Page images
PDF
EPUB

MAITRESSE

MAJOR

Qui de deux Roys fut la maistresse,
Descars, enfin, las! c'est tout dire...

17

LORET, Poés. burl., in-4°, 1647, p. 160: à Me Descars (d'Escars, sœur de M11 d'Hautefort, maréchale de Schomberg).

Voyant donc l'irresolution de sa maistresse (Honorine), et riant de la sienne propre,... il alloit voir Honorine qui déféroit beaucoup à ses conseils, et qui luy parloit fort franchement de ses amants. Un jour il luy conseilloit d'aimer Montalban, et le lendemain il luy conseilloit d'aimer Egeric.

SEGRAIS, Nouv. franç., 1656; 3° Nouv., p. 35.
Si l'on croit aimer sa maîtresse pour l'amour d'elle, on est bien trompé.
LA ROCHEF., I, p. 175.

La déclaration d'amour la plus noble qu'un Roy puisse faire, c'est d'offrir une couronne à sa maistresse et de mettre à ses pieds tous les lauriers dont la victoire l'a accablé.

Mile DE SCUDÉRY, Mathilde, 1667, p. 453–454; – Cf. Id., ibid., p. 161-162.

* Maitresse cut d'abord le sens de: celle qui commande, avant de signifier, comme au xvII° siècle, la femme aimée d'amour légitime, ou, comme au nôtre, la femme aiméc d'amour illégitime.

[ocr errors]
[ocr errors]

-Or-çà, vous voulez que je vous die de quels mots encore j'ay souvenance qu'on ait changé l'usage?... Il ne m'en reste que deux que je vous puisse fournir: qui sont correlatifs, serviteur et maistresse. Use lon de ces mots en quelque autre façon qu'on ne souloit avant que je partisse de France? Je ne sçay pas si des lors on en uset en la mesme sorte qu'aujourd'huy : mais pour le moins on peut bien dire qu'ils n'estoyent pas ordinaires comme ils sont. Car aujourd'huy maistresse est celle à qui on fait l'amour pour mariage, soit de faict, soit d'apparence; et serviteur est celuy qui le luy fait... Or dite-moy, monsieur Philausone, avez-vous trouvé que les Latins, ainsi qu'ils disoyent domina d'une à laquelle ils faisoyent l'amour : aussi usassent du mot de servus, parlans de soy, ou bien famulus?... Je sçay qu'ils usent de servitium reciproquement."

H. ESTIENNE, Lang. franç.-ital., édit. Liseux, II, passim, p. 103, 105, 107.

MAÎTRESSE, qui commande, qui domine.

327 Mais sa raison n'est pas maintenant la maîtresse. – L'Ét., I, 7.

Cette raison pourtant redevient la maîtresse.

MAJOR, terme de jeu de cartes.

CYRANO DE BERGERAC, Mort d'Agrippine, IV, 4.

317 Sur mes cinq cœurs portés la dame arrive encor,
Qui me fait justement une quinte major. – Fâch., II, 2.

Si je jette jamais ni carte ni jetton,

Faites dessus mon dos troter Martin-baston.
Appliquez sur ma joue une quinte majore,
Ou, si le trouvez bon, faites-moy pis encore.

LORET, Poés. burl., in-4°, 1647, p. 185.

⋆ La quinte major était une séquence ou série de cartes se suivant, au nombre de

III.

2

IMPRIMERIE RATIONALE.

cinq, dont la plus élevée ou major donnait son nom à la quinte. Ici la quinte était donc quinte major de dame, et les cartes qui suivaient étaient le valet, le dix, le neuf et le huit. Voir D. L. M. (DE LA MARTINIÈRE), La Maison académique, 1664, P. 6.

MAL, malheur.

591 Mais c'est un mal pour lui de s'être mis en tête
De vouloir prendre un fort qui se voit ma conquête.

Quand un mal vient, communément
Apres luy encore il ameine

Éc. des Mar., II, 6.

Nouveau mal et nouvelle peine.

J. GODARD, Les Desguisez, V, 1.

MAL VOULOIR MAL À...

729 Laissez je me veux mal d'une telle foiblesse. - D. Garc., II, 6. 1411 Je suis sotte et veux mal à ma simplicité

De conserver encor pour vous quelque bonté. - Misanth., IV, 3.

