Page images
PDF
EPUB

:

pour la pre

que Pétrarque vit Laure mière fois à l'église de St.-Clair; il ne fit que l'entrevoir, et déjà il commença à ressentir les feux dont il brûla toute sa vie; mais l'ayant rencontrée le lendemain dans une prairie et à l'ombre d'un arbre sous lequel elle se reposait, il osa lui parler, et les grâces de l'esprit de cette charmante perachevèrent l'ouvrage que sa

sonne

beauté avait commencé.

Vous êtes curieuse, sans doute, d'entendre quelques-uns des vers qui ont acquis tant de gloire, et à celui qui les composa, et à celle qui en fut l'objet; je ne puis satisfaire entièrement vos désirs, Pétrarque écrivait en italien, et cette langue ne vous est pas familière; mais un de nos premiers poëtes, Voltaire, ayant traduit un passage de cet auteur, je vais vous mettre sous les yeux la version qu'il nous en a laissée :

ΤΟ

Claire fontaine, onde aimable, onde pure,
Où la beauté qui consume mon cœur
Seule beauté qui soit dans la nature,
Des feux du jour évitait la chaleur;
Arbre heureux dont le feuillage
Agité par les zéphirs

La couvrait de son ombrage,
Qui rappelle mes soupirs

En rappelant son image;

Ornemens de ces bords et filles du matin,

Vous dont je suis jaloux, vous moins aimables qu'elle, Fleurs qu'elle embellissait quand voustouchiez son sein; Rossignols dont la voix est moins douce et moins belle; Air devenu plus pur, adorable séjour,

Immortalisé par ses charmes,

Lieux dangereux et chers, où de ses tendres armes
L'amour a blessé tous mes sens :

Ecoutez mes derniers accens,

Recevez mes dernières larmes.

Laure mourut en 1348, son amant qui lui survécut pendant vingt-six ans, passa ce temps à pleurer son amour et

à éterniser ses regrets. Enfin, âgé de soixante et dix ans, il quitta la vie, et fut s'unir pour toujours à celle qu'il n'avait jamais cessé d'aimer:

LETTRE XXXVI.

SÉMIRAMIS.

HEUREUSEMENT pour la société, ma chère Laure, le crime ne reste jamais impuni, quel que soit le mystère dont s'enveloppe le coupable. Malgré les moyens qu'il emploie pour se soustraire à la justice, il finit toujours tôt ou tard par être découvert et par recevoir la punition due à ses forfaits; vous m'objecterez peut-être que cependant on voit souvent des criminels échapper au sort qui leur est réservé, et reparaître dans le monde comme s'ils ne se fussent jamais écartés du chemin de la vertu ; cela est malheureusement trop vrai mais, pourtant, il est rare que de tels hommes, après avoir commis un premier crime et échappé au châtiment qui leur était dû, ne soient pas enhardis

« PreviousContinue »