables de nuire à qui que ce soit; incapables de consulter notre propre intérêt au préjudice de celui d'autrui, nous ne l'avions point sollicitée cette confiance; elle nous fut offerte ; nous nous en honorâmes et ne négligeâmes rien pour nous en montrer dignes. Ce fut ainsi que nous répondîmes à M. Fernandez. Mais ces raisonnemens, quelque satisfaisans, quelque triomphans qu'ils soient, ne sauroient persuader un homme que la basse jalousie tyrannise. Il chercha donc les moyens les plus propres à attaquer avec avantage notre réputation: il n'en put trouver que dans la ruse, l'imposture et la calomnie: il les trou

grossières mais c'est au contraire cette seconde édition soigneusement revue, corrigée et augmentée par lui (carefully revised and enlarged) qui renferme toutes ces erreurs. Nous ne saurions parler de la première édition, jamais nous ne

l'avons vue.

Nous aurions pu commencer par faire voir à M. Fernandez que, dans les sons qu'il donne aux lettres de l'alphabet, il s'en trouve au moins douze absolument faux, contraires à ceux fixés par l'académie de Madrid dans son traité d'orthographe

va bons en fit usage: en espéra du succès et compta pouvoir ainsi s'élever sur nos propres ruines. Il s'est trompé : le public a continué à nous honorer de sa confiance, et nous le supplions de recevoir l'hommage de notre reconnoissance et de nous pardonner cette longue digression que nous ne nous sommes permise qu'à regret. Nous nous serions fait un devoir de garder le silence du plus souverain mépris sur les attaques de M. Fernandez, quelles qu'elles eussent pu être, si elles n'avoient eu notre réputation pour objet direct. Elle seule a pu nous imposer l'obligation de le rompre.

Quant à M. Fernandez, nous l'engageons à lire et à bien méditer ces paroles de l'immortel SHAKESPEARE:

"Who steals my purse, steals trash, 'tis something, nothing, " "Twas mine, 'tis his, and has been slave to thousands : "But he that filches from me my good name,

"Robs me of that, which not enriches him, "And makes me poor indeed."

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