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pas le grand triomphe, on accordait au général le petit triomphe, nommé Ovation; le triomphateur marchait à pied ou à cheval, son frout était couronné de myrte, il immolait une brebis.

Quant au grand triomphe, voici en quoi il consistait. Le triomphateur, revêtu d'une robe de pourpre, ayant une couronne de lauriers sur la tête, monté sur un char magnifique, attelé de quatre. chevaux blancs, était conduit en pompe au Capitole. On portait devant lui les dépouilles des ennemis; les tableaux et les statues des villes prises, devant le char marchaient les rois et les chefs ennemis vaincus et prisonniers. Le triomphateur se dirigeait vers le Capitole, alors on enfermait les prisonniers, et souvent même on en immolait quelques-uns. Les soldats couronnés de laurier poussaient des cris de joie.

Au milieu de la pompe triomphale, de peur que le triomphateur ne s'enorgueil

lit trop, on faisait monter sur son char un esclave chargé de le faire souvenir de la condition humaine sujette au caprice de la fortune. Derrière le char pendait un fouet et une sonnette. Le général après avoir parcouru la ville, jonchée de fleurs et remplie de parfums, arrivait au Capitole, où il sacrifiait deux jeunes taureaux blancs, et plaçait une couronne de laurier sur la tête de Jupiter. Telle était la cérémonie du triomphe. Les plus beaux triomphes dont les historiens aient fait mention furent ceux de César après la prise d'Utique, et d'Auguste après la victoire d'Actium. Au triomphe de ce dernier, on remarqua quarante éléphans et dix-huit cent vingt-deux couronnes d'or.

Les Romains furent les seuls qui connurent la pompe du triomphe. Les autres peuples semblent l'avoir ignorée, ou s'ils l'ont connue, ils y déployérent une extrême simplicité. Les uns accom

pagnaient leurs chefs en faisant retentir les airs de chants guerriers; d'autres le levaient sur un bouclier en frappant leurs armes. Il semble que les guerres des autres peuples soient faites dans l'obscurité en comparaison de cette gloire qui chez les Romains réjaillissait sur les gens de guerre. Chez un peuple belliqueux la politique prescrivait d'exalter le courage du peuple par les images morales; les cérémonies du triomphe étaient pour lui le présage de nouvelles victoires.

LETTRE LXIII.

DES SUPPLICES.

L'ORIGINE des supplices se perd dans l'obscurité des temps; dés que l'homme a senti le besoin de se former en société, il a dû nécessairement établir des lois qui assurassent l'existence de son bien-être et les droits de chacun. De là naquit la législation, c'est-à-dire l'assemblage des lois qui imposent à chacun des obligations dans l'intérêt de tous. L'expérience ayant appris que l'impunité engendre le crime, il fallut nécessairement établir des châtimens terribles pour réprimer les délits, et la peine de mort fut établie. Chaque peuple différa dans l'exécution d'un arrêt fondé sur un même principe. Chacun établit des sup

plices différens. Chez les Israélites les sentences de mort étaient exécutées par tout le peuple, ou par les accusateurs, ou par les parens. Le prince donnait souvent la charge d'aller mettre quelqu'un à mort, on en voit un grand nombre d'exemples dans l'Écriture; chacun se faisait un mérite d'avoir part à ces exécutions.

Chez les Grecs c'était un magistrat qui y présidait; chez les Romains c'étaient les licteurs, sorte d'officiers, qui étaient chargés de ce soin.

En Allemagne les juges exécutaient eux-mêmes les condamnés; plusieurs exemples tirés de l'histoire sacrée et profane l'attestent. Jadis en France, en Espagne, en Italie, lorsque plusieurs individus étaient condamnés au supplice pour un même crime, on donnait la vie à celui qui consentait à exécuter les autres.

En Allemagne le plus jeune des officiers municipaux était chargé de cette

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