Page images
PDF
EPUB

quelquefois; et que, puisque le désir de la gloire fait bien faire à ceux qu'il possède quelque chose, les autres le pourront bien aussi.

Ce sont des mouvements fiévreux que la santé ne peut imiter.

[ocr errors]
[ocr errors]

Épictète conclut de ce qu'il y a des chrétiens constants, que chacun le peut bien être.

VII. Ce que les stoïques proposent est si difficile 574 et si vain!

Les stoïques pensent (que) tous ceux qui ne sont point au haut degré de sagesse sont également fous et vicieux, comme ceux qui sont à deux doigts dans l'eau....

54 VIII. Les stoïques disent Rentrez au-dedans de 484 vous-mêmes; c'est là où vous trouverez votre repos : et cela n'est pas vrai.

Les autres disent Sortez au-dehors; recherchez le bonheur en vous divertissant : et cela n'est pas vrai. Les maladies viennent.

Le bonheur n'est ni hors de nous, ni dans nous; il est en Dieu et hors et dans nous.

IX. Les philosophes ont consacré les vices en les 263 mettant en Dieu même. Les chrétiens ont consacré les vertus.

X. * Fausseté des philosophes qui ne discutaient pas 489

294

l'immortalité de l'âme. Fausseté de leur dilemme dans

Montagne'.

Il est indubitable que que l'âme soit mortelle ou 73 immortelle, cela doit mettre une différence entière dans la morale; et cependant les philosophes ont conduit la morale indépendamment de cela.

[ocr errors]
[ocr errors]

Ils délibèrent de passer une heure....

- Platon pour disposer au christianisme.

Immatérialité de l'âme : — les philosophes qui ont 393 dompté leurs passions, quelle matière l'a pu faire?

148

[ocr errors]
[blocks in formation]

Nous sommes pleins de choses qui nous jettent 251 au-dehors.

Notre instinct nous fait sentir qu'il faut chercher notre bonheur hors de nous. Nos passions nous poussent au-dehors, quand même les objets ne s'offriraient pas pour les exciter. Les objets du dehors nous tentent d'eux-mêmes et nous appellent, quand même nous n'y pensons pas. Et ainsi les philosophes ont beau dire Rentrez-vous en vous-mêmes, vous y trou

:

Voici le passage auquel Pascal fait allusion: « Ils ont ce dilemme tousjours en la bouche, pour consoler notre mortelle condition: ou l'âme est mortelle, ou immortelle; si mortelle, elle sera sans peine ; si immortelle, elle ira en amendant. Ils ne touchent jamais l'autre branche: quoy, si elle va en empirant? Et laissent aux poètes les menaces des peines futures. Mais par là ils se donnent un beau jeu...... » Essais, liv. II, chap. XII.

[merged small][ocr errors]

verez votre bien. On ne les croit pas; et ceux qui les croient sont les plus vides et les plus sots.

[blocks in formation]

La belle chose de crier à un homme qui ne se connaît pas, qu'il aille de lui-même à Dieu! Et la belle chose de le dire à un homme qui se connaît !

[blocks in formation]

416

Ils croient que Dieu est seul digne d'être aimé et 191 admiré, et ont désiré d'être aimés et admirés des hommes; et ils ne connaissent pas leur corruption. S'ils se sentent pleins de sentiments pour l'aimer et l'adorer, et qu'ils y trouvent leur joie principale, qu'ils s'estiment bons; à la bonne heure. Mais s'ils s'y trouvent répugnants, s'ils n'ont aucune pente qu'à se vouloir établir dans l'estime des hommes, et que pour toute perfection ils fassent seulement que, sans forcer les hommes, ils leur fassent trouver leur bonheur à les aimer, je dirai que cette perfection est horrible. Quoi! ils ont connu Dieu, et n'ont pas désiré uniquement que les hommes l'aimassent; mais 2 que les hommes s'arrêtassent à eux; ils ont voulu être l'objet du bonheur volontaire des hommes!

XIV. Recherche du vrai bien.

Le commun des hommes met le bien dans la for

Dans le MS. : s'il n'a.

"Le mot mais manque dans le MS.

47

84

107

tune et dans les biens du dehors, ou au moins dans le divertissement. Les philosophes ont montré la vanité de tout cela et l'ont mis où ils ont pu.

* Le souverain bien. Dispute du souverain bien.

[ocr errors]

Ut sis contentus temetipso et ex te nascentibus bonis. Il y a contradiction, car ils conseillent enfin de se tuer. O quelle vie heureuse dont on se délivre comme de la peste !!

XV. Il est bon d'être lassé et fatigué par l'inutile 63 recherche du vrai bien, afin de tendre les bras au libérateur.

Je ne souffrirai point qu'il repose en lui, ni en l'autre, afin qu'étant sans assiette et sans repos... 2.

XVI. Pyrrhonisme.

444

J'écrirai ici mes pensées sans ordre, et non pas 137 peut-être dans une confusion sans dessein: c'est le véritable ordre, et qui marquera toujours mon objet par le désordre même.

[ocr errors]

Je ferais trop d'honneur à mon sujet, si je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu'il en est incapable.

XVII. On ne s'imagine Platon et Aristote qu'avec de

Dans la copie seulement. Voy. dans Montaigne, liv. II, ch. 11, le développement de cette pensée.

' Cette phrase n'est pas terminée. Elle est immédiatement suivie dans le MS. de cette ligne dont il nous est impossible de saisir le sens « Les enfants étonnés voient leurs camarades respectés. >>

grandes robes de pédants. C'étaient des geus honnêtes et comme les autres, riant avec leurs amis. Et quand ils se sont divertis à faire leurs lois et leur politique, ils l'ont fait en se jouant. C'était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie. La plus philosophe était de vivre simplement et tranquille

ment.

S'ils ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous. Et s'ils ont fait semblant d'en parler comme d'une grande chose, c'est qu'ils savaient que les fous à qui ils parlaient pensaient être rois et empereurs. Ils entraient dans leurs principes pour modérer leur folie au moins mal qu'il se pouvait'.

409

XVIII. *

Pyrrhonisme.

Chaque chose est ici vraie en partie, fausse en par-545 tie. La vérité essentielle n'est pas ainsi : elle est toute pure et toute vraie. Ce mélange la déshonore et l'anéantit. Rien n'est purement vrai, et ainsi rien n'est vrai en l'entendant du pur vrai. On dira qu'il est vrai que l'homicide est mauvais : oui, car nous connaissons bien le mal et le faux. Mais que dira-t-on qui soit bon? La chasteté? Je dis que non, car le monde finirait. Le mariage? Non la continence vaut mieux. De ne point tuer? Non, car les désordres seraient horribles, et les méchants tueraient tous les bons. De tuer? Non, car cela détruit la nature. Nous n'avons ni

'Le fond de cette pensée est pris dans Montaigne.

« PreviousContinue »