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MAL-FAIT.

MAL-FAIT MALHEURE (À LA)

91 Peux-tu me conseiller de commettre un forfait,
D'abandonner Lélie, et prendre ce mal-fait? – Sgan., sc. 2.

Et pourquoi votre père, au lieu de ce mal-fait,
N'a-t-il pas pris pour gendre un homme si parfait ?

TH. CORN., D. Bertr. de Cig., I, 2.

* Ce malfait, cet homme mal båti. Le mot avait autrefois un autre sens :

Incontinent après Guillaume de Paris, comme le langage commencea à se polir le moins du monde, au lieu de malvezin ou barbualdus, on uzoit d'un autre terme pour exprimer le diable, car ils disoient, en langage de ce temps-là, le malfais. Le P. GARASSE, Doctr. cur., 1624, p. 840.

MALGRÉ QU'ON EN AIT.

167 Ah! malgré que j'en aie. .

- Éc. des Fem., I, 1.

Il faut être de son sentiment, malgré qu'on en ait.

Crit. de l'Éc. des Fem., sc. 3.

Il croyoit qu'il seroit tous les jours de nopce, et cependant l'on le faisoit estre tempérant malgré qu'il en eût.

SOREL, Berg. extrav., 1627, p. 407; – Cf. Id., ibid., p. 416-417, el Francion,
I, p. 159.

Les différentes décorations font reconnoître cette duplicité de lieu, malgré qu'on en ait. - CORN., I, p. 120: Disc. des Trois Unités.

Cette nouvelle réjouit le Comte estranger, malgré qu'il en eust.

re

SEGRAIS, Nouv. franç., 1656; 1" Nouv., p. 79.

Tout cela vous fera venir (ici), malgré que vous en ayez. – LA ROCHEF., III, p. 173.
Malgré qu'il en eust, il sentoit qu'il l'aimoit éperdûment.

Mile DE SCUDÉRY, Mathilde, 1667, p. 458.

Le monde, malgré qu'ils en eussent, vouloit parler naturellement.

BOSSUET, Hist. univ., in-4°, 1681, p. 393; - Cf. ID., ibid., P. 407;
- Confér. avec M. Claude, in-12, 1682,
p. 68.

On le replongeoit (Melanchton), malgré qu'il en eust, dans leurs intrigues.
ID., Hist. des Var., 2 in-4°, 1688; I, p. 284; – Cf. Id., ibid.; II, p. 376,
550, 593; Déf. de l'Hist. des Var., in-12, 1691, p. 166; Avert.
aux Protest., in-4°, 1689-1691; II, S 9, p. 117; VI3, S 95, p. 758.

MALHEURE (À LA), À LA MALE-HEURE, À LA MAL-HEURE.

831 Et bien à la male-heure est-il venu d'Espagne,
Ce courrier que la foudre ou la grêle accompagne?

L'Et., II, 10.

1 Allez à la malheure, allez, àmes tragiques. - MALH., 1, p. 219.

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Vous êtes bien à la rue;... allez-vous-en à la mal'heure, et ne frappez pas encore une fois à cette porte.

D'OUVILLE, Contes, 1644, édit. Jouaust; II, p. 230; - Cf. ID., ibid., II, P. 11.
Monsieur, à la malheure

Marchez tout doucement.

Nous venons visiter cette étrange demeure.

TH. CORN., Engagem. du Hazard, IV, 2.

Pirame arrive à la mal-heure,

Après une longue demeure. - RICHER, Ovide bouffon, 1662, p. 400.

L'orthographe de cette expression n'a jamais été bien fixée : des ouvrages imprimés à la même date la donnent sous les trois formes que nous avons indiquées. L'Académie, dans sa première édition (1694), rapproche à la bonne heure de à la male heure, qu'elle traduit par heureusement, malheureusement, sans tenir compte de l'emploi qui en a été fait dans les exemples que nous avons donnés.

MALIGNITÉ.

Ces humeurs... ont acquis cette malignité qui fume vers la région du cerveau. Am. méd., II, 5.

Et parce que lesdites vapeurs ont certaine malignité...

904 Est-ce qu'une vapeur, par sa malignité,

Amphitryon, a dans votre âme

Méd. malgré lui, II, 4.

Du retour d'hier au soir brouillé la vérité? - Amph., II, 2.

Une cuisse et les jambes enflées : quelle malignité d'humeurs! – Sév., V, p. 324.

