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Etaient présents:

M. PAILHÉ, Premier Président, *; M. DE GAFFORJ, Président de Chambre, *;

MM. SALICETI, STEFANINI, *, Q, FLACH, *,, SAVELLI,, DURAZZO, LEVIE-RAMOLINO,, GIULJ, Conseillers; M. SOURBES, Procureur Général, *; M. ANGELI, Avocat Général, *;

M. ARRIGHI, Substitut du Procureur Général ;

M. VALEANI, Greffier en Chef;

MM. PENSA et ORSATTONI, Greffiers d'audience.

Etait absent:

M. LUIGGI, Conseiller-Doyen,, malade à Bastia.

La Cour s'est d'abord rendue, selon l'usage, et escortée de ses huissiers, dans l'une des salles du Palais, qui avait été disposée pour servir de chapelle, et y a assisté, avec les Membres du Tribunal de Première Instance et du Tribunal de Commerce, à une messe du Saint-Esprit.

Après la messe, la Cour s'est réunie de nouveau dans la salle de ses délibérations.

A midi précis, la Cour, précédée de ses huissiers, s'est rendue dans la grande salle de ses audiences solennelles où étaient réunis les Autorités constituées et les Membres des divers corps et administrations publiques de la Ville, qui avaient été invités à cette solennité.

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Les Autorités occupaient les places et le rang qui leur sont assignés par le décret du 14 Messidor an XII, sur les préséances.

L'Ordre des Avocats et les deux Communautés des Avoués près la Cour et le Tribunal de Bastia étaient présents à la séance, revêtus de leurs costumes.

A l'arrivée de la Cour, tout l'auditoire s'est levé et ne s'est assis de nouveau que lorsque M. le Premier Président s'est assis lui-même.

La parole ayant été donnée au Ministère Public, M. ANGELI, Avocat Général, a prononcé un discours ayant pour titre La Justice et l'Opinion.

Ce discours est ainsi conçu:

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MONSIEUR LE PREMIER PRÉSIDENT,
MESSIEURS,

« Tout est dit, écrivait La Bruyère, au début de » son beau livre, et l'on vient trop tard, depuis » plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et » qui pensent. » Il serait assez difficile de démêler le sentiment auquel obéissait le grand moraliste, quand il affirmait ainsi l'impossibilité d'innover. Etait-ce, de sa part, excès de modestie, boutade d'humoriste qui veut captiver l'attention, ou simple précaution oratoire destinée à prévenir le reproche d'imitation? Je ne sais. Toujours est-il qu'il a prouvé, par la suite, comment le génie, aidé des merveilleuses ressources de l'art, se joue au milieu de tous les obstacles, parvient à découvrir, dans le cœur humain, des coins inexplorés, donne à des phénomènes déjà constatés un saisissant relief et à ses observations ce tour hardi, piquant et original qui en fait ressortir encore davantage la finesse et la profondeur.

Ce que La Bruyère pensait des ouvrages sur les mœurs ne s'appliquerait-il pas plus exactement aux discours qui, chaque année, inaugurent la reprise des travaux judiciaires? Un décret et une

tradition inexorables nous en imposent l'inéluctable et périlleux honneur. Mais quel embarras et quel souci que le choix d'un sujet convenable à une pareille solennité, alors surtout que le magistrat à qui il incombe aujourd'hui en est investi pour la huitième fois! « Tout est dit, pourrait-il » répéter, et le meilleur et le plus beau est enlevé; » l'on ne fait que glaner après les anciens et les » plus habiles entre les modernes. » Sans doute, glaner est chose possible, car la moisson est abondante. Mais comment éveiller l'intérêt sur des idées connues et souvent agitées, quand on ne possède pas ce rare et séduisant attrait du langage qui seul les fait pénétrer dans l'esprit? Cependant la loi commande; il faut lui obéir et sacrifier à la tradition.

Je me résigne donc et, sans autres préliminaires, je vous entretiendrai de vous-mêmes, c'est-à-dire de la magistrature, de son œuvre, des critiques qu'elle soulève et de son action bienfaisante sur le développement de la civilisation. Fut-il jamais matière plus digne de vos méditations?

La magistrature est une des forces vives de l'Etat; elle est la haute incarnation de la justice humaine. Instituée pour juger les conflits des intérêts privés et réprimer les troubles causés à l'ordre public, elle protège les droits individuels et affermit le lien social. Autour d'elle viennent se grouper, comme autour d'un palladium sacré, tous ceux pour qui la loi est la suprême espérance: les

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