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PRÉFACE

Par ce nouvel ouvrage est close la série de nos monographies psychologiques appliquées à l'éducation intellectuelle. Après avoir constaté dans l'Imagination et ses variétés chez l'enfant la diversité que présentent les esprits suivant leur aptitude à enregistrer les impressions sensorielles, dans l'Abstraction et son rôle dans l'éducation intellectuelle le contraste qu'ils offrent quant à la dissociation et la réduction des images, il nous restait à examiner de quelle façon ils se comportent respectivement dans l'acte de rapprocher les idées et les jugements. C'est le sujet que nous traitons aujourd'hui.

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L'étude des premières manifestations de la QUEYRAT. · La Logique chez l'enfant.

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logique enfantine et de ses progrès, la recherche des causes qui peuvent parfois la faire dévier et qui, par leur action intime sur la pensée, engendrent les différences que les esprits manifestent sous le rapport de la rectitude et de la justesse, puis, comme corollaire, l'indication des moyens les plus propres à fortifier ou à redresser chez l'enfant la logique naturelle, tel est l'enchaînement des idées que l'on trouvera développées dans cette étude.

Destinée au même public que les précédentes, elle a été conçue dans le même esprit et rédigée d'après la même méthode.

ET SA CULTURE

INTRODUCTION

STANFORD

Les trois périodes de la vie intellectuelle de l'enfant : période
sensitive; période de la pensée spontanée ;
de la pensée réfléchie.

d'elles.

des races.

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période Caractères propres à chacune Analogie qu'elles présentent avec l'évolution

On s'accorde assez généralement depuis Rousseau à distinguer dans l'évolution mentale de l'enfant (1) un certain nombre de périodes, qui, en ce qui concerne particulièrement l'intelligence, peuvent se ramener à trois principales : l'âge de la toute première enfance, l'âge de la parole, l'âge de raison.

Dans la première, dans celle que l'on pourrait appeler l'époque affective ou sensitive, l'enfant, tout mouvement après une période initiale d'engourdissement et de torpeur, est sans cesse occupé, tant qu'il est éveillé, à exercer ses facultés perceptives,

(1) Nous prenons ce mot au sens large où il convient même à l'adolescent, conformément à la signification du latin puer, qui s'appliquait d'ordinaire jusqu'à l'âge de dix-sept ans.

ses sens, et il se familiarise ainsi peu à peu avec le milieu physique et social où il vit.

Au début de l'Émile, Rousseau a esquissé à grands traits le tableau de ces manifestations originelles de la vie psychique. Après avoir constaté que le nouveau-né, chez qui d'ailleurs est innée l'intelligence, c'est-à-dire l'aptitude à la perception et à la constitution des représentations, ne sait rien, ne connaît rien, n'a pas même tout d'abord le sentiment de sa propre existence; que ses mouvements, ses.cris sont purement automatiques, dépourvus de conscience et de volonté, il ajoute:

«Les premières sensations des enfants sont purement affectives; ils n'aperçoivent que le plaisir et la douleur. Ne pouvant ni marcher ni saisir, ils ont besoin de beaucoup de temps pour se former peu à peu les sensations représentatives qui leur montrent les objets hors d'eux-mêmes; mais en attendant que ces objets s'étendent, s'éloignent pour ainsi dire de leurs yeux, et prennent pour eux des dimensions et des figures, le retour des sensations affectives commence à les soumettre à l'empire de l'habitude; on voit leurs yeux se tourner sans cesse vers la lumière...

« L'enfant n'est attentif qu'à ce qui affecte actuellement ses sens... Il veut tout toucher, tout manier. C'est ainsi qu'il apprend à sentir la chaleur, le froid, la durelé, la mollesse, la pesanteur des corps; à juger de leur grandeur, de leur figure et de toutes leurs

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