1487 Et tout ce que sur moi peut le raisonnement,

-

C'est de me vouloir mal d'un tel aveuglement. - Fem. sav., V, 1.

Que direz-vous, si... vous voulez mal au père de qui vous avez sauvé le fils?
MALH., II, p. 160.

Quand il seroit venu ici au lieu de moi, je ne lui en aurois pas voulu mal pour cela. – RAC., VI, p. 434 : Lettres.

MAL DE MORT: VOULOIR MAL DE MORT À...

619 Je me veux mal de mort d'être de votre race. Fem. sav., II, 7.

MAL: METTRE À MAL.

Femmes mises à mal, maris poussés à bout, tout le monde est content. D. Juan, V, 6.

Ce fut Juppin qui, faisant l'oye,

p.

154.

Mit cette bonne dame à mal. – SCARRON, Virg. trav., 1705; I,
C'est elle qui me vouloit mettre à mal. – REGNARD, Descente d'Arleq., sc. 5.

MAL, adv. de négation.

298 Monsieur, je suis mal propre à décider la chose.

Misanth., I, 2.

448 De vos façons d'agir, je suis mal satisfait. - Ibid., II, 1.

Monsieur votre père, le plus mal gracieux des hommes, m'a chassé dehors malgré moi. – L'Av., II, 1.

Je me sens mal propre à bien exécuter ce que vous souhaitez de moi.
Am. magnif., I, 2.

De tout ceci, franc et net,

Je suis mal satisfait. - Bourg. gent., Ballet, 1o entrée.

Vénus est mal agreable à ceux qui endurent grand faim.

G. BOUCHET, Serées, IV, p. 115.

Le séjour de ce mal plaisant lieu... je vous tiens des discours mal agréables...; l'une des deux choses du monde que je fais le plus mal volontiers.

MALH., passim.

La fortune est à peu près de l'humeur de ces Princesses mal sages : elle choisit le plus laid et le plus mal fait. – BALZAC, OEuvr., II, p. 138 (Aristippe).

[ocr errors][merged small][merged small]

1318 Et la vertu timide est mal propre à régner. - Id., Perth., IV, 3.

Mais l'effet répond mal souvent à l'apparence.

TH. CORN., Comtesse d'Orgueil, 1, 7.

[blocks in formation]

ID., Charme de la voix, IV, 8; – Cf. Id., Geôlier de soi-même, II, 5.

Tous ces friands attraits qui parent ton visage

Sont meubles de haut prix, mal propres au ménage.

ID., Galant doublé, V, 3; – Cf. Id., D. Bertr. de Cig., I, 2.

Je lui disois tout net

Que de son médecin je suis mal satisfait. - MONTFLEURY, Dame médecin, III, 2.

De grâce, résolvez promptement; ce lieu est mal propre à contester.

SUBLIGNY, Folle querelle, 1668; II, 3.

Mais le temps est mal propre à découvrir mon feu.

DEVISÉ, Veufve à la mode, 1668, sc. 15.

Différe, zcroyez-moi, de vous mettre en chemin...
Les chemins sont mal sûrs. -REGNARD, Fol. am., II, 3.

[ocr errors]

Maintenant, plus respectueux

* Les comédiens, dit M. Génin à propos de mal propre, par la crainte d'une équivoque ignoble, substituent : je suis peu propre (1846). de Molière, ils conservent scrupuleusement son texte.

Le latin malè avait parfois ce sens négatif. Rob. Estienne (Thesaurus) traduit malè morigerus, de Plaute, par mal obéissant; il cite aussi malè musicus, des lettres de Pline; mais dans la phrase qu'il cite, malè porte sur canere et non sur musicos: «Sicut olim theatra male musicos canere docuerant, ita nunc in spem adductos posse fieri ut eadem theatra benè canere musicos doceant." Dans son Diction. franç.-lat. (1549), Rob. Estienne donne mal gracieux, mal soigneux, où mal est purement négatif: invenustus, negligens. On trouve constamment, comme on l'a vu, cette sorte de négation dans Malherbe et dans Corneille.

Est-il nécessaire de faire remarquer que mal, négatif, a été joint à un grand nombre d'adjectifs avec lesquels il ne forme plus qu'un seul mot: malheureux, malhonnête, etc.? C'est ainsi, du reste, que Furetière écrit malpropre à pour peu propre à...

