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ne peut opérer. Le temps est l'ami le plus assuré pour ceux qui savent l'employer comme il faut, et un ennemi dangereux lorsqu'on le prend à rebours. La Fontaine dit dans la fable du lion et le rat:

Patience et longueur de temps

Font plus que force ni que rage.

Un rocher sur lequel roule une cascade ou un torrent, résiste au choc impétueux, une goutte d'eau qui tombe continuellement sur le même point, mine le roc le plus dur, au bout d'un certain temps. Voilà, ma chère Laure, l'image de la patience au travail; ayez toujours cette pensée présente, ce sera pour vous un garant de succès.

rait un asile serait proscrit en sa place. Il fixa la tête de chaque proscrit à deux talens (144 livres ). Les esclaves qui avaient assassiné leurs maîtres recevaient cette récompense de leur trahison.

L'exil est la relégation de quelqu'un dans un lieu d'où il ne peut sortir sans permission: cette sorte de peine était en usage chez les anciens peuples et surtout à Athènes. La loi qui condamnait à l'exil un citoyen se nommait ostracisme. Le ban de l'ostracisme n'était d'usage que dans les occasions où la liberté était en danger : s'il arrivait que la division fût semée dans la république par l'ambition et la jalousie des chefs, le peuple s'assemblait pour prévenir les suites d'une dissension qui pouvait lui devenir funeste. L'ostracisme était le remède ordinaire auquel on avait recours. Celui qui était condamné par six mille de ses concitoyens était obligé de sortir d'Athènes.

La déportation était dans Rome un bannissement perpétuel. Ceux qui y étaient condamnés étaient morts civilement, c'est-à-dire qu'ils perdaient les prérogatives attachées à l'état de citoyen.

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Les peuples modernes ont conservé ces sortes de peines. L'exil et la déportation furent et sont encore en vigueur chez quelques uns. Ces peines, ma chère Laure, sont fondées sur le besoin qu'éprouve la société d'exclure de son sein tout ce qui tend à la corrompre. En parcourant l'histoire vous frémirez quelquefois des abus qui se sont glissés dans l'application de ces lois, vous verrez de nombreuses victimes de ces mesures de rigueur. Le principe n'en est cependant pas moins juste : il en est des lois comme d'une arme défensive celui qui la porte peut quelquefois en faire un funeste usage.

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LETTRE LXII.

DES TRIOMPHES CHEZ LES ANCIENS.

Le triomphe était une cérémonie pompeuse et solennelle qu'on faisait chez les Romains à l'occasion d'une victoire. C'était un tribut d'honneur et de reconnaissance que le peuple payait au général vainqueur.

Romulus qui fonda Rome fut presque toujours en guerre avec ses voisins pour augmenter son peuple du nombre des prisonniers, et son territoire des campagnes dont il spoliait l'ennemi. Ses successeurs l'imitèrent. Ils revenaient dans la ville avec la dépouille des peuples vaincus. C'étaient des gerbes de blés et des troupeaux, objets qui étaient reçus au milieu des danses et des cris

de joie. Voilà l'origine des triomphes qui furent dans la suite la principale cause du degré de grandeur où parvint la ville de Rome.

Aucun général ne pouvait prétendre aux honneurs du triomphe qu'il n'eût reculé les limites de l'empire par ses conquêtes, ou qu'il n'eût tué cinq mille ennemis dans une bataille. Il fallait pour obtenir le triomphe, que la guerre fût légitime et étrangère; on ne triomphait jamais pour une guerre civile.

Le général qui avait battu les ennemis sur mer recevait les honneurs du triomphe naval. On élevait au vainqueur une colonne à laquelle étaient attachées des proues de navires.

Pour obtenir les honneurs du triomphe, il fallait être général en chef. Cette pompe n'eut lieu dans la suite que pour les empereurs.

Lorsque les avantages qu'on avait remportés sur l'ennemi ne méritaient

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