* Bossuet emploie assez souvent ce mot avec le sens de méchanceté, mauvaise nature, caractère nuisible.

La paroissoit... la tyrannie des passions, et la prodigieuse malignité du cœur humain, toujours porté à faire le mal. BOSSUET, Hist. univ., in-4°, 1681, p. 8.

Voilà dans un Anglois (Wiclef) le premier modele... de la deprédation de nos Eglises. On dira que nous combatons pour nos biens; non; nous découvrons la malignité des esprits outrez,... capables de tous les excez.

ID., Hist. des Var., 2 in-4°, 1688; II, p. 281; - Cf. ID., ibid.; II, p. 53, 664;
Déf. de l'Hist. des Var., in-12, 1691, S 37, p. 127-128.

MALIN (LE), le diable.

719 Gardez-vous d'imiter ces coquettes vilaines...

Et de vous laisser prendre aux assauts du Malin,

C'est-à-dire d'ouïr aucun jeune blondin. - Éc. des Fem., III, 2.

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MALITORNE

MANDER

10 Abus, abus! Je tiens que le Malin

N'a revenu plus clair et plus certain. – LA FONT., IV, p. 406 : Contes, II, 16. Le Saint (S. Bernard)... instruit des profondeurs de Satan... répondit que...... le Malin pouvoit avoir puissance non seulement sur les corps des hommes, mais encore sur leurs cœurs. BOSSUET, Hist. des Var., 2 in-4°, 1688; II, p. 272-273.

MALITORNE.

Nous avons le fils du gentilhomme de notre village, qui est le plus grand malitorne et le plus sot dadais que j'aie jamais vu.

Bourg. gent., III, 12.

* Malitorne a-t-il été introduit dans la langue par Malicorne, «escuyer tranchant de Gargantua, envoyé expressément de par luy entendre l'estat et portement de son filz le bon Pantagruel? (RAB. Pantagruel, IV, 11) ou par Maritorne, la servante de D. Quichotte? ou par le maletornatus d'Horace cité par Furetière? Il ne peut être question de la Maritorne de Cervantès, parce que le D. Quichotte ne parut qu'en 1617 et que, dans la Comédie des Proverbes, composée, dit-on, dès 1616, par le comte de Cramail, on lit: ALIZON: Hé hé! malitorne! que cela est maussade! - III, 7.

Aucun dictionnaire, même le Diction. des Rimes, n'a donné le mot avant celui d'Ant. Oudin en 1642. Richelet (1680) l'a omis; mais il a été recueilli par Furetière (1690).

MALPROPRE, sans élégance.

721 La malpropre sur soi, de peu d'attraits chargée,

Est mise sous le nom de beauté négligée. – Misanth., II, 4.

* Voir Propre, propreté, et ci-dessus, p. 18, Mal, adv. de négation.

MALVERSATION, inconduite.

Jusques ici, vous avez... ébloui vos parents, et plâtré vos malversations. G. Dand., III, 6.

M'AMOUR, MAMOUR.

C'en est assez, mamour, laissons cela. G. Dand., I, 4.

Avec bien du plaisir, mamour, je viens t'apprendre

Qu'il nous arrive un fou fort plaisant. C'est Léandre.

POISSON, Foux divert., II, 2.

Ah! fi, m'amour, ne parlons point d'impôts. - REGNARD, Descente d'Arleq., sc. 8. * Voir ci-dessous,

p.

829

Mie.

MANDER, 1° appeler.

Cette fille est mandée de Tarente ici

pour cela.

Fourb. de Scap., I, 1.

MANGEAILLE

... Monsieur, voilà Monsieur le Médecin

Que vous avez mandé... MONTFLEURY, Dame médecin, II, 5.

Le duc de La Rochefoucauld manda... ses amis. - LA ROCHEF., II, p. 184.

2o MANDER, MANDER PAR LETTRE, écrire.

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De votre oncle. - A

Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle? qui mon père les a mandées par une lettre? Par une lettre. Fourb. de Scap., I, 1.

Le mariage se fera dans quatre jours... maître de musique. – Mal. imag., II, 4.

Mandez-le un peu à son

Le Roy... luy manda que dès le lendemain au matin il l'allast trouver.
Mile DE SCUDÉRY, Mathilde, 1667, p. 421.

Je vous ai déjà mandé mon adresse. - RAC., VI, p. 409: Lettres.