20

MAL D'OPINION

MALENCONTRE

«Mal-sage (employé par Balzac) ne se dit pas, si je ne me trompe, comme malhabile, mal-content, mal-honneste, mal-plaisant, ni mesme comme mal-agreable, qui s'est introduit depuis peu, et qui regne fort dans la conversation, à ce que m'a dit M. le Chevalier. BOUHOURS, Doutes sur la lang. franç., 1674, p. 32.

MAL D'OPINION.

* Voir Opinion: mal d'opinion.

MALADIE MALADIE DES MÉDECINS.

Est-il possible qu'il n'y ait pas moyen de vous guérir de la maladie des médecins? - Mal. imag., III, 4.

* Comme on dit : «Il a la maladie des médailles, des tulipes. »

C'est-à-dire : : une recherche exagérée.

MALAVISÉ.

ACAD. FRANC., Diction., 1694.

Je dis que le jeune homme est un pendard..., que l'Égyptienne est une malavisée, une impertinente, de dire des injures à un homme d'honneur. Fourb. de Scap., III, 3.

Vous êtes donc si malavisé de croire que les Dieux prennent la peine de nous signifier quand il doit mourir quelqu'un? – MALU., I, p. 478.

MALENCONTRE.

J'ai appris du seigneur Anaxarque que les œufs cassés et le poisson mort signifient malencontre. – Am. magnif., I, 2.

--

Je suis tombé sur le lard: malencontre ait celuy qui l'attacha.

CL. FAUCHET, Orig. de la lang, et poés., 1581, p. 178.

Où tu loges, jamais n'arrive malencontre.

RONSARD, édit. Blanchemain, V, p. 222 (Hymne de l'Or).

L'argent est un meuble friand..., dont il arrive souvent tout plein de mal encontre, specialement quand on ne le tient pas seurement.

CHAPELAIN, Trad. de Guzm. d'Alfar., 1630; III,

p. 195.

[blocks in formation]

MALENCONTREUX

MALEPESTE

Entre les mains il luy fut mis

Ce que la dame avoit promis.

LORET, Muze histor., 26 septembre 1654.

85 Dieu préserve son noble chef,

De tout malencontre ou méchef! - ID., ibid., 9 juin 1657.

225 Un nommé Loret, comme moy,

Officier du frère du Roy,

Étant tué par malencontre,

Ces jours passez dans un rencontre... - ID., ibid., 22 juillet 1663.

Vous diray-je la malencontre

De Daphnis, le pasteur d'Ida?

126

RICHER, Ovide bouffon, 1662, p. 427; – Cf. Id., ibid., p. 208, 268, 526, 573.

Mariez-vous; il faut vous mettre deux ensemble;

Sinon il vous viendra malencontre...

[ocr errors]

Ah! je tremble.

TH. CORN., D. Juan, III, 2 (scène ajoutée à Molière).

MALENCONTREUX, ordinairement appliqué à une chose; Molière l'applique à une personne.

1853 Va, cesse tes efforts pour un malencontreux

Qui ne sauroit souffrir que l'on le rende heureux. L'Ét., V, 6.

Et par où le commenceray-je
Ce malencontreux compliment?

SCARRON, Virg. trav., Paris, David, 1705; II,

54 Et pour surcroît de maux, un sort malencontreux

p. 310.

Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs. - DESPR., Sat. VI.

Non, l'hymen, quel qu'il soit, est un dur esclavage,...

Une terre fertile en bois malencontreux. - REGNARD, Coquette, II, 15.

MALEPESTE, juron.

618 Malepeste du sot que je suis aujourd'hui! L'Ét., II, 4.

Alors je dis «la male peste!
C'est icy vision céleste...»
Derechef, male-pesten, fis-je...
Que ce terme de male-peste
Aucunement ne vous moleste;
A grand'peine est-il un serment...
La male-peste, fis-je donc,

De plus belle je n'en vis onc...
La male-peste! quelle fille!"

SCARRON, OEuvr., Paris, David, 1700; I, p. 388-389.

Malepeste! voilà du beau récitatif! – REGNARD, Descente d'Arleq., sc. 10.

« PreviousContinue »