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DAN. (à part) Ah! coquine de servante!

LUB. Morguene! cette Claudine-là est tout à fait jolie, elle a gagné mon amitié, et il ne tiendra qu'à elle que nous ne soyons mariés ensemble.

DAN. Mais quelle réponse a faite la maîtresse à ce Monsieur le courtisan?

LUB. Elle m'a dit de lui dire . . . attendez, je ne sais si je me souviendrai bien de tout cela. qu'elle lui est tout à fait obligée de l'affection qu'il a pour elle, et qu'à cause de son mari, qui est fantasque, il garde d'en rien faire paraître, et qu'il faudra songer à chercher quelque invention pour se pouvoir entretenir tous deux.

DAN. (à part) Ah! pendarde de femme !

LUB. Testiguiéne! cela sera drôle; car le mari ne se doutera point de la manigance, voilà ce qui est de bon; et il aura un pied de nez avec sa jalousie : est-ce pas ?

DAN. Cela est vrai.

LUB. Adieu. Bouche cousue au moins. Gardez bien le secret, afin que le mari ne le sache pas.

DAN. Oui, oui.

LUB. Pour moi, je vais faire semblant de rien: je suis un fin matois, et l'on ne dirait pas que j'y touche.

SCENE III

GEORGE DAndin.

Hé bien! George Dandin, vous voyez de quel air votre femme vous traite. Voilà ce que c'est d'avoir voulu épouser une Demoiselle: l'on vous accommode de toutes pièces, sans que vous puissiez vous venger, et la gentilhommerie vous tient les bras liés. L'égalité de condition laisse du moins à l'honneur d'un mari liberté de ressentiment; et si c'était une paysanne, vous auriez maintenant

DAN. (aside) Ah! the jade.

LUB. By gum! this Clancine is a fiue polo que ins won my heart and it will not be my falt if we w marry.

DAN. But what answer did the mistress make to fu fine courtier ?

LUB. She told me to te him.mp

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extremely obliged to i'm for the affemain in tears towards her, that he must take sure the 14 it appear, because her husband

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DAN. (Bide AL: what a mut of a writ

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Len. Golly! it will be fun; the vet of n a fur fue husband will not know ang aw r jealousy will be made fue game ug mus : re

DAN. That is true.

LUB. Good-bye Mad you keep a en

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DAN. Yes, yes.

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toutes vos coudées franches à vous en faire la justice à bons coups de bâton. Mais vous avez voulu tâter de la noblesse, et il vous ennuyait d'être maître chez vous. Ah! j'enrage de tout mon cœur, et je me donnerais volontiers des soufflets. Quoi? écouter impudemment l'amour d'un Damoiseau, et y promettre en même temps de la correspondance! Morbleu ! je ne veux point laisser passer une occasion de la sorte. Il me faut de ce pas aller faire mes plaintes au père et à la mère, et les rendre témoins, à telle fin que de raison, des sujets de chagrin et de ressentiment que leur fille me donne. Mais les voici l'un et l'autre fort à propos.

SCENE IV

MONSIEUR ET MADAME DE SOTENVILLE,
GEORGE DANDIN

M. DE S. Qu'est-ce, mon gendre? Vous me paraissez tout troublé.

DAN. Aussi en ai-je du sujet, et.

MME. DE S. Mon Dieu! notre gendre, que vous avez de civilité de ne pas saluer les gens quand vous les approchez !

DAN. Ma foi! ma belle-mère, c'est que j'ai d'autres choses en tête, et .

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MME. DE S. Encore! Est-il possible, notre gendre, que vous sachiez si peu votre monde, et qu'il n'y ait pas moyen de vous instruire de la manière qu'il faut vivre parmi les personnes de qualité?

DAN. Comment?

MME. DE S. Ne vous déferez-vous jamais avec moi de

la familiarité de ce mot de 'ma belle-mère,' et ne sauriez-vous vous accoutumer à me dire 'Madame'? DAN. Parbleu! si vous m'appelez votre gendre, il me semble que je puis vous appeler ma belle-mère. MME. DE S. Il y a fort à dire, et les choses ne sont

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pas égales. Apprenez, s'il vous plaît, que ce n'est pas à vous à vous servir de ce mot-là avec une personne de ma condition; que tout notre gendre que vous soyez, il y a grande différence de vous à nous, et que vous devez vous connaître.

M. DE S. C'en est assez, mamour, laissons cela.

MME. DE S. Mon Dieu! Monsieur de Sotenville, vous avez des indulgences qui n'appartiennent qu'à vous, et vous ne savez pas vous faire rendre par les gens ce qui vous est dû.

M. DE S. Corbleu! pardonnez-moi, on ne peut point me faire de leçons là-dessus, et j'ai su montrer en ma vie, par vingt actions de vigueur, que je ne suis point homme à démordre jamais d'une partie de mes prétentions. Mais il suffit de lui avoir donné un petit avertissement. Sachons un peu,

mon gendre, ce que vous avez dans l'esprit. DAN. Puisqu'il faut donc parler catégoriquement, je vous dirai, Monsieur de Sotenville, que j'ai lieu

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de. M. DE S. Doucement, mon gendre. Apprenez qu'il n'est pas respectueux d'appeler les gens par leur nom, et qu'à ceux qui sont au-dessus de nous il faut dire Monsieur' tout court.

DAN. Hé bien! Monsieur tout court, et non plus Monsieur de Sotenville, j'ai à vous dire que ma femme me donne .

M. DE S. Tout beau! Apprenez aussi que vous ne devez pas dire 'ma femme,' quand vous parlez de notre fille.

DAN. J'enrage. Comment? ma femme n'est pas ma femme?

MME. DE S. Oui, notre gendre, elle est votre femme;

mais il ne vous est pas permis de l'appeler ainsi, et c'est tout ce que vous pourriez faire, si vous aviez épousé une de vos pareilles.

DAN. Ah! George Dandin, où t'es-tu fourré? Eh! de grâce, mettez, pour un moment, votre gentilhommerie à côté, et souffrez que je vous parle main

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