Son Altesse a mandé qu'il venoit. – La Rocher.,

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III, P.

81.

Ce Don Pascal. Eh! bien? - Est vivant. Il a tort.
N'avoit-il pas mandé, Monsieur, qu'il étoit mort?

MANGEAILLE.

MONTFLEURY, Coméd. poète, II, 1; – Cf. Id., Trigaudin, III, 6; - Crisp. gentilh., I, 4.

Monsieur a-t-il invité des gens pour les assassiner à force de mangeaille? L'Av., III, 1.

Ceux-là ne le sont pas moins (traîtres), lesquels... se font moynes, ayant seulement pour but la mangeaille et le vestement.

CHAPELAIN, Trad. de Guzm. d'Alfar., 1630; III, p. 382;
- Cf. ID., ibid.; II, p. 68.

Tous les discours tabariniques ne buttent qu'à la taverne et à la mangeaille.
TABARIN, OEuvr., bibl. elzév., I, p. 14 (Préface).

O cher amy Potel, je suis pour la mangeaille :
Il n'est rien tel qu'être glouton.

SCARRON, OEuvr., Paris, David, 1700; I, p. 72.

Pour moy, laissant leur mangeaille,

Je dis et redis fy d'eux!

SAINT-AMANT, OEuvr., bibl. elzév., II, p. 468.

Les perdrix rouges et les cailles,

Et mille autres vols succulents

Nous firent horreur des mangeailles

Dont Carbon et tant de canailles

Nous affrontent depuis vingt ans. - CHAPELLE et BACHAUMONT, Voyage.
C'est le moyen de faire mourir notre abbé que de le tenter de mangeaille.
Sév., édit. 1726; III, p. 144.

* Le poète Saint-Amant a fait une pièce de vers intitulée La Crevaille. Tous ces mots terminés en aille ne s'emploient que par dépit ou par dédain. En voici deux exemples:

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Ces maraudailles de Paris disent que Marfore demande à Pasquin pourquoi...
Sév., V, p. 36.

Je vous avois bien dit que vous retrouveriez Angélique. J'ay promis vingt pistoles à qui me la feroit retrouver; j'en donnerois présentement cinquante à qui me la feroit perdre.

Payez-moy toujours la retrouvaille, et après nous ferons marché pour la reperdaille. REGNARD et DUFRÉNY, La Foire Saint-Germain, III, 4; Th. ital., édit. 1701, t. VÍ, p. 243.

MANIE, folie.

Bon, dire des injures. Voilà un diagnostique qui nous manquoit pour la confirmation de son mal, et ceci pourroit bien tourner en manie. Pourc., I, 8.

Je puis dire n'y avoir jamais eu passion plus approchante à la manie que celle qui m'occupoit l'entendement en ce temps-là.

D'URFÉ, L'Astrée, 1614; II, p. 751; Cf. ID., ibid.; II, p. 399.

Icy, dans la palestre unie,

De bras, de jambes et d'efforts,
Les lutteurs font tous les efforts
Que peut suggerer la manie.

SAINT-AMANT, OEuvr., bibl. elzév., II, p. 399.

Ton latin, si pur et si doux,
Qui chocque son cerveau jaloux,
Le réduit jusqu'à la manie,

Et change en fureur son génie.

Le P. CARNEAU, La Stimmimachie, 1656, p. 76.

129 L'amour de vos ayeux passe en vous pour manie. – DESPR., Sat. V.

40 Faut-il d'un froid rimeur dépeindre la manie? - ID., Sat. VII. 1085 Ah! que me dites-vous? Quelle étrange manie

Vous peut faire envier le sort d'Iphigénie? - Rac., Iphig., IV, 1.

MANIÈRE, sorte, façon.

35 Il peste contre vous de la belle manière. – L'Ét., I, 2. On s'y fait (à la Cour) une manière d'esprit qui, sans comparaison, juge plus finement des choses que tout le savoir embrouillé des pédants. Crit. de l'Éc. des Fem., sc. 6.

Nous avons concerté ensemble une manière de stratagème qui pourra peut-être nous réussir. Am. méd., III, 3.

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Faisant une manière de tremblement. - Bourg. gent., II, 4.

Vous n'allez entendre chanter que de la prose cadencée, ou des manières de vers libres. Mal. imag., II, 5.

Toute cette manière de fables est du gibier des poetes. - MALH., II, p. 10